Exceptionnel !
C'est dans le cadre d'une campagne de recherche de fossiles en Franche-Comté que la famille originaire du Nord a découvert ce mystérieux petit caillou. Mais le couple, géologue de formation ne s'attendait certainement pas à une telle découverte ! Posée sur le bord d’un chemin, la pierre noire de seulement 3 grammes « sautait aux yeux », et a immédiatement suscité la curiosité du découvreur, qui avait déjà pu voir d’autres météorites dans différentes collections, dans différents salons.
Le couple a alors contacté au début du mois d’août Fabien Kuntz, chasseur de météorite bisontin afin de vérifier leurs suppositions. Tout porte alors à croire qu'il s'agit d'une météorite fraiche tombée récemment. La pierre a donc été confiée début septembre à Jérôme Gattacceca, directeur de recherche au CNRS affecté au Centre européen de Recherche et d’Enseignement des Géosciences de l’Environnement (CEREGE) pour des analyses complémentaires. "Les mesures des propriétés magnétiques effectuées montrent qu’il s’agit bien d’une météorite, plus précisément de type chondrite, appartenant au groupe dit « LL ». Elle est distincte d’autres météorites récentes, et représente bien une nouvelle chute" indique Fabien Kuntz dans un communiqué.
75e météorite de France et deuxième de Franche-Comté !
La météorite d’Abbans-Dessous est la 75e météorite recensée en France, depuis la plus ancienne connue, celle d’Ensisheim tombée le 7 novembre 1492 dans ce qui est aujourd’hui le département du Haut-Rhin. Elle est actuellement la deuxième météorite franc-comtoise connue, après la chute de «l’aérolithe » d’Ornans le 11 juillet 1868 qui elle est mondialement connue, car toute première de son genre.
D'autres météorites dans un rayon de 10 km autour d'Abbans-Dessous
Cette météorite de 3 grammes est composée principalement de silicates (à plus de 90% : olivine, pyroxène, feldspaths...) et d’une petite quantité de fer/nickel sous forme de métal. Il s'agit d'une une chondrite, roche très primitive formée lors de la genèse du système solaire il y a 4,56 à 4,57 milliards d’années, et donc un peu plus vieille que la Terre elle-même. Sa chute n'a pas été observée, il n'est donc pas possible de connaître sa trajectoire lors de son entrée dans l'atmosphère.
En attendant d'autres tests, Fabien Kuntz espère que d’autres pierres issues de la même chute pourront être retrouvées, "potentiellement dans un rayon de 10 km -peut-être plus- autour du village d’Abbans-Dessous".
Info +
Début 2016, il devrait être possible d'observer de façon systématique l'entrée dans l'atmosphère des météorites et de calculer leur trajectoire avec une précision suffisante pour pouvoir déterminer – approximativement – leur point de chute.
Le réseau national FRIPON (pour “Fireball Recovery and InterPlanetary Observation Network“), qui comprendra une centaine de caméras dans toute la France, dont quatre en Franche-Comté, devrait en effet surveiller le ciel de façon continue et enregistrer automatiquement les phénomènes lumineux importants (voir ici). Si une telle chute devait se reproduit dans les années à venir en Franche-Comté, ce qui statistiquement devrait arriver, dans les quatre ans à venir, il devrait alors être beaucoup plus facile de partir à la recherche des fragments tombés au sol.
"Chaque année plusieurs tonnes de matière extra-terrestre tombent sur notre planète, principalement sous forme de poussières après avoir été "brûlée" lors de la traversée de notre atmosphère. Cependant une petite part de ces roches venues parfois des confins de notre système solaire arrivent jusqu’au sol sous forme de fragments de bonne taille, comme en témoignent la fameuse météorite de Chelyabinsk, tombée en février 2013 dans l'Oural (plus de 1200 blessés), ou celle de Draveil qui perfora le toit d'une maison de la banlieue parisienne en juillet 2011".