Ajouté il y a quelques semaines sur le site du Robert, "iel" est un "pronom personnel sujet de la troisième personne du singulier et du pluriel, employé pour évoquer une personne quel que soit son genre", selon la définition sur le site.
Apparus sur les réseaux sociaux – tendance venant des Etats-Unis, ce pronom est utilisé par ceux qui ne s’identifient pas au genre masculin ou féminin ou ne veulent pas choisir (pour mieux comprendre la notion de genre, lire : LGBTQI +, que signifie ce sigle, lettre par lettre ?). En mai 2021, le réseau social Instagram annonçait d’ailleurs que les utilisateurs pourraient dorénavant indiquer le pronom (il/elle/iel, etc) par lequel ils souhaitaient être identifiés sur leur profil.
"L’écriture inclusive n’est pas l’avenir de la langue française"
Cet ajout par Le Petit Robert a soulevé une polémique en France, le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, tweetant notamment que "l’écriture inclusive n’est pas l’avenir de la langue française".
Il faut dire que cet ajout au Robert intervient en plein débat en France sur la "culture woke", "woke" étant un terme anglais signifiant "éveillé", le "wokisme" étant donc par extension un état d’éveil face à l’injustice, un courant militant pour la protection des minorités. Un courant qui, selon Jean-Michel Blanquer, est un "obscurantisme". "Certaines idéologies fragmentent les sociétés, singulièrement les sociétés occidentales, républicaines et démocratiques comme la nôtre. Il faut savoir regarder ce qui vient saper la démocratie et saper la République. Le wokisme est clairement cela", expliquait-il fin octobre sur Europe 1.
Le ministre a d’ailleurs lancé un "observatoire républicain chargé de lutter contre le wokisme" et la "cancel culture".
"Observer l’évolution d’une langue française en mouvement et d’en rendre compte"
Mais pour Le Robert, il n’y a aucun militantisme dans l’ajout de "iel" sur son site internet.
Dans un communiqué, son directeur général, Charles Bimbenet, explique que si l’usage du "iel" est "encore relativement faible", "depuis quelques mois, les documentalistes du Robert" ont constaté qu’il était de plus en plus utilisé.
"De surcroît, le sens du mot iel ne se comprend pas à sa seule lecture […] et il nous est apparu utile de préciser son sens pour celles et ceux qui le croisent, qu’ils souhaitent l’employer ou au contraire… le rejeter", écrit-il.
Et de rappeler que "la mission du Robert est d’observer l’évolution d’une langue française en mouvement, diverse, et d’en rendre compte. Définir les mots qui disent le monde, c’est aider à mieux le comprendre".
"N’en déplaise à certains, Le Robert n’a pas été subitement atteint de 'wokisme' aigu, un mot non transparent (pas encore défini, ndlr) dont nous vous promettons bientôt la définition", a-t-il conclu, non sans une pointe d’ironie.
(AFP)