Européennes 2024 : “Pour l’environnement, sans écologiste, l’Europe n’avancera plus du tout”

Dans le cadre des élections européennes le 9 juin 2024, nous avons contacté par téléphone Yannick Jadot, ancien eurodéputé EELV et candidat à la 80e place de la liste portée par Marie Toussaint, juste avant son arrivée à Besançon le 31 mai pour un meeting, afin qu’il réponde à nos questions 100% Europe.

Archives - Yannick Jadot à Besançon le 25 mai 2022. © Thomas M

Quelles sont les idées majeures que portent la liste d’Europe Écologie Les Verts pour ces élections européennes ?

Yannick Jadot : ”L’idée majeure de cette liste, c’est qu’il faut continuer, avec ambition et détermination, à lutter contre le dérèglement climatique, à protéger le vivant, protéger la santé et pour ça, évidemment, organiser l’accompagnement social de cette transition, l’accompagnement industriel, parce qu’il n’y a pas d’alternative. Les écologistes sont les seuls à continuer de porter avec ambition cet agenda, et malheureusement, les autres ont renoncé.”

Quelle est la première mesure que vous voudriez voire voter si la liste portée par Marie Toussaint est élue ?

Yannick Jadot : ”Un grand plan d’investissement. Un grand plan d’investissement pour transformer nos habitations : on sait que des millions et des millions de Françaises et de Français ont froid l’hiver, il y en a au moins autant qui étouffent l’été. Consommer pour chauffer nos logements, c’est encore aujourd’hui enrichir Vladimir Poutine et sa guerre, c’est enrichir d’autres pétro-monarchies. C’est évidemment en investissant dans nos logements, dans les transports collectifs, encore une fois pour que cette transition économique, cette transition indispensable dans nos modes de vie, soit accompagnée et soit possible.”

Selon vous, quel est le principal défi de l’Europe aujourd’hui ?

Yannick Jadot : ”Le principal défi de l’Europe, c’est d’arriver à articuler à la fois la défense de la démocratie, on sait qu’on est attaqués et pas seulement par la guerre en Ukraine, mais c’est bien un combat des dictatures contre nos démocraties, c’est ça que l’on voit en Ukraine. On voit la Chine, je ne sais pas ce qu’il adviendra des Etats-Unis après leurs élections, on voit Orbàn en Hongrie, on voit Meloni en Italie, donc aujourd’hui c’est le coeur de nos libertés, du combat pour l’égalité des droits, de l’état de droit, de la démocratie qui est attaquée au sein de l’Union européenne et en dehors de l’Union européenne. Sans démocratie, il n’y a plus de société, plus de solidarité, plus de bienveillance et certainement pas la capacité à lutter ensemble contre le défi du siècle qui est le défi climatique.”

Selon vous, l’Union européennes doit-elle accueillir l’Ukraine ?

Yannick Jadot : ”L’Union européenne, à terme, doit accueillir l’Ukraine. Mais vous savez, quand on parle d’accueillir l’Ukraine, ça va être des années et des années de négociations, il y a un processus très clair pour adhérer à l’Union européenne. Il faut respecter ce qu’on appelle l’- acquis communautaire -, c’est-à-dire tout ce qui relève à la fois d’un certain développement social, d’une protection de l’environnement, de la lutte contre la corruption, des institutions solides, y compris au regard de la situation de l’Ukraine. Ça va prendre du temps, mais quand un pays est à l’avant-poste du combat pour la démocratie, c’est aussi le rôle de l’Union européenne de se donner les moyens d’agrandir la famille.”

On parle souvent du taux d'abstention lors de ces élections. Comment convaincre les électeurs d’aller voter le 9 juin ?

Yannick Jadot : ”Quand il y a eu le référendum en Grande-Bretagne sur le Brexit, les jeunes ne sont pas allés voter parce qu’ils considéraient qu’il n’y avait pas de risque, même s’ils sont pro-européens. Aujourd’hui, la société britannique s’est effondrée, elle s’isole, le racisme est partout, les difficultés économique et sociales aussi. À l’inverse, en Pologne, particulièrement les jeunes et les femmes se sont mobilisés et le gouvernement d’extrême-droite est tombé. Quand on veut à la fois sauver le climat, le vivant, changer l’agriculture, avoir une vraie politique industrielle, se donner les moyens de défendre notre modèle social et la démocratie, on ne peut pas faire sans l’échelle européenne. Il faut donc se mobiliser, et je l’ai dit, se mobiliser évidemment pour l’écologie, parce que c’est grâce aux Écologistes que l’Europe, avance pas assez vite, mais avance quand même sur l’environnement. Sans écologiste, elle n’avancera plus du tout."

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