La chambre disciplinaire régionale rendra sa décision d’ici une quinzaine de jours concernant ces quatre ex-employés du centre de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), qui encourent une sanction pouvant aller de l’avertissement à la radiation.
Le conseil de l'Ordre des chirurgiens-dentistes de Saône-et-Loire reproche aux praticiens notamment des atteintes à la santé des patients et à la déontologie, évoquant des cas de "mutilation", de "sur-traitements" ou encore un "manque d'explication" des actes pratiqués. "S'il n'y avait pas eu appât du gain, ces dérives n'auraient pas eu lieu", a assuré Me Marie Vicelli, l'avocate de l'Ordre départemental. "Il n'est pas acceptable que des comportements individuels viennent nuire à la réputation de la profession des chirurgiens-dentistes."
Une seule praticienne à l'audience
Dans les centres Dentexia, créés sous la forme associative, les dentistes, salariés, devaient se concentrer sur les soins grâce à l'emploi, en nombre, d'assistantes et rationaliser les actes, en regroupant notamment en un seul rendez-vous ce qui est habituellement fait en plusieurs. "J'ai toujours travaillé en mon âme et conscience (...) je n'ai rien à cacher ni à me reprocher", s'est défendue la seule praticienne à s'être présentée à l'audience. "Cette affaire a été un véritable drame à mon niveau, le drame qu'ont vécu mes patients (dont) beaucoup sont des personnes proches."
"éliminer le fantasme des mutilations"
L'avocat des quatre dentistes, Me Philippe Rudyard Bessis, a pour sa part estimé que les griefs "ne sont pas justifiés", disant notamment vouloir "éliminer le fantasme des mutilations" et suggérant que ses clients, dont il demande la relaxe, pourraient être "des boucs émissaires" dans cette affaire.
La justice avait prononcé en mars 2016 la liquidation de Dentexia, créé par un consultant, Pascal Steichen. Le volet pénal est en cours d'instruction au pôle santé publique du tribunal de grande instance de Paris. L'enquête porte à la fois sur les conditions dans lesquelles ce modèle économique s'est effondré et sur les défauts dans les soins. Des centres avaient ouvert à Paris, Colombes, Lyon, Vaulx-en-Velin et Chalon-sur-Saône.
A présent, les victimes "attendent un procès pénal", selon Abdel Aouacheria, président du "Collectif contre Dentexia", qui regroupe près de 3.000 d'entre elles. Environ un millier a déposé un dossier pour bénéficier d'une aide financière du ministère de la Santé pour reprendre des soins.
(AFP)