Olivier Lavalette revient pour nous sur l’origine de la climatisation. Le début des années 2000 voit les prémices des systèmes de climatisations : "du matériel de luxe conçu à l’origine pour du confort", explique-t-il, "seuls les foyers les plus aisés pouvaient se permettre d’équiper leur maison". L’accès à la clim se démocratise à mesure que les entreprises du tertiaire équipent leurs bureaux.
Aujourd’hui, la gamme de prix s’est considérablement élargie "au même titre que les véhicules, nous avons toujours plus de choix, du low cost prêt à poser à prix très abordable jusqu’au très haut de gamme", détaille Olivier Lavalette. La différence ? "Le rendement, les options, le bruit font généralement la différence d’une gamme à l’autre", abonde t-il.
Indépendamment des prix, la demande est sur une pente exponentielle : "plus la température s’élève au fil des années, plus nous avons de demande", énonce t-il, avant de préciser : "nous voyons cependant un changement dans les mentalités. Il y a encore quinze ans, les gens commençaient à s’équiper mais pour autant le fait de posséder un système de climatisation n’était pas encore rentré dans les mœurs. Avec le réchauffement des températures, nous sommes passés de gadget de confort à un véritable équipement domestique au même titre qu’un bon système de chauffage".
D’autant plus qu’aujourd’hui les climatiseurs sont réversibles, ce qui en fait le système de chauffage numéro un dans les nouvelles constructions. En fonction du volume des pièces, équiper son logement revient en moyenne entre 3.000 et 4.000 euros pour une maison récente bien isolée.
Les chiffres de la consommation
Olivier Lavalette nous explique qu'aujourd’hui les climatiseurs consomment très peu d’énergie primaire. Pour 1 kilowatt consommé, le climatiseur restitue l’équivalent de 3 à 4 kilowatts. Ce qui veut dire qu’un climatiseur, pour la même puissance, consomme trois à quatre fois moins d’énergie qu’un radiateur électrique. De plus, si la climatisation est certes plus énergivore qu’un ventilateur, elle resterait cependant beaucoup plus efficace : "un ventilateur ne fait que brasser l’air ambiant, ce qui donne une impression de frais sur le moment mais ne refroidit pas", précise t-il.
L’impact environnemental : vers une clim "verte" ?
Pour bien comprendre l’impact environnemental d’une climatisation, Olivier Lavalette tient à opérer un petit éclaircissement technique : "contrairement à une légende urbaine, les climatiseurs ne sont pas des machines à fabriquer du chaud pour avoir du froid. Le rejet de chaleur est indéniable, mais il ne provient que d’un seul transfert d’énergie : L’air chaud que l’on sent sortir des bâtiments dans les villes provient majoritairement de la différence de température entre l’air ambiant extérieur et l’intérieur climatisé. Autrement dit, c’est de la chaleur prise dans la maison qui est simplement transférée à l’extérieur", conclut-il.
Côté pollution, il nous informe que les fabricants et les revendeurs sont assujettis à une réglementation thermique établissant des normes très strictes pour limiter les dégâts environnementaux des climatisations. "Nous manipulons des fluides qui attaquent la couche d’ozone, l’utilisation des gaz est donc très réglementée. Mais s’il y a 20 ans, les gaz utilisés étaient ultra polluants, aujourd’hui nous utilisons de plus en plus des gaz naturels de type iso butane", explique t-il.
Ne nous voilons cependant pas la face : si les gaz sont de plus en plus vertueux, le fonctionnement d’une clim reste basé sur l’utilisation de gaz fluorés produits par des lobbies gaziers. Ce qui implique une obligation de récupération et de retraitement des gaz nocifs, sans toutefois éviter la pollution.
La réglementation est cependant en constante mutation et des innovations tendent à prédire l’arrivée prochaine d’une climatisation verte. Une climatisation écologique, vraiment ? Olivier Lavalette acquiesce : "le cap est en passe d’être franchi. D’ici une dizaine d’années nous équiperons très certainement les particuliers avec des systèmes beaucoup plus vertueux. Les prototypes fonctionnant notamment au CO2 existent déjà. Certains gaz pourront aussi être réinjectés dans le système plutôt que d’être rejetés". Les gros constructeurs japonais sont d’ores et déjà en lice pour être les premiers à lancer la gamme sur le marché.
Rien ne sert de bidouiller, il faut laisser refroidir...
La clim pollue et consomme de l’énergie. En attendant de pouvoir s’équiper d’une clim plus vertueuse, le consommateur peut adopter certains gestes efficaces pour économiser de l’énergie et par la même occasion polluer moins. À grand renfort de schémas, Olivier Lavalette éclaire notre lanterne : le climatiseur régule automatiquement sa puissance en fonction de la température demandée. Au moment de l’allumage, lorsque l’écart est important entre la température ambiante et celle désirée, le moteur tourne à pleine puissance. Plus la température descend, plus l’écart se réduit, donc plus le climatiseur réduit sa puissance jusqu’à atteindre la température souhaitée.
"C’est comme une voiture sur l’autoroute : vous accélérez un grand cout pour monter à 130 km/h, une fois lancé vous n’appuyez presque plus sur l’accélérateur et le moteur se maintien à 2000 tours/min. Dans l’idéal, c’est la même chose qu’il faudrait faire avec la clim : 6 degrés d’écart maximum par rapport à la température extérieure, puis ne plus rien toucher", nous enseigne t-il. Car se sont les démarrages moteurs et les changements importants d’amplitude qui consomment le plus. "Même sur une semaine, ce sera toujours plus énergivore de récupérer l’énergie qui se dissipe lorsqu’on arrête le système que de se maintenir en température", assure Olivier, calculs à l’appui.
Dernière recommandation en cas de fortes chaleurs : ne pas positionner la température en dessous de 25 degrés. "Celui qui met la clim à 19 degrés en été, c’est comme s’il mettait le chauffage à 29 degrés en hiver", illustre-t-il. L’image est parlante et la facture risquerait d'être salée pour le consommateur comme pour la planète.