Dijon veut-elle déclencher la guerre entre les Universités de Bourgogne et de Franche-Comté ?

Nouvel épisode dans la gue-guerre Dijon – Besançon et entre la Bourgogne et la Franche-Comté. Une vaste campagne de communication déployée la semaine dernière par la Métropole de Dijon dans 14 villes de la région enclenche une nouvelle polémique. Elle incite les étudiants à rejoindre une des 400 formations de l’Université de Bourgogne. Campagne déplacée ? Campagne dépassée ? Les affiches publicitaires agacent. Même l’Université de Bourgogne, gênée, dit ne pas avoir été associée et déclare vouloir prendre de la distance avec cette campagne de pub.

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"Rejoignez l'Université de Bourgogne ! + de 400 formations".  À quelques mètres du Campus de Besançon et en pleine période de portes ouvertes de l'Université de Franche-Comté,  la nouvelle campagne de la marque de la métropole "Just Dijon" pour recruter de nouveaux étudiants ne passe vraiment pas. Cerise sur le gâteau, elle déclare Dijon "capitale universitaire de Bourgogne-Franche-Comté".

Alors que les formations entre les deux Universités se veulent officiellement "complémentaires", Dijon se la joue à nouveau solo regrette-t-on dans les couloirs de l'université de Franche-Comté et de la mairie de Besançon.

"Alors que nous plaidons pour une grande université fédérale regroupant tous les sites universitaires, Dijon joue sa carte personnelle. Bug ou arrogance déplacée ?" s'interroge le Bisontin et vice-président du Conseil Régionale Patrick Ayache.

Une campagne qui gêne… même en Bourgogne

"Campagne dépassée" répond un rien agacé Jean-Louis Fousseret qui regrette une  guerre stérile. Le maire de Besançon estime sur sa page Facebook que les Bourguignons devraient la jouer plus "collectif"

"Étudiants, pas de choix à faire entre Dijon, Besançon et Montbéliard. Le vrai choix, c'est d'étudier en Bourgogne Franche-Comté !" indique-t-il sur le réseau social. "À l'heure où nous bâtissons une université forte pour notre région, cette campagne d'affichage est dépassée et ringarde. Félicitons l'université de Bourgogne et les autres établissements bourguignons pour leur prise de distance avec cette opération".

"Il paraît qu’à Besançon c’est mal pris. Mais c’est pas grave" s'est défendu jeudi dernier François Rebsamen en déclarant que le but de la campagne était de promouvoir l'offre de formations pour inciter les jeunes à rester dans la région. 

Cette campagne d'affichage sur les panneaux 4 x 3 est relayée dans 14 villes de Bourgogne Franche-Comté. Si elle fait monter la moutarde au nez de Besançon, d'autres villes semblent tout autant agacées par l'égoïsme insufflé par le slogan même de la métropole "Just Dijon". En Bourgogne, Nevers ou Auxerre ne semblent pas non plus se réjouir de cette publicité.

"Cette campagne tombe très mal…"

"On comprend bien le malaise de cette campagne de communication. On en a pris connaissance mercredi soir par nos collègues de Franche-Comté" explique Sylvain Comparot, directeur du cabinet du président de l'Université de Bourgogne. "L'Université de Bourgogne n'a pas été associée, ni de près ni de loin, à cette campagne. Aujourd'hui même, les chefs d'établissements de Bourgogne et de Franche-Comté sont en plein sauvetage de l'I-Site , un programme d'investissements associant des établissements bourguignons et francs-comtois. Cette campagne tombe très mal" déplore-t-il. "Nous n'avons ni l'envie ni intérêt d'être le grain de sable. L'Université de Bourgogne a la volonté de réunir dans l'intérêt de la jeunesse qui doit être notre seule boussole."

Un courrier signé par l'Université de Bourgogne, Agrosup et la Burgundy School Business, engagés dans l'I-Site, a été adressé à Jacques Bahi, le président de l'université de Franche-Comté, pour lui signifier une réelle prise de distance avec cette campagne.

Damien P. - Alexane A.

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