"On ne me reconnaît pas dans la rue. Je pourrais passer derrière une affiche sans la décoller. Les personnages peuvent devenir des mythes mais pas nous, leurs pères", disait le co-inventeur du rival mondial de Tintin et de Mickey.
Portant le poids des ans avec prestance et un détachement amusé, Albert Uderzo sera finalement resté un homme peu connu, de caractère réservé et d'allure tranquille,
A l'instar d'Hergé pour Tintin, Uderzo ne voulait pas de nouveaux Astérix après sa mort. Il a finalement changé d'avis. En 2011, souffrant d'un rhumatisme articulaire à la main droite, il passa le relais (en accord avec Anne Goscinny, unique ayant-droit de son père) à des auteurs plus jeunes, tout en suivant de près leur travail, là encore couronné de succès.
"Ma main n'était pas faite pour ce métier, racontait-il. Regardez les +patasses+ que j'ai ! Ce sont des mains de charcutier, j'ai de gros os, comme mon père. J'ai encré tous mes dessins au pinceau, ce qui requiert beaucoup d'adresse. J'ai dû miner ma main en travaillant comme ça".
Apparition d'Astérix
Anti-archétype du Gaulois viril, Astérix fait son apparition dans le premier numéro du magazine "Pilote" en octobre 1959, à la page 20. Le numéro s'arrache. Cette même année, Uderzo crée, avec le scénariste Jean-Michel Charlier, "Les aventures de Tanguy et Laverdure", un succès (c'est le frère cadet d'Albert, Marcel, qui s'occupa en partie des couleurs).
n 1961, paraît "Astérix le Gaulois", premier album d'une longue série. Rapidement, le dessinateur aux traits si expressifs ne se consacrera plus qu'aux aventures du Gaulois à gros nez.
En 2008, c'est "La zizanie", titre du 15e album, qui résume tristement le dur conflit entre Albert Uderzo et sa fille unique, Sylvie. Ils se déchirent autour de la prise de contrôle par Hachette Livre de 60% des éditions Albert-René, dont Sylvie détient les 40% restants. Après sept ans de guerre ouverte et de procédures judiciaires, ils se sont réconciliés en 2014 mais, disait-il, cette affaire "m'a miné".
(Source AFP)