Rappel des faits
En octobre 2012, plusieurs hommes, équipés de détecteurs de métaux, avaient fouillé de nuit un champ à Laignes (Côte-d'Or). Ils en avaient déterré environ 2.000 deniers gaulois en argent.
L'enquête n'avait débuté que fin 2013 après un signalement de la Direction régionale des Affaires culturelles (Drac) concernant des échanges sur Facebook de personnes qui avaient réalisé "des fouilles archéologiques interdites". Elles s'étaient mises en relation avec d'autres afin d'arranger "des transactions" sur les biens archéologiques trouvés.
Amendes de 30.000 euros
Après l'interpellation des suspects, l'un d'eux avait révélé au cours de sa garde à vue l'existence du trésor de Laignes, qui avait été en partie vendu. Vendredi devant le tribunal correctionnel, la peine la plus sévère a été réclamée contre un retraité de 65 ans, accusé notamment de recel après avoir acheté la majeure partie des monnaies pour un montant total de 30.000 euros. Son avocat, Me Samuel Estève, a plaidé la relaxe, estimant que le sexagénaire, collectionneur en tous genres, avait été "sans doute ébloui par ce trésor, avec de l'imprudence".
Deux autres prévenus, à qui il est reproché d'avoir mené les fouilles illégales, se sont vu demander 30.000 euros d'amende, dont la moitié avec sursis, correspondant au montant qu'ils ont retiré de la vente des pièces. Une amende de 15.000 euros avec sursis a été requise contre un autre prévenu, considéré comme le "troisième larron".
"On cherchait des trésors et pour moi, c'était un rêve de petit enfant"
Le cinquième, qui avait guidé les pilleurs présumés jusqu'au lieu de la fouille et avait ensuite joué les intermédiaires pour la vente du trésor, s'est vu réclamer une amende de 30.000 euros, dont 10.000 euros avec sursis. "On cherchait des trésors et pour moi, c'était un rêve de petit enfant", a déclaré un des prévenus à la barre, reconnaissant le caractère "illégal" de leur activité. "La loi m'aurait permis de le mettre dans un musée pour éviter ça", a-t-il dit en désignant le tribunal, "Je l'aurais fait".
Un autre, qui s'est défini comme "passionné de numismatie celtique", a estimé qu'une "dizaine" de pièces de ce trésor étaient "inédites".
Pour le chef du service régional d'archéologie Michel Prestreau, ces deniers gaulois, découverts à "une heure de marche d'Alésia", ont pu appartenir à "des mercenaires gaulois à la solde de César revenant du siège d'Alésia". "Mais quand un objet est sorti de son contexte, il perd 90% de sa valeur", a-t-il regretté.
Le jugement a été mis en délibéré au 13 novembre.