Gamin, parait-il qu’il rêvait d’être président de la République. Il n’est pas arrivé jusque-là. N’empêche qu’il a consacré une bonne moitié de sa vie à la politique. Il serait d’ailleurs plus juste de dire à la chose publique. Plutôt que de ferrailler sans cesse avec ses adversaires, il préférait « mener un projet de A à Z » par la persuasion tranquille. C’est ça « la fierté du maire », disait-il tout au long de ses quatre mandats de premier magistrat de Besançon, de 1977 à 2001, et même avant puisqu’il a été élu maire pour la première fois en 1959 au Russey dans le haut Doubs où il a débarqué comme instituteur.
Né le 11 janvier 1928 à Montbéliard de parents protestants très modestes - son père était menuisier et sa mère femme de ménage-, Robert Schwint avait alors 31 ans. A partir de là, il a enchainé 42 ans de mandats: conseiller général du Doubs de 1976 à 1982, sénateur de 1971 à 1988 où il a assuré la présidence de la commission des Affaires sociales, membre de droit du conseil régional de Franche-Comté jusqu’en 1986 puis conseiller régional, député du Doubs de 1988 à 1993 et, bien sûr, maire de Besançon pendant quatre mandats de 1977 à 2001.
Un parcours « en toute simplicité »
A l’issue de ce parcours « en toute simplicité », titre d’un livre publié en 2003 aux éditions Gunten, Robert Schwint, le social-démocrate, plus proche d’Edgar Faure et d’André Boulloche que de Jean-Pierre Chevènement, garde une image intacte. Ses adversaires politiques, qui n’ont jamais réussi depuis la guerre à reprendre Besançon, lui reconnaissent une qualité d’écoute et une réelle proximité avec les gens. Premiers à réagir hier à Besançon à la suite de l’annonce de son décès, trois élus UMP. La réaction de Françoise Branget, députée de droite, est élogieuse et prend acte d’un bilan flatteur.
« Robert Schwint a su au cours du quart de siècle passé à la tête de Besançon, imprimer son image d’humaniste et d’homme de progrès. Par sa proximité vraie avec les gens, son franc-parler et la passion qu’il nourrissait pour notre Cité, il restera longtemps dans le cœur des Bisontins en digne successeur de Jean Minjoz.
Attaché à la défense d’un patrimoine vivant, il a rendu aux façades leur lustre, et contribué à l’essor touristique grâce à l’ouverture de la Citadelle au public. Soucieux de l’amélioration de la qualité de vie des habitants, il a permis une meilleure fluidité de la circulation grâce à la réalisation du tunnel sous la Citadelle et a donné l’impulsion pour les grands projets d’équipements sportifs et culturels comme le nouveau Palais des sports, le stade Léo Lagrange ou encore le Marché Beaux-Arts.
Doté d’une vision sociale réaliste et juste, il a réussi l’implantation d’un CHU moderne à Planoise et a œuvré pour la rénovation du parc des logements sociaux. Homme simple et bon, il a géré la ville avec une extrême prudence et une parfaite lucidité. Toujours animé par l’intelligence du consensus, il a permis à la Franche-Comté, en collaboration avec les exécutifs locaux, de se développer au-delà des clivages partisans ».
La promesse non tenue de Moscovici
Finalement c’est dans son propre camp qu’il a été le plus gêné aux entournures. N’a-t-il pas rendu sa carte du PS quand Pierre Moscovici a « oublié sa promesse » de positionner Simone Schwint, son épouse, en position d’éligibilité sur la liste du PS aux régionales de 1998 ? Mal en a pris à l’ancien secrétaire d’Etat puisqu’elle a été élue en présentant une liste de gauche dissidente…
Autre contretemps, lors de sa succession en 2001, les choses ne se sont pas passées comme il le souhaitait. Il a reconnu il y a quelques mois que Jean-Louis Fousseret n’était pas son « poulain ». « J’ai laissé le soin au parti socialiste de choisir mon successeur », a-t-il affirmé dans une interview à La Presse Bisontine. Il a également considéré comme « un échec » le projet non abouti d’un funiculaire pour accéder à la Citadelle.
Robert Schwint sera enterré samedi à Besançon lors d’un service protestant célébré en l’église Saint-Pierre à 11h. Les personnes souhaitant lui rendre un dernier hommage pourront venir se recueillir autour de lui vendredi 28 janvier en l’Hôtel de Ville de Besançon, place du Huit Septembre, de 9h à 20h.