Dans un entretien à l'AFP, le Premier ministre - qui a été ministre de l’Éducation six mois avant d'être appelé à Matignon en janvier - a souligné qu'il parlerait de "groupes de niveau" parce que ça lui semble "plus clair pour les Français".
Et il y aura bien "trois groupes selon le niveau de difficulté des élèves, avec un objectif: qu'on puisse faire le point sur le niveau des élèves, ce qui permettra de changer de groupe".
Après des semaines de consultations, la ministre de l’Éducation Nicole Belloubet, arrivée rue de Grenelle il y a un mois, avait annoncé la semaine dernière une "certaine souplesse" dans la mise en place l'an prochain en 6e et 5e de ces groupes, censés élever le niveau des élèves. Elle avait préféré les qualifier de "groupes de besoin" et évoqué la possibilité de "rassembler les élèves en classe entière" à certains moments.
Des mots qui avaient soulagé les syndicats enseignants, qui y ont vu un infléchissement de cette réforme, à laquelle ils sont fortement opposés. Mais Gabriel Attal avait réaffirmé dès le lendemain que ces groupes seraient bien des "groupes de niveau".
"Qu'importe le nom, pourvu qu'il y ait la mesure", a déclaré mercredi Gabriel Attal auprès de l'AFP, sans préciser si l'expression "groupe de niveau" figurerait dans les textes officiels qui seront publiés vendredi pour mettre en place le "choc des savoirs" - l'ensemble de mesures décidées pour élever le niveau des élèves.
"La règle, c'est le groupe"
Le chef du gouvernement a assuré qu'il y aurait des moments en classe entière, mais ajouté "que sur les trois quarts de l'année au moins, il faut que les élèves suivent leurs enseignements en français et en mathématiques dans les groupes de niveau". "Donc la règle, c'est le groupe, et l’exception, très encadrée, c'est la classe", a-t-il poursuivi.
"C'est très agaçant de voir que Gabriel Attal reste campé sur sa décision de faire du groupe de niveau la règle", a réagi auprès de l'AFP Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, principal syndicat du second degré (collèges et lycées).
Selon elle, le Premier ministre "reste déconnecté de la réalité de ce qui se passe en classe et il n'a pas pris du tout en compte le rejet des enseignants et des parents d'élèves sur ce sujet".
Pour Jérôme Fournier, secrétaire national du SE-Unsa, "il est urgent d'attendre la publication des textes officiels". "Dire que la classe, c'est l'exception est une souplesse relative" et "on persiste à penser que les groupes sont néfastes pour les élèves", a-t-il dit à l'AFP.
En décembre, Gabriel Attal, alors ministre de l’Éducation, avait annoncé la création de groupes de niveau en 6e et en 5e à partir de la rentrée 2024, et à partir de septembre 2025 pour les classes de 4e et 3e.
Les syndicats enseignants et de chefs d'établissements pointent un risque de "tri" des élèves et relèvent un manque de moyens pour les mettre en place. Depuis janvier, des mobilisations ont eu lieu contre cette réforme.
Concernant les moyens, Gabriel Attal a assuré que "si on se rend compte ici ou là, dans telle académie, dans tel établissement, que des postes supplémentaires sont nécessaires, on continuera à y ajouter des moyens", mais sans préciser aucun montant.
"Aucune divergence"
Le Premier ministre s'est par ailleurs défendu de toute "divergence" avec la ministre de l’Éducation sur ce sujet. Le Premier ministre a aussi assuré ne pas vouloir reprendre la main sur les sujets éducation, alors qu'il multiplie cette semaine les déplacements, discours et réunions consacrés à l'école.
Après un déplacement lundi à Arras, où l'enseignant Dominique Bernard a été tué il y a cinq mois, il se rendra jeudi dans un collège de Chartres (Eure-et-Loir) avec la ministre de l’Éducation. Il y animera une réunion en visio-conférence avec les chefs d'établissements (collèges, lycées), notamment sur les groupes de niveau. "J'ai dit le premier jour de ma nomination à Matignon que j'emmenais avec moi la cause de l'école", a-t-il rappelé. "Je n'ai jamais perdu le fil".
(Source AFP)