À Besançon, cité des arts et de la culture, "la lecture publique est enracinée comme un bien commun", a annoncé en préambule de cette exposition à la presse la maire Anne Vignot. "Nous sommes d’autant plus fiers d’être ici rassemblés dans ce haut lieu de la conservation et de la transmission de la connaissance et des savoirs, y compris de trésors cachés, que l’on offre à la connaissance de tous, dès leur découverte".
Sur les 116 lettres découvertes, c’est une sélection de 36 lettres, sélectionnées par l’équipe du musée, qui sera présentée dès le 21 mars aux visiteurs. Pour le bibliothécaire Pierre Emmanuel Guilleray, le choix des lettres n’a pas été facile mais au final, l’exposition permet tout de même de "raconter l’histoire de manière claire" entre les deux amants. Avec cette exposition, l’objectif est "que quand les gens sortent de l’expo, ils aient une idée assez claire du contenu de cette correspondance". Tel un feuilleton, elle est ainsi découpée en six épisodes comprenant chacun six lettres et relate six mois de correspondance entre Gustave Courbet et Mathilde Carly de Svazzema.

En ce qui concerne les passages très chauds, le choix revient aux visiteurs de les lire ou non. Ceux-ci ont été masqués à l’aide d’un filtre qui ne disparaît que lors du passage d’une loupe rouge. "Au début on voulait mettre des rideaux comme ça se faisait souvent dans les expositions" nous a expliqué Pierre Emmanuel Guilleray, mais le choix des petites loupes s’est révélé beaucoup plus adapté car "il permet de ne masquer que les passages qui "posent problème" et pas le reste".Â
"La préservation de cette correspondance scandaleuse est absolument unique"
Pour le directeur de la bibliothèque et des archives municipales, Henry Ferreira-Lopes, il est surprenant que ces lettres "n’aient pas été brulées" comme "cela se faisait beaucoup à l’époque pour éliminer ce qui, à l’époque pouvait être perçu comme scandaleux ou pouvant atteindre à la réputation, la mémoire de l’artiste". On sait par exemple que "la nièce de Flaubert a brulé des lettres véritablement scandaleuses de l’auteur". Alors pour le directeur, "la préservation de cette correspondance scandaleuse est absolument unique. Je n’ai pas trouvé de quelque chose de similaire".
Selon l’histoire, les lettres auraient été confiées au début du 20e siècle par les héritiers du Docteur Blondon, l’exécuteur testamentaire de Courbet. Le conservateur de l’époque "a eu la sagesse de ne pas les brûler lui-même et de les conserver" relate monsieur Henry Ferreira-Lopes. Ne pouvant encore être publiées, elles deviendront un secret enfoui dans le meuble du bureau du conservateur, qui terminera finalement dans le grenier de la bibliothèque. C’est lorsqu’elle entreprend de faire un peu de tri avant le déménagement en direction de la future Grande bibliothèque que l’équipe actuelle de la bibliothèque redécouvre les lettres.Â
Des passages évoquant l'Origine du monde
Des lettres qui, comme le révèle l’exposition, nous en disent beaucoup sur les relations hommes-femmes de l’époque, et dans lesquelles le peintre mélange l’art et la vie. Ou comme le dit l'adjointe en charge de la culture, Aline Chassagne et Juliette Sorlin, la conseillère municipale délégué aux bibliothèques, dans lesquelles il "laisse court à ses fantasmes sexuels les plus débridés". Mais on y décèle également sa sensibilité d’artiste et décrit certains passages à la manière d’un peintre "comme on le connaît" et dont certains passages font penser à son tableau le plus connu… l’origine du monde.Â

Courbet, Les lettres cachées : l’histoire d’un trésor retrouvé
- Du 21 mars au 21 septembre 2025
- Du lundi au samedi de 14h à 18h
- Bibliothèque d’étude et d’archives, 1 rue de la Bibliothèque - 25000 Besançon