En Bourgogne-Franche-Comté, on observerait l'été 1,3 degré de plus entre les périodes 1976-2005 et 2021 -2050. Pour autant, les températures plus élevées que par le passé resteraient en deçà de celles des régions du sud et de la moyenne de France métropolitaine. De 2021 à 2050, l’ensemble de la Bourgogne- Franche-Comté serait exposé à une hausse significative du nombre de journées et de nuits anormalement chaudes pendant les mois de juin, juillet et août. Elle connaîtrait alors sur tout son territoire entre 16 et 29 journées (21 jours en moyenne) et entre 8 et 19 nuits (11 nuits en moyenne) anormalement chaudes.
Cette tendance est inédite, car avant 2005, le nombre de journées anormalement chaudes ne dépassait pas 15 (13 jours en moyenne), tandis que les nuits n’excédaient pas 7 (3 en moyenne). En France métropolitaine, la région ferait ainsi partie avec l’Occitanie et Auvergne-Rhône-Alpes des régions les plus touchées par une hausse des écarts de température par rapport à la référence passée.
Les habitants en basse et moyenne montagne seraient les plus concernés
Sur les zones côtières, l’influence du littoral maritime permettrait d’atténuer le phénomène alors que les zones de basse et moyenne montagne seraient les plus touchées. Dans la région, l’absence de façade maritime et la présence de plateaux d’altitude accentueraient ces excès de chaleur diurne et nocturne.
Les massifs montagneux du Jura, du Morvan et des Vosges seraient particulièrement touchés avec plus de 20 journées et 11 nuits anormalement chaudes par été au cours des trente prochaines années. En raison de leur altitude moyenne, entre 300 et 1 000 mètres, ces territoires seraient plus sensibles aux changements climatiques marqués par rapport aux normales saisonnières des années 1 976-2005.
En hiver, le nombre de nuits anormalement peu froides augmenterait aussi fortement
Au cours des hivers des prochaines décennies, la Bourgogne- Franche-Comté devrait également être confrontée à une hausse du nombre de journées et de nuits anormalement chaudes. Les nuits seraient plus concernées que les journées. En moyenne, plus de 12 nuits anormalement peu froides seraient constatées sur toute la région au cours des 3 mois d’hiver. Les journées anormalement chaudes seraient plus importantes dans le sud-ouest de la Saône- et-Loire, le Jura et la bande frontalière suisse. Ces hausses de nuits anormalement chaudes en hiver pourraient engendrer un stress hydrique pour la région.
Un Bourguignon-Franc-Comtois sur six particulièrement surexposé
En Bourgogne-Franche-Comté, près de 500 000 habitants seraient ainsi concernés par plus de 20 journées et plus de 1 1 nuits anormalement chaudes. Cela concernerait près de 1 6 % des habitants contre 6 % au niveau métropolitain.
De plus, 3 autres habitants de a région sur 10 seraient exposés à plus de 20 jours anormalement chauds par été, mais à moins de 11 nuits.
La succession de ces journées et nuits anormalement chaudes a des répercussions sanitaires sur les organismes. Les températures nocturnes, habituellement basses, permettent de mieux récupérer et de supporter les fortes chaleurs de la journée. Les personnes les plus fragiles (personnes âgées de plus de 75 ans et enfants de moins de 6 ans) sont davantage vulnérables face à ces anomalies de température. Elles ont plus de difficultés à s’hydrater seules. Cependant, ces personnes fragiles seraient touchées dans les mêmes proportions que l’ensemble de la population régionale.
Les personnes vivant sous le seuil de pauvreté sont aussi davantage vulnérables face aux fortes chaleurs notamment en raison de leurs conditions de logement, souvent mal isolé et non climatisé. Résidant plutôt en milieu urbain qu’en zone montagneuse, elles seraient toutefois moins exposées aux hausses des températures nocturnes, plus marquées en altitude.
Ces chaleurs exceptionnelles pourraient aussi perturber l’activité économique et touristique. Certains professionnels travaillant en extérieur sont plus exposés à la chaleur (travailleurs agricoles, ouvriers de la construction). La société dans son ensemble devra s’adapter à ces phénomènes. De plus, la faible pluviométrie combinée à ces températures pourrait avoir des conséquences néfastes notamment sur les productions agricoles et la ressource en eau.
- Source : Jean Dupin, Fabrice Loones (Insee)