Etienne Manteaux quittera ses fonctions de procureur de Besançon d’ici septembre 2025

Lors de l’audience solennelle de rentrée du tribunal judiciaire de Besançon, Etienne Manteaux, procureur de la République, a annoncé ce lundi 20 janvier son départ prochain. Il quittera ses fonctions d’ici le 1er septembre 2025. L’occasion de dresser un bilan de l’année judiciaire passée.

© Hélène Loget

"C’est avec une certaine émotion que je prends la parole devant vous aujourd’hui, car depuis septembre 2018, c’est la septième et dernière fois que je requiers lors d’une audience solennelle de rentrée en cette chère juridiction de Besançon", a indiqué Etienne Manteaux, le procureur de Besançon ce lundi matin en précisant avoir atteint la durée maximale d’exercice pour un chef de parquet.

Il a souhaité noter la qualité du travail entrepris collectivement."En sept ans, 94 % des crimes de sang ont été élucidés. Il y a peu d’équivalent sur le territoire national. Ce résultat a pu être atteint suite à un investissement sans faille des enquêteurs et des magistrats".

Tirs à Besançon : "nous ne pouvons pas tolérer que des individus puissent s’affranchir à ce point des règles de vie en société"

En 2024, deux personnes sont mortes en lien avec le trafic de stupéfiants (3 en 2023 et 3 en 2022). "C’est particulièrement préoccupant, mais c’est chiffres sont conformes à la tendance nationale", a souligné Etienne Manteaux en revenant sur quelques chiffres afin de "prendre un peu de recul". "En 2024 en France, 1.100 personnes sont mortes suite à des homicides volontaires, soit 1,5 homicide pour 100.000 habitants. En 1989, il avait été comptabilisé 1.400 tués". Le procureur a voulu faire le distinguo avec une "mexicanisation bandit par certains médias". Il a précisé que pour 100.000 habitants, le Mexique comptait 25 homicides. Ce chiffre s’élève à 6,8 pour les Etats-Unis.

Concernant les homicides en lien avec le narcotrafic, le procureur a noté une "forte augmentation" en évoquant les derniers faits divers survenus à Besançon la semaine passée (tirs sur un barber shop rue Rivotte et sur un restaurant près du pont de la Gibelotte). "Cette situation est insupportable. Dans une société démocratique, nous ne pouvons pas et ne devons pas tolérer que des individus puissent s’affranchir à ce point des règles de vie en société", a affirmé Etienne Manteaux qui a également qualifié "d’intolérable" la possibilité pour certains détenus de continuer à gérer leur trafic ou à commanditer des assassinats.

Pour rappel, durant les 15 derniers mois à Besançon, huit fusils d’assaut et un lance-roquettes ont été saisis. "Ces réponses pénales ne sont pas suffisantes pour empêcher de nouveau délinquants à se livrer au trafic et répandre la peur. La crainte de l’emprisonnement n’est plus assez dissuasive (…) dès lors que c’est l’agent qui rend les narcotrafiquants puissants, il faut les sanctionner financièrement de façon beaucoup plus agressive", a tenu à préciser le procureur.

Enfin, le garde des Sceaux, Gérald Darmanin, a indiqué vouloir placer dans des prisons de haute sécurité les plus "gros narcotrafiquants" dès l’été. "C’est probablement une nécessité", a indiqué Etienne Manteaux.

Violences conjugales, des mesures d’éloignement en hausse

Concernant le sujet des violences conjugales, Etienne Manteaux a noté une hausse des mesures d’éloignements et la sévérité du traitement des procédures. Une hausse est à noter pour les auteurs de violences (+29 % de 2019 à 2024). "Cette augmentation s’explique par un meilleur accueil des victimes" mais aussi "une hausse de l’intolérance à la frustration chez certains auteurs" a relevé le procureur. En 2014, 158 personnes ont été concernées par une mesure d’éloignement (1.348 faits de violences en 2024).

Remarque : si procureur a noté une baisse de la mortalité sur les routes, il n’en demeure toutefois pas méfiant sur ce sujet : "Nous ne parvenons plus à poursuivre la baisse de la mortalité" (25-26 morts sur les routes depuis 5 ans environ).

Le tribunal judiciaire, c’est aussi et surtout des affaires civiles

Le président du tribunal, Alain Troilo, a précisé que les 2/3 des affaires traitées au tribunal judiciaire de Besançon étaient des affaires civiles (divorce, contentieux, succession, trouble du voisinage, absence de loyer pour un propriétaire…). À ce titre, il a noté le besoin d’avoir davantage de conciliateurs. "Au-delà des principes, la justice est une affaire de personne. Juste, équitable, impartiale, compétente. La justice moderne est avant tout une justice humaine. Pour chacun, l’inégalité des chances doit être compensée par l’égalité des droits", a tenu à souligner le président qui a indiqué que de grands changements marqueront les mois et années à venir.

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