Sous la houlette de la juge d'instruction parisienne Sabine Kheris, les enquêteurs de la section de recherches de Dijon se rendent à Ville-sur-Lumes, près de Charleville-Mézières, dans une maison un temps occupée par la soeur du criminel, décédée en 2002. Régulièrement visitée par Michel Fourniret jusqu'à son arrestation en 2003, la propriété n'a encore jamais été fouillée.
La justice s'intéresse particulièrement à la cave, dont le sol autrefois constitué de terre aurait été recouvert de béton par "l'Ogre des Ardennes", selon des sources concordantes. Les militaires prévoient dans un premier temps de "radiographier" le sol, avant d'envisager de creuser, ont précisé ces sources.
Selon des éléments des investigations dont l'AFP a eu connaissance, les enquêteurs exploitent la piste d'un ticket de caisse, comptant quatre boîtes de pois cassés, retrouvé en perquisition chez Michel Fourniret. Provenant d'un supermarché à proximité de Ville-sur-Lumes, il est daté du 11 janvier 2003, soit deux jours après la disparition d'Estelle Mouzin. Questionné par Mme Kheris, lors de son dernier interrogatoire, sur l'éventualité qu'il ait amené la fillette dans cette maison restée vide depuis le décès de sa soeur, "l'Ogre des Ardennes" avait répondu : "C'est tout à fait pertinent".
"Pas du tout improbable, seulement il faudrait mettre des images dessus et ce n'est pas évident, je suis paumé", avait ajouté l'homme aujourd'hui âgé de 78 ans, qui souffre de troubles de la mémoire mais se décrit aussi comme un "joueur d'échecs", prenant plaisir à la confrontation avec la juge.
A une dizaine de kilomètres, les gendarmes pourraient aussi entreprendre des fouilles autour du Château de Sautou, à Donchéry. C'est dans cette propriété de quinze hectares, entourée de bois, qu'avaient été retrouvés en 2004 les corps de deux jeunes femmes de 12 et 22 ans, sur des indications du tueur.
Des recherches à Floing, à quelques kilomètres, sur un autre terrain ayant appartenu au tueur, étaient restées vaines en décembre 2018.
"Piste numéro 1"
Décrit par l'expert psychiatre Daniel Zagury comme "le tueur en série français le plus abouti", Michel Fourniret avait été incarcéré pour la première fois en 1984, pour des agressions sexuelles sur une douzaine de jeunes femmes.
"Braconnier" obsédé par les jeunes vierges, il a été reconnu coupable en 2008 des meurtres de sept jeunes femmes ou adolescentes entre 1987 et 2001, et condamné à la perpétuité incompressible, avant d'être à nouveau condamné en 2018 pour l'assassinat crapuleux de Farida Hammiche.
En février 2018, il a avoué avoir tué deux autres jeunes femmes dans l'Yonne : Marie-Angèle Domece, disparue en 1988 à 19 ans, et Joanna Parrish, 20 ans, retrouvée violée et étranglée deux ans plus tard. Après des années de dénégations, il a enfin reconnu début mars l'enlèvement et le meurtre d'Estelle Mouzin, 9 ans, disparue le 9 janvier 2003 alors qu'elle rentrait de l'école à Guermantes (Seine-et-Marne).
"Il est possible que cette image m'indispose ( ?) et je reconnais là un être qui n'est plus là par ma faute", a-t-il déclaré à Sabine Kheris, chargée de l'instruction des trois dossiers. Mais "les circonstances, la suite, le déroulement, c'est dans les oubliettes", a-t-il poursuivi, sans révéler l'emplacement du corps.
"Piste numéro 1" depuis des années pour les avocats de la famille Mouzin, Fourniret a plusieurs fois été soupçonné, puis mis hors de cause. Mais son alibi avait été contredit en novembre 2019 par son ex-femme Monique Olivier, énième rebondissement d'un dossier criminel hors norme.
(Source AFP)