Dans le Doubs, le climat assèche la frontière franco-suisse

Publié le 08/10/2023 - 18:10
Mis à jour le 08/10/2023 - 18:10

Il marque sur 44 kilomètres la frontière entre la France et la Suisse. Mais à Villers-le-Lac, le Doubs n'est plus qu'une rigole qui continue à s'assécher, au grand désespoir des habitants.

Archives 2018 Haut-Doubs © Hélène Loget ©
Archives 2018 Haut-Doubs © Hélène Loget ©

Depuis début juillet, la majestueuse rivière a pris la forme d'une vaste étendue de vase et de hautes herbes où gisent, grotesques, barques et pontons inutiles. En ce début octobre, le retour du Doubs n'est toujours pas en vue, faute de précipitations.

"Quand il est haut, ici on est les pieds dans l'eau", assure Pierre Billod, 81 ans, loin au-dessus de ce qui reste du dixième cours d'eau français (453 km entre la source et le confluent avec la Saône). Ce retraité de l'horlogerie, natif de Villers, se souvient que dans sa jeunesse, une telle sécheresse "n'arrivait pratiquement jamais". "C'est des choses qu'on voyait tous les quatre ou cinq ans, mais pas à ce point-là".

On croirait pouvoir gagner la Suisse à pied

Le lac qui donne son nom au village n'est plus qu'un souvenir. Sur ses rives, on croirait pouvoir gagner la Suisse à pied sec à travers les hautes herbes. En face, dans le village suisse des Brenets, un ponton, qui semble attendre l'eau depuis des lustres, est prévu pour des bateaux de promenade, avec une pancarte qui précise "120 places".

"Ca fait bizarre, ça me rend triste. C'est inquiétant", observe Sébastien Arcidiacona, un maître mécanicien qui voit dans cette scène l'effet du réchauffement climatique. "Ce serait bête de le nier", confie ce sexagénaire.

Pertes en sous-sol

Le mois de septembre a été le plus chaud depuis 1947, note Cédric Hertzog, chef prévisionniste pour Météo France dans le Grand Est. Et dans le département du Doubs, le déficit pluviométrique atteint entre 10% et 15% sur l'année météorologique qui s'achève le 31 août. "Il manque un mois de pluie", résume-t-il.

En plus de la sécheresse, le Doubs se vide par le sous-sol vers une rivière voisine.

"On constate des phénomènes de perte d'une partie du débit de l'eau du Doubs qui profite à la Loue, les deux bassins étant connectés", explique Vincent Fister, hydrogéologue au sein de l'Etablissement public territorial du bassin Saône-Doubs.

La disparition de la rivière est une catastrophe pour les activités touristiques, comme la Base nautique installée au bord du lac.

"C'est la deuxième année que c'est comme ça. L'été dernier, on pensait que c'était exceptionnel", raconte Maxime Faivre, responsable des activités nautiques depuis plus de 20 ans. "Mais c'est encore pire, encore plus bas."

A l'été 2022, le niveau de la rivière était remonté dès début septembre, se souvient Antoine Michel, qui assure des croisières fluviales pour le compte des Vedettes panoramiques du Saut du Doubs.

A cause du manque d'eau, la compagnie a dû renoncer à embarquer ses passagers à Villers. Elle les transporte en autocar sept kilomètres plus bas jusqu'aux Bassins du Doubs, en fait une gorge profonde où ce qui reste d'eau finit de s'évaporer.

"On voulait pas y croire"

"On perd au moins 15 centimètres par jour. Tous les jours on perd un peu de longueur de croisière", explique le capitaine, qui transporte ses touristes à toute petite vitesse sur une distance d'à peine cinq kilomètres aller-retour dans une vedette électrique silencieuse.

Entre les parois rocheuses, ses commentaires au micro résonnent avec un écho sinistre.

Le niveau de l'eau est tombé à 11 mètres au-dessous de la moyenne. Côté suisse, un pêcheur descend péniblement à travers les rochers pour tenter de gagner la rive. Des troncs d'arbres arrachés, laissés délibérément la tête en bas pour servir d'abris à poissons, sont entièrement à sec.

Le tourisme est en berne depuis que le Saut du Doubs, une chute haute de 27 mètres un peu en aval, a cessé de couler.

"Il y a une forte baisse de la fréquentation: moins 65% sur juillet/août, et ça fait quatre années de suite pratiquement que ça se produit", se désespère M. Michel, qui a dû baisser ses tarifs. "On s'inquiète fortement pour la pérennité de l'activité."

"On voulait pas y croire, mais le réchauffement, ça vient très vite", confie Danièle Gabillard, une retraitée originaire d'Orléans, à la descente du bateau. "C'est inquiétant pour nos enfants qui ne connaîtront pas les belles choses qu'on a connues."

(Source AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Nature

Vigilance orange : la neige attendue pour le début d’après-midi sur toute la Bourgogne-Franche-Comté

Attendue en fin de matinée sur l’Ouest de la Bourgogne, la dépression Caetano arrivera sur le reste de la Bourgogne Franche-Comté à la mi-journée. Cette dépression apportera des chutes de neige (localement soutenues) y compris à basse altitude sur les départements concernés, surtout le Doubs, la Haute Saône et le Territoire de Belfort, placés en vigilance orange dès 13h. Le Jura est en vigilance jaune.

Sondage – Soutenez-vous le mouvement des agriculteurs ?

L’alliance syndicale agricole composée par les Jeunes agriculteurs et la FNSEA a appelé à une mobilisation générale en France dès le lundi 18 novembre 2024 afin d’exprimer leur opposition au traité UE-Mercosur (hausse des importations de viande d’Amérique du Sud). Et vous, soutenez-vous le mouvement des agriculteurs ? C’est notre sondage de la semaine…

Dominique Voynet en désaccord avec Annie Genevard sur la question des produits phytosanitaires

Annie Genevard, la ministre de l’Agriculture, a indiqué dans un post Facebook le 14 novembre 2024 la création "d’un comité des solutions". Dominique Voynet, la députée du Doubs, dénonce lesdites solutions trouvées sur l’utilisation des produits phytosanitaires et des dérogations accordées.

L’automne, la meilleure saison pour débroussailler son terrain et éviter des feux durant l’été

Pour réduire les risques de propagation de feux estivaux, il est important de débroussailler autour de son habitation. L’automne et l’hiver sont les meilleures périodes pour cela puisque les végétaux, qui ont perdu leurs feuilles, sont plus faciles à tailler ; et les coupes effectuées ne perturbent pas les cycles de reproduction de la faune et de la flore, qui ont lieu au printemps. 

Pontarlier : les agriculteurs attachent un cadavre de génisse à la sous-préfecture du Doubs

Une soixantaine d'agriculteurs ont exposé un cadavre de génisse tuée par une attaque de loups devant la sous-préfecture de Pontarlier samedi 9 novembre 2024 en fin de matinée, pour protester contre le refus des services de l'État de réaliser des tirs de défense, ont annoncé la FDSEA et les Jeunes agriculteurs du Doubs. 

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 1.2
légère pluie
le 21/11 à 21h00
Vent
6.66 m/s
Pression
988 hPa
Humidité
100 %