"À la veille de cette rentrée, le 25 août, le président de la République s’est exprimé le premier, en lieu et place du ministre de l’Éducation nationale lors de la réunion de rentrée des recteur.trices. Il leur a donné sa feuille de route pour l’école. Le lendemain, le ministre Pap Ndiaye n’avait plus qu’à reprendre les différentes annonces du président lors de sa conférence de presse.
Le salaire des professeur.es des écoles
Leur faiblesse est l’une des raisons de la crise d’attractivité sans précédent qu’a connu la profession enseignante lors de la dernière session de concours (plus de 4000 places offertes non pourvues dont plus de 2000 dans le premier degré).
Les enseignant.es ont perdu l’équivalent de plus d’un mois de salaire en 10 ans et nos collègues qui débutaient il y a 30 ans percevaient l’équivalent de 2,2 SMIC contre 1,1 aujourd’hui.
L’augmentation de 3,5% du point d’indice consenti à la fonction publique en juillet est évidemment insuffisante puisqu’elle est inférieure à l’inflation. Avant toute autre décision concernant les rémunérations, un engagement d’indexation sur l’inflation devrait être pris.
La promesse qu’aucun.e enseignant.e ne débutera avec moins de 2000€/mois dès la rentrée 2023 va dans le bon sens (si elle est tenue) mais actuellement, 15 années d’exercice sont nécessaires pour atteindre 2000€.
Pour le SNUipp-FSU, il n’est pas concevable que des collègues débutant.es perçoivent un salaire supérieur à leurs homologues expérimenté.es ni que la grille de salaire débute à 2000€ puis stagne durant 15 années.
Une augmentation de 10% pour toutes et tous a été annoncée sans précision sur ses modalités (en combien d’années par exemple). Nous restons vigilant.es par rapport à cette annonce car la promesse de ”revalorisation historique” du précédent quinquennat n’a pas été suivie d’effet. Par ailleurs, d’après les prévisions, la hausse de l’inflation n’en est qu’à ses débuts et toute augmentation salariale inferieure à l’inflation ne serait pas à considérer comme une revalorisation.
Création d’un ”fonds d’innovation pédagogique” de 500 millions d’euros
C’est ”Marseille en grand”, l’extension de l’expérimentation marseillaise : ”donner des moyens supplémentaires à des équipes de professeur.es volontaires qui auront choisi de manière facultative de s’engager, qui auront construit des projets adaptés à leur réalité”.
Cela sous-entend que certain.es enseignant.es ne s’engagent pas ; dans quelle école aujourd’hui ne construisons-nous pas de projets adaptés à la réalité de notre contexte ? Certes, partout ou presque, les moyens manquent... Ceux-ci seront alloués selon le caractère innovant de projets sans tenir compte des besoins objectifs des élèves et mettront en concurrence les écoles.
Quid des élèves des écoles qui ne bénéficieront pas de ces moyens ? Ce dispositif sera générateur d’inégalités et contribuera à creuser celles déjà prégnantes dans notre système scolaire.
La transition, dans le propos de Pap Ndiaye, avec le sujet de l’égalité des chances (”garantir les mêmes chances de réussite pour tou.tes”) a alors sonné très faux, surtout lorsque le ministre a affirmé : ”méfions-nous d’une école qui, tout en la promettant, n’accorderait pas l’égalité” !
Contenu des enseignements
La priorité aux fondamentaux est réaffirmée, dans la parfaite continuité de la politique éducative de Jean-Michel Blanquer, là où leur place est déjà bien plus forte en France que dans d’autres systèmes scolaires voisins. L’histoire, la géographie, les sciences... ne sont même pas cités dans la circulaire de rentrée du ministre et la maigre formation continue des enseignant.es sera encore et encore dévolue au français et aux mathématiques.
Le ministre a annoncé un ”plan d’action pour la maternelle, afin qu’elle soit plus encore à la hauteur des ambitions de réussite et d’épanouissement qu’elle porte pour chacun de ses élèves”. Cette phrase constitue l’entièreté du propos concernant l’école maternelle. Aucune précision n’est donnée sur ledit plan. Le SNUipp-FSU restera vigilant à la préservation de la spécificité de la maternelle et s’opposera à toute primarisation de celle-ci (l’objectif de l’école maternelle n’est en aucun cas un formatage des élèves en vue de la réussite des évaluations nationales de CP !).
L’amélioration des conditions de l’école inclusive se résume à une augmentation, toujours insuffisante, du nombre d’AESH (4000 pour tout le territoire, premier et second degrés confondus, alors que le nombre d’élèves en situation de handicap augmente de 6% par an) et 300 ULIS supplémentaires (toujours premier et second degrés sur tout le territoire). Les difficultés liées à l’inclusion sont pourtant l’une des premières préoccupations actuelles dans les classes, y compris en milieu ordinaire ; l’une des premières sources de souffrance pour les élèves comme pour les enseignant.es. Rien n’est dit sur les conditions de travail, d’emploi et de rémunération des AESH.
Évaluations
Les évaluations nationales auxquelles les enseignant.es des niveaux concernés (CP et CE1) ne trouvent pas de sens, sont maintenues ”pour développer la culture de l’évaluation afin de répondre aux difficultés des élèves et mettre en place une pédagogie adaptée”. Elles sont renforcées par une expérimentation sur échantillons en CM1.
Pour le SNUipp-FSU, ce sont les enseignant.es, professionnel.les, les mieux placé.es pour construire
les évaluations qui leur permettront de faire progresser leurs élèves et de rendre compte aux parents des progrès de leur enfant. Les batteries d’exercices des évaluations nationales apparaissent peu adaptées et représentent une perte de temps pour beaucoup de classes où les enseignant.es sont alors obligé.es de pratiquer une double évaluation.
Les évaluations d’écoles se généralisent à cette rentrée. 20% des écoles doivent être concernées chaque année. Ces évaluations ressemblent à des audits et nécessitent beaucoup de temps aux équipes enseignantes dont le financement n’est pas prévu. Les enseignant.es concerné.es seront alors privé.es du temps de formation continue (déjà très réduit) pour mener à bien ces évaluations d’écoles. Le ministre Blanquer avait annoncé la publication des résultats. Le SNUipp-FSU dénonce une volonté de mise en concurrence des écoles.
Pour le SNUipp-FSU, les évolutions envisagées ne permettront pas de résoudre les difficultés rencontrées à l’école. Au contraire, elles contribueront à accentuer encore les inégalités entre les élèves et les difficultés des enseignant.es et AESH. Elles ne permettront pas non plus de rendre au métier d’enseignant.e l’attractivité qu’il mérite afin d’enrayer le recrutement de personnels contractuels placés devant des classes sans formation.
Le SNUipp-FSU appellera à une mobilisation dans un cadre intersyndical le 29 septembre. D’autre initiatives seront également proposées par la FSU dans les semaines à venir."
SNUipp-FSU 25