"Bien entendu, il sera loisible à chacun (...) de se rendre dans ces stations pour profiter de l'air pur de nos belles montagnes, des commerces - hors bars et restaurants - qui seront ouverts. Simplement, toutes les remontées mécaniques et les équipements collectifs seront fermés au public", a déclaré le Premier ministre lors d'une conférence de presse.
"Quelle que soit l'importance des efforts que sont prêts à consentir les gestionnaires et les responsables de stations, il ne serait en effet pas prudent de laisser se rassembler des flux très importants de population avec des activités susceptibles de solliciter par ailleurs les services hospitaliers", a justifié Jean Castex.
- Cette décision était très redoutée par les professionnels du ski et les élus des régions concernées. Dans une tribune publiée jeudi, ils ont estimé qu'il n'y avait "aucune raison crédible à ne pas rouvrir" dès les vacances de Noël, qui représentent entre 20 et 25% de leurs recettes.
Selon eux, il y a "un enjeu économique et social majeur pour une filière qui représente plus de 11 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel, 2 milliards d'euros d'exportations" et qui "fait vivre un tissu d'entreprises locales, qui emploie plus de 120.000 personnes dans des territoires dont l'économie locale repose souvent pour l'essentiel sur ce secteur".
Le Premier ministre a évoqué jeudi des discussions en vue "d'indemniser les pertes de recettes occasionnées par cette décision" et de "préparer au mieux la période suivante, à partir de janvier", où une ouverture "plus large" pourrait être décidée si la situation sanitaire s'améliore. Il a aussi assuré vouloir régler la situation des travailleurs saisonniers, très présents dans les stations de ski en temps normal.
Par ailleurs, le Premier ministre a indiqué que la France était active "sur le plan européen pour que ces règles puissent être le plus harmonisées possible", alors que l'Allemagne souhaite demander à l'Union européenne d'interdire jusqu'au 10 janvier les séjours de ski, malgré l'opposition de l'Autriche et des professionnels du secteur.
Une aberration pour les domaines skiables de France
Les Domaines skiables de France (DSF), opérateurs des remontées mécaniques des 250 stations de ski françaises, dénoncent une "aberration" après l'annonce jeudi de Jean Castex d'une ouverture des stations sans remontées.
"C'est une aberration car c'est une activité de plein air! ", a réagi auprès de l'AFP Alexandre Maulin, président de DSF, qui se dit "atterré".
"La situation est unanime: les demandes d'annulations s'il n'est pas possible de faire du ski sont gigantesques: 85 à 90% des gens qui viennent à la montagne font du ski", a rappelé M. Maulin, qui parle de "20 à 30% de l'activité remise en cause".
"Conscients que la situation sanitaire est une priorité, nous cherchions des solutions pour des orientations vers le privé, pour ne pas saturer l'hôpital public, et tout notre travail a été balayé d'un revers de main mardi soir (par le président de la République) et confirmé ce jeudi matin" par le Premier ministre, a déploré le responsable.
Il a assuré que les opérateurs allaient "continuer à venir au contact du gouvernement et à demander des explications".
(Avec AFP)