Dans cette finale idéale contre la Norvège et son armada de joueuses de classe mondiale -Stine Oftedal, Nora Mork, Henny Reistad, Heidi Lokke- il ne manquera que l'ambiance car le match se jouera en quasi huis clos à cause de la pandémie. Rien à voir avec le chaudron de Bercy où les Bleues avaient gagné l'Euro en 2018 contre la Russie.
Les joueuses des deux sélections se connaissent très bien, puisqu'elles sont huit au total (quatre de chaque côté) à jouer à Györ, le meilleur club au monde. Mais l'amitié qui les lie en dehors du terrain sera "mise de côté" pendant soixante minutes, promet la patronne de la défense française Béatrice Edwige.
Le Brésil du hand féminin
Affronter la Norvège en finale d'une grande compétition en hand féminin, c'est un peu comme jouer le Brésil en foot ou les États-Unis en basket. "Oui, c'est une très belle finale, ça a un petit côté historique. Tout a commencé par un Norvège-France" en 1999, se remémore le sélectionneur de l'équipe de France Olivier Krumbholz, qui anticipe surtout un match difficile.
Les deux équipes se sont rencontrées à deux reprises en grand championnat depuis la médaille d'argent des Françaises aux Jeux olympiques de Rio en 2016. En demi-finale de l'Euro-2016, les Norvégiennes avaient pris le dessus (20-16) et s'étaient parées d'or. L'année suivante, les Françaises avaient pris leur revanche en finale du Mondial-2017 (23-21). Un partout balle au centre, avec une belle à Herning.
Mais le contexte semble cette année plus favorable aux Norvégiennes à en croire Olivier Krumbholz. "De mon avis de technicien, la Norvège est favorite. Elles sont plus avancées que nous dans l'exploitation du potentiel. Elles n'ont pas plus de potentiel que nous, mais elles sont un peu plus matures", estime Krumbholz.
Créer un désordre collectif
Le danger arrivera de partout, notamment de la demi-centre Stine Oftedal, désignée meilleure joueuse du monde de l'année 2019 par la fédération internationale. "Quand c'est dangereux partout, c'est un désordre collectif qu'il faut savoir créer", glisse le Mosellan.
C'est en instaurant ce désordre que la défense française a parfaitement brouillé l'esprit de tous ses adversaires depuis deux semaines au Danemark. Et en attaque, les solutions sont multiples, entre l'arrière gauche Estelle Nze Minko, l'arrière droite Alexandra Lacrabère (meilleure marqueuse française avec 29 buts), les demi-centres Grâce Zaadi et Méline Nocandy, ou encore Pauletta Foppa au pivot.
"Ça va être un match très difficile. Elles ont été très régulières et ça va être un match très disputé et très physique. J'ai confiance", a dit l'arrière gauche Kalidiatou Niakaté, précieuse dans ses entrées en jeu depuis le début du tournoi, comme l'ensemble du banc français.
Confiné avec son groupe à l'hôtel depuis près de trois semaines, Olivier Krumbholz s'est montré très facétieux avec les quelques médias présents dans le Jutland danois, maniant le comique de répétition.
L'un des fils rouges de la vingtaine de jours aura été la couverture nuageuse grise et très basse du Danemark. "On va aller loin dans la compétition pour voir le ciel bleu", avait-il plaisanté. Et son double souhait a été exhaussé: samedi matin, les nuages avaient laissé la place à un somptueux ciel bleu. Et surtout, son équipe s'est hissée en finale, la quatrième sur les six derniers grands tournois.
"Tout tombe en même temps: la médaille, le ciel bleu. Après, ce n'est qu'un petit clin d’œil, parce que l'essentiel va se passer dans les pièces confinées à préparer le match", a souri le sélectionneur.
Euro-2020 de hand : les Françaises filent en finale pour un rêve de doublé (article du 19 décembre 2020)
Les handballeuses françaises ont très nettement dominé la Croatie (30-19) en demi-finale de l'Euro-2020 à Herning (Danemark) vendredi 18 décembre 2020, et poursuivent ainsi leur rêve de doublé après leur couronnement européen il y a deux ans à Paris-Bercy.
Pour leur deuxième finale consécutive dans un Championnat d'Europe, les coéquipières de Siraba Dembélé affronteront dimanche en fin d'après-midi (18h00) la Norvège ou le Danemark, qui disputent vendredi en soirée (20h30) la seconde demi-finale sous forme d'un duel 100% scandinave.
Au buzzer final, les Françaises se sont précipitées au centre du terrain et se sont mises à chanter: "On est en finale, on est en finale!", soulagées de retrouver leur place sur un podium international.
Et après la remise de la récompense de meilleure joueuse à Kalidiatou Niakaté, elles ont pris la pause indiquant six avec leurs doigts, le nombre de victoires dans le tournoi, rituel établi en début de la compétition, reprenant de plus bel leur refrain de la soirée avant de retourner au vestiaire.
En mode finale"
Mais les célébrations ont vite laissé la place au travail de récupération, pour préparer au mieux le rendez-vous final de leur épopée danoise.
"Je pense que c'est aussi important que l'on accepte que l'on soit en finale et que l'on profite de ce moment-là, mais à partir de 23h00, on se sera mises en mode finale et travail. On sait que les 24 heures de samedi seront primordiales. On sait que l'on va devoir beaucoup travailler, notamment à la vidéo", a lancé la patronne de la défense, Béatrice Edwige.
Face à la Croatie, qui découvrait ce stade de la compétition dans un grand championnat, le suspense n'aura duré que dix minutes, le temps de prendre la mesure des attaques très lentes et placées des joueuses au maillot à damier.
Après avoir été menées 3-2, les Bleues ont infligé un 9-0 aux Croates en l'espace de onze minutes, pour s'envoler au score, Grâce Zaadi inscrivant le but du 4-3 pour donner l'avantage à ses coéquipières dans le match pour ne plus le laisser.
"Ne vous laissez pas aplatir!", a lancé Olivier Krumbholz de son banc à la défense, lorsqu'elle a laissé un peu trop de place aux Croates, ou encore "Du calme, du calme!" lorsque l'attaque s'est enflammée en seconde période. Des consignes bien audibles dans la Boxen Arena de Herning vide en raison de la pandémie de Covid-19.
Kalidiatou Niakaté en forme
Cet écart (15-5 à la mi-temps) a permis au sélectionneur de faire tourner son effectif assez rapidement, grâce à un banc extrêmement compétitif, l'une des principales forces de la France depuis le début de l'Euro au Danemark.
Et c'est Kalidiatou Niakaté, auteure de rentrées en jeu remarquables et remarquées depuis deux semaines, qui a facilité la tâche aux Françaises, avec quatre buts, alors que dans le jeu rapide les ailières Chloé Valentini, Siraba Dembélé, Pauline Coatanéa et Laura Flippes se sont régalées, laissant la portière croate Tea Pijevic sans solution.
Le staff avait identifié un jeu croate s'appuyant sur les pivots, et pour la première fois depuis le début de la compétition, Béatrice Edwige et Pauletta Foppa ont débuté la rencontre en défense. Toujours bien en place, la défense tricolore a parfaitement coupé le jeu de passes croate (14 interceptions).
Les Bleues ont donc la garantie de monter sur leur cinquième podium international en six compétitions (et quatre finales!), le mauvais souvenir du Mondial-2019 de Kumamoto au Japon (élimination au 1er tour) étant désormais du passé bien révolu.
Ce podium arrive également à point nommé, à sept mois des Jeux olympiques de Tokyo-2020, reportés à l'été 2021 (23 juillet-8 août), ce qui apparaît encore très loin face aux incertitudes nées de la pandémie.