"Fais-moi peur !
Un patient en HO judiciaire qui fugue de l’hôpital et voilà la machine médiatique, policière, administrative qui s’emballe.
- La presse écrite produit un article obscène et truffé d’erreurs où la notion de secret médical est rangée au musée des antiquités. Digne des meilleurs discours de Sarkozy sur la psychiatrie sécuritaire.
- La police amène les chiens qui ont repéré, les braves bêtes, que la piste du fugueur s’arrête de l’autre côté de la fenêtre de sa chambre.
- La préfecture déclenche une enquête administrative, dont une des premières questions est de savoir comment les fenêtres peuvent s’ouvrir si facilement. La bonne blague ! La préfecture et l’ARS sont bien les seules à ne pas savoir que les soignants et ASH des unités d’admission dénoncent la mauvaise qualité (c’est un euphémisme) de ces fenêtres, depuis 2008.
Une mise au point s’impose donc.
Par les temps qui courent, le préfet du Doubs et de la région, M. Stéphane Fratacci, rencontre des pannes de stylos. Quiconque arrive au CH de Novillars en HO et quelles qu’en soient les raisons, se verra refuser ses premières permissions de sortie par la Préfecture. Cela, en faisant fi des certificats médicaux.
De plus, même lorsque ces permissions sont enfin acceptées par le préfet, il faut que les patients soient accompagnés, souvent, par deux soignants. Quand on connait le niveau des effectifs imposé par l’état – dont le préfet est le représentant – c’est mission impossible.
Comment s’étonner ensuite du désespoir de patients qui voient la possibilité de permission et, à fortiori, de levée d’HO et de sortie s’éloigner de jour en jour ?
La presse écrite ne s’est pas souciée du sort des soignants et des patients de bien des unités – les Gentianes/Rosiers, par exemple – dont les équipes ont tourné, durant tout l’été, sous l’effectif minimum et dont les patients n’ont, parfois, même pas pu sortir de leur chambre, certains jours !
Le préfet ne doit pas se souvenir que la moitié des lits de psychiatrie a été supprimé en 20 ans. Que les budgets des hôpitaux publics sont réduits par les gouvernements successifs, d’année en année, tout comme les effectifs.
L’image du fou dangereux en cavale fait vendre du papier, s’agiter les administrations et les bureaucraties. Le sort des hôpitaux publics : bâtiments, personnel, patients, laissés en déshérence par les politiques d’austérité, c’est peut-être moins porteur. Mais il s’agit de notre quotidien. Au CH de Novillars, comme dans tous les hôpitaux du pays.
Pourquoi cela ne fait-il pas la Une des journaux ?"
(Communiqué)