On a visité pour vous l’exposition de Nathalie Talec et Estefania Penafiel Loaiza au Frac

Deux artistes, Nathalie Talec et Estefanía Peñafiel Loaiza, ont installé leurs oeuvres au Frac Franche-Comté. Deux expositions basées sur le temps, la mémoire, et le souvenir. À voir à la cité des arts de Besançon jusqu’au dimanche 18 Septembre 2016. 


© Vic Kirilove

A rebours présente le travail de l’artiste d’origine équatorienne Estefanía Peñafiel Loaiza dont l’œuvre se construit autour des notions de mémoire et d’oubli, d’apparition et de disparition.

Dans la première partie de l'exposition, Estefanía Peñafiel Loaiza a installé des anciens journaux, dont elle a gommé les personnages anonymes y figurant pour ensuite insérer les résidus de gomme dans des petites fioles numérotées et classée.

Dans la seconde partie de son œuvre, l'artiste se filme en train de lire la constitution de son pays à l'envers, lire la vidéo à l'envers ou nous comprenons que les paroles de l’artiste se retrouvent à l'endroit. Estefanía Peñafiel Loaiza se penche sur la question de : "Est ce que nous avons écrit la vraie histoire ?"

L'artiste a aussi conçu une œuvre selon la commande du maire de Chalezeule, en l’honneur des femmes durant la guerre. Le maire souhaitait en effet un mémorial ou chacun peut venir se recueillir et prendre soin de l’œuvre vivante. Ce projet intitulé, Oeuvreuses, est fabriquée d’une installation d’un hêtre au centre de la commune, où  des noms de métiers au féminin y sont gravés dans l’écorce ; "J’ai trouvé intéressant de créer une œuvre, où  chacun peut se sentir concerné par son évolution et sa transformation dans le temps". L'aspect des mots évoluera avec l'évolution de l'arbre, les modifications de l'écorce et le temps qui passe. Aucune restauration n'est prévu pour améliorer les inscriptions. La lisibilité deviendra partielle tout comme la mémoire... que ce soit volontaire ou non. L’œuvre évoluera et racontera une histoire de façon pérenne, comme le titre choisit pas l'artiste : Oeuvreuses, qui est une combinaison "d'ouvrières" et "d'ouvreuses".

Nathalie Talec propose une traversée d'une œuvre débutée il y a trente ans. Elle y raconte ses expéditions menées avec l'explorateur Paul-Émile Victor, et son attraction pour la neige en souvenir d'un film pris par son père dans la neige lorsqu'elle était enfant. "J'ai une relation charnelle avec la neige... " explique-t-elle. Sa vie d'artiste est exposée dans sa totalité, de manière plus ou moins pudique, où elle même se montre sous différentes facettes. Nathalie Talec met en relief son obsession pour le froid, la neige, la perception, dans un art étonnamment hybride. Ces œuvres sont "comme des autobiographies de substitution". Elle aime le potache à première vue "mais qui peut paraître presque rigide". Dans son portrait photographique qui figure au début de l’exposition, l’artiste s’est fabriqué elle-même les lunettes qu'elle porte sur la photo. Elle aime produire une œuvre ou elle voit rien, "comme à cerveau découvert" dit-elle.

L'artiste a travaillé avec la manufacture de Sèvres pour plusieurs de ses oeuvre, notamment pour la fabrication du traineau blanc qui figure au début de l’exposition. Pour elle, c’est un privilège de travailler avec "l’excellence de savoir-faire afin d’atteindre la beauté suprême".

Dans la seconde partie de son exposition, une installation monumentale  plonge le visiteurs dans une atmosphère toute particulière : l'artiste a fait appel à un souffleur de verre pour créer un imposant bateau en néon.  Les murs sont ornés de tableaux imposants représentants des expéditions dans le but de réunir des archives et de créer une sorte d'aventure.  "La peinture est ce que je préfère dans l'art (...) J'avais envie de peindre en restant debout sans trop de contraintes, oui je souhaitais quelque chose de simple dans ma création." 

Un véritable cornet de glace est exposé dans la seconde salle. Elle explique: "J'ai choisi d'installer cet esquimau, pour avoir une œuvre vivante, si je peux m'exprimer ainsi, nous le changeons tous les jours." 

"L'aveuglement, l’introspection, la méditation, et la solitude tragique, sont les idées principales de mon œuvre." Nathalie Talec veut produire à l'infini, jusqu'à sa mort.

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