Peut être avez vous déjà remarqué ce drapeau, disséminé un peu partout à Besançon. D’aspect similaire au drapeau belge, il en diffère cependant par le sens inversé de ses couleurs. Quand le rouge est cloué à la hampe, c’est le drapeau bisontin.
Aussi loin que remontent les archives de la ville, la première trace de l’histoire du drapeau se trouve en 1442. A cette époque, il est important de rappeler que Besançon (Vesontio), ville libre depuis 1290, est divisée en sept quartiers ou bannières, chacun possédant ses propres armoiries. Sur plusieurs d’entre elles, on retrouve certaines des couleurs du futur drapeau : jaune, noir et rouge.
En 1442 donc, les Bisontins acclament l’entrée dans leur ville de l’Empereur Frédéric III (élu en 1440 - mort en 1495 et aussi connu dans l’histoire sous le nom de Frédéric IV). La foule brandit des drapeaux jaunes, d’autres brandissent des rouges et d’autres des noirs. Pas de drapeau tricolore, mais on retrouve ancrée dans la tradition locale les trois couleurs des armoiries de la ville.
Des armoiries qui se blasonnent « d’or à l’aigle éployée de sable lampassée de gueules (*), tenant de ses serres deux colonnes de gueules brochant sur les ailes ». Un aigle qui n’est pas tombé du ciel. Il était déjà présent sur la bannière de certains quartiers de la ville dès le XIIIème siècle et symbolise le pouvoir impérial.
En héraldique, le sable correspond à la couleur noire, l’or au jaune et le gueules (*) au rouge. Plus simplement, les armoiries de Besançon représentent un aigle noir impérial sur fond jaune qui tient dans ses serres deux colonnes rouges.
En 1870-1871, après la guerre perdue contre la Prusse, Besançon commande des drapeaux aux couleurs de ses armoiries qui sont, rappelons-le, le jaune, noir et rouge.
Lors de la première commande de drapeaux, le fabricant a livré des drapeaux belges. C’est en tout cas ce que relève un extrait des archives du 17 février 1923 : « Le fabricant chargé de la fourniture disposait sans doute d’un fort stock de drapeaux belges dont les couleurs sont les mêmes quoique disposées dans un ordre différent, et il s’empressa de les offrir à la municipalité qui accepta, sans se rendre compte du malentendu ». Besançon a donc vécu avec le drapeau belge déployé dans toute la ville… Une belle supercherie qui dura au moins 40 ans puisque le conseil municipal avait décidé en 1924 de ne changer les drapeaux qu’au fur et à mesure de leur usure.
Aujourd’hui tout est rentré dans l’ordre et les drapeaux sont tous conformes « à la tradition historique ». Besançon, après avoir été romaine (sous le Saint Empire romain germanique), hollandaise (sous Charles Quint, souverain des Pays-Bas puis sous son fils Philippe II) et allemande (pendant l’Occupation) aura donc été un peu belge, le temps de quelques années.
Quentin Buchberger
(*) Au Moyen Age, la couleur rouge de l’écu