Les antennes Free qui agitent les riverains de ce quartier ne sont pas encore en construction, mais ça ne saurait tarder sur un bâtiment de la rue des Brosses. Début avril, un panneau de déclaration préalable de travaux a été découvert par les riverains, indiquant le projet d'implantation d'antennes Free, cachées dans un ensemble de quatre grandes cheminées, réparties sur les quatre coins du toit du bâtiment. "Ce bâtiment est par ailleurs plus bas que les bâtiments environnants, certaines cheminées seront à une hauteur de 20 mètres, soit à la hauteur de nombreuses habitations", précise Catherine, habitante du quartier, dont l'appartement sera à la hauteur des antennes et à seulement quelques mètres.
"Colère et inquiétude"
Face à ce projet, un collectif d'habitants du quartier s'est improvisé. Il a pu se procurer le dossier auprès de la mairie "mais il ne donne aucune valeur sur les puissances et fréquences émises et par conséquent, sur les niveaux de champs électromagnétiques qui seront produits dans les logements", note Catherine. Quelques jours plus tard, le collectif découvre qu'il s'agira bien d'antennes 3G, 4G et 5G.
L'inquiétude des habitants s'accentue du fait de la présence des écoles Fanart et Montrapon dans la zone de couverture de ces antennes, ainsi que le square Coluche fréquenté par le public, dont des enfants. Les riverains pensent également à la présence d'espèces protégées telles que les chauve-souris.
"Nous sommes d'une part en colère parce qu'il n'y a eu aucune concertation avec les habitants. En 2019, Free avait annoncé sa volonté de s'implanter dans la co-propriété dans laquelle je vis, mais la majorité du syndic avait voté contre ce projet. Cela n'a pas découragé Free puisqu'ils ont contacté d'autres co-propriétés et l'une d'elle a accepté", nous raconte Catherine. "D'autre part, nous sommes en colère parce que nous n'avons pas besoin de ces antennes, le quartier a la fibre, nous ne sommes pas en zone blanche !"
Les habitants sont également inquiets parce qu'ils ne connaissent pas "les effets de ces antennes sur la santé".
Des courriers à la mairie sans réponse, une pétition en ligne, des élus en soutien
Malgré plusieurs courriers avec accusé de réception envoyés à la mairie de Besançon, "il n'y a aucune réponse, aucune proposition de réunion d'information ou de concertation", dénonce Catherine. Elle nous confie : "Nous aimerions simplement la rencontrer, qu'elle vienne nous voir pour échanger, qu'elle nous soutienne et pourquoi pas qu'elle contacte Free".
Une pétition a été diffusée dans le quartier récoltant à ce jour 280 signatures et 130 sur la pétition en ligne.
Lors d'une visite de quartier, Ludovic Fagaut, conseiller municipaL Les Républicains, bien que favorable à la 5G, a fait part aux riverains de son "étonnement en constatant la proximité des bâtiments dans cette zone par rapport à la position des antennes, ainsi que l'absence de concertation avec les habitants en amont du projet", rapporte Catherine. Par la suite, l'élu a évoqué le sujet en conseil municipal du 20 mai dernier, "mais la municipalité ne s'estime pas en mesure de s'y opposer juridiquement, malgré son positionnement politique vis-à-vis de ce type d'installation. Anne Vignot avait annoncé pendant sa campagne un moratoire sur la 5G en attendant les conclusions de l'ANSES".
Réponse de la mairie
Ce mardi après-midi, l'entourage de la maire de Besançon nous a indiqué que cette absence de réponse au collectif n'était "en aucun cas suite à un manque d'intérêt de la part de la maire, mais nous avions besoin de réunir toutes les informations des différents services afin d'apporter une réponse claire."
Aujourd'hui, les services de la mairie sont en mesure de dire que ce projet d'implantation de ces fausses cheminées renfermant des antennes Free a été accepté par une co-propriété, un lieu privé, "donc la ville n'a pas son mot à dire."
Ensuite, pour cette installation, Free a respecté le protocole, c'est-à-dire d'effectuer une déclaration en mairie et une déclaration d'urbanisme. "Là aussi, la mairie n'est pas en mesure de refuser." On nous explique que "si la mairie refusait, Free pourrait entamer des poursuites judiciaires et les multiples expériences d'autres communes ont prouvé que nous n'aurions pas gain de cause." En d'autres termes, "il n'y a aucune issue favorable" selon un proche d'Anne Vignot.
Par ailleurs, une rencontre entre la maire et Free est prévue "prochainement". L'opérateur a également l'intention de rencontrer le collectif du quartier Fontaine-Ecu. "Mais dans tous les cas, sur un projet comme celui-ci, nous n'avons aucun levier, aucun arsenal juridique, nous avons tout étudié", nous confie-t-on.
A suivre...