De Rioz aux JO, le groupe haut-saônois Abéo, équipementier officiel de Paris 2024

Publié le 26/06/2023 - 18:32
Mis à jour le 05/08/2024 - 15:42

Le groupe Abéo fait partie des leaders mondiaux du secteur des équipements de sport et de loisirs. Le siège du groupe est basé à Rioz en Haute-Saône, où nous avons rencontré le président directeur général d’Abéo, Olivier Estèves, un an avant le début des Jeux olympiques de Paris. 

La réussite d’Abéo ne s’est pas construite en un jour. À l’origine du groupe, on retrouve une filiale haut-saônoise spécialisée dans le produit de second oeuvre du bâtiment qui prospère dans les 30 glorieuses, mais qui subit également de plein fouet la crise économique des années 70. En 1981, l’entreprise est alors rachetée par ses salariés, menés par le père d’Olivier Estèves qui restera à la tête de ce groupe nommé France Équipement durant deux décennies.

En 1992, le passage de relais s’effectue entre le père et le fils. Olivier Estèves connait alors des années difficiles et passe par un dépôt de bilan. "On en sort en 1996 avec un plan de continuation", se remémore le PDG d’Abéo qui, à l’époque, se sent prêt à "repartir plus fort". 

Aidé d’une équipe "très rajeunie mais qui réunit de belles compétences", le directeur a alors la conviction qu’il doit compléter son activité axée exclusivement sur les aménagements de vestiaires en collectivités. "Avec les vestiaires, on était dans l’antichambre de la pratique sportive", nous explique-t-il. Il était donc logique que le groupe ait "envie de rentrer dans le gymnase comme les usagés".

En 2002, Abéo entre dans le jeu

L’opportunité de faire son entrée dans le monde du sport se présente en 2002, lorsque le groupe rachète une entreprise marseillaise spécialisée dans les équipements de gymnastique, d’éveil d’entraînement et de compétition appelée Gymnova. 

© Abéo

Un choix judicieux qui permet à Abéo de prendre progressivement position sur des marchés internationaux et de grandes compétitions internationales. Une décision qui va surtout s’avérer payante puisque dix ans plus tard, la marque équipe les Jeux olympiques de Londres, puis ceux de Rio de Janeiro en 2016 après avoir commencé par les championnats du monde de gymnastique artistique en 2006 et 2009. 

Trois divisions

La société Gymnova compte également une filiale présente sur le segment des murs d’escalade. Olivier Estèves et son équipe y décèlent un potentiel de croissance et la développe à l’étranger. Aujourd’hui, les activités du groupe sont réparties en trois divisions :

  • Sport : gymnastique, éducation physique et sports collectifs. Marques Gymnova, Spieth et Janssen-Fritsen. 
  • Escalade et sportainment : escalade et loisirs sportifs. Marques EP, Dock 39, Climat, Clip’n climb, Fun Spot. 
  • Vestiaires : aménagement de vestiaires, cabines armoires et casiers. Marques France Équipement, Sanitec, Navic en France.

À Paris en 2024, comme pour Tokyo en 2021, Abéo sera de nouveau présent aux prochains Jeux olympiques à travers trois de ses marques : Gymnova (gymnastique), EP (escalade) et Schelde Sports (basket-ball). Si la règle olympique impose l’absence de publicités visibles aux caméras sur "le Field of play", c’est-à-dire l’espace de compétition, Olivier Estèves assure que "ce n’est pas du tout un problème car les acteurs du monde du sport savent déjà qui équipent les jeux". 

Des retombées économiques "non négligeables"

Les fédérations ont en effet besoin de cette information car elles "équipent leurs centres de haut-niveau selon l’équipementier retenu pour les JO". Olivier Estèves nous confie que "le monde de la gymnastique sait que c’est Gymnova qui équipera la gymnastique, celui de l’escalade sait que c’est EP qui fournira les murs tandis que celui du basket a connaissance que le matériel sera fourni par Schelde Sport". Tout cela assure donc au groupe des retombées économiques "non négligeables". 

© Abéo

Désormais sélectionné, Abéo est actuellement en coordination avec le comité organisateur pour préparer Paris 2024. Un timing réglé "à la minute près" nous confie le PDG qui prévoit d’envoyer à la capitale son matériel comprenant notamment cinq plateaux de gymnastique à bord de 70 semi-remorques. Plus de 50 personnels seront également présents sur place, aidés de plusieurs bénévoles pour gérer la maintenance et la manutention des équipements qu’il faudra opérer durant la quinzaine olympique. 

Des équipements créés aux couleurs des Jeux

Ne reste désormais plus qu’à la holding de mettre son matériel aux couleurs du "look of the Games". Les couleurs retenues étant le bleu, rouge, vert et violet afin d’illustrer "la richesse et la diversité de la France", prévient le site internet Paris 2024. Abéo devra donc fabriquer ses équipements et les décliner aux couleurs des Jeux.

Être retenu pour des JO qui se déroulent en France a une saveur particulière, nous confie Olivier Estèves qui confirme un "plaisir supplémentaire" et une certaine "fierté de pouvoir être présent et de jouer à domicile". Le président avoue d’ailleurs non sans mal : "on l’aurait eu particulièrement mauvaise de voir un de nos concurrents internationaux nous damer le pion à la maison". Selon lui, "pouvoir contribuer à l’organisation des jeux à notre petite échelle, c’est un motif de grande satisfaction pour nous et toutes nos équipes".

© Abéo

Désireux de "montrer le meilleur de notre expertise et de notre savoir-faire", Olivier Estèves sera présent sur place, à Paris, notamment pour rencontrer les acteurs majeurs du monde du sport qui reconnaît que "d’un point de vue marketing, commercial et institutionnel c’est important d’y être". Mais sa présence aura également pour but de préparer l’avenir. "Dès que les Jeux de Paris seront terminés, il faudra penser encore davantage à ceux qui suivent : Los Angeles en 2028, Brisbane en 2032", de nouveaux challenges sur lesquels le groupe dit s’être déjà positionné.

Une histoire franc-comtoise

Avec 4 millions de chiffres d’affaires au départ lors de la reprise, le groupe qui est entré en bourse en 2016, a dernièrement fait état d’un bilan annuel de 238,8 millions d’euros et affiche une dynamique de croissance pour ses trois divisions. Il est aujourd’hui présent dans 12 pays dont 11 sites sont implantés en France et compte un peu moins de 1.500 salariés.

©

Malgré cela, le siège historique d’Abéo est lui, toujours basé à Rioz avec le bureau d’Olivier Estèves. Rien de plus normal pour le PDG qui assure être "toujours resté Franc-Comtois de coeur" malgré le développement d’un siège "bis" à Lyon pour des "raisons logistiques".

Un leadership affirmé

Être présent sur les grandes compétitions internationales était l’un des objectifs du modèle suivi par Abéo devenu aujourd'hui, l'un des leader mondiaux du secteur des équipements de sport et de loisirs. Un objectif en partie rendu possible grâce à son savoir-faire : "quand le produit est bon et que l’on arrive à équiper ce type de compétition cela permet d’asseoir une marque, sa crédibilité et sa visibilité" puis, par effet boule de neige, "les ventes suivent". 

Pour autant, le PDG admet qu’il faut également "reconnaitre que d’autres font ce métier tout aussi bien et les inviter à nous rejoindre chez Abéo". Un moyen pour le groupe de "gagner du temps". C’est ainsi que la holding a notamment procédé pour prendre pied sur le marché états-unien. "Avec Spieth América, on a repris un acteur local qui a une image locale et une crédibilité locale pour acquérir une position de leadership" nous explique le dirigeant. La marque a récemment signé pour la première fois un partenariat avec USA gymnastic, ce qui a permis "de multiplier quasiment par deux les ventes l’an dernier".

Consolider sa position et "conquérir de nouveaux segments"

Entrepreneur dans l’âme, Olivier Estèves avoue être entouré d’une équipe compétente avec qui il partage cette "culture de la prise de risque". Une ambition qui permet à Abéo d’espérer "continuer à prendre des positions dans les équipements de sport et de loisir dans le monde entier" ainsi que de "conquérir de nouveaux segments" dans les années à venir. Pour cela, le PDG nous confie qu’il faut "du temps" et donc être patient, mais aussi savoir "investir, communiquer, et parfois se bagarrer avec des concurrents existants". Des valeurs finalement pas si éloignées du monde du sport…

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