Le distributeur est entré fin octobre en procédure dite de sauvegarde accélérée afin de "mettre en oeuvre" la restructuration de sa dette, dans la continuité d'un accord avec ses créanciers et des candidats à sa reprise fin juillet.
Le groupe qui comptait fin 2022, 200.000 salariés dans le monde dont 50.000 en France sous des enseignes bien connues comme Monoprix, Franprix ou Grupo de Acucar, doit passer sous le contrôle des milliardaires Daniel Kretinsky, Marc Ladreit de Lacharrière et du fonds d'investissement Attestor. L'augmentation de capital doit permettre d'apporter 1,2 milliard d'euros d'argent frais au total.
De leur côté, les créanciers du groupe ont accepté une réduction de dette de près de 5 milliards d'euros, dans le cadre de cet accord prévoyant la cession des activités du groupe en Amérique latine, et la perte de contrôle de Casino par son emblématique PDG Jean-Charles Naouri.
Pour 2023, le groupe prévoit désormais que son Ebitda (résultat brut d'exploitation), un indicateur clé de rentabilité, passe dans le rouge avec une perte d'environ 100 millions d'euros, selon un communiqué. Fin octobre, il prévoyait un Ebitda dans le vert, à moins de 100 millions d'euros.
C'est la deuxième fois en moins d'un mois que le groupe sabre dans ses prévisions de rentabilité.
En plus de ce nouveau chiffre, Casino prend encore plus de précaution en donnant une fourchette, allant d'une perte de 78 millions d'euros à une perte encore plus lourde de 140 millions, dans laquelle pourrait finalement s'établir son Ebitda pour 2023 "en fonction de la bonne réalisation des plans d'actions".
Relance d'activité "plus longue que prévue"
Le groupe explique cette révision à la baisse de ses objectifs de rentabilité "au vu des résultats du troisième trimestre" et au regard "des tendances observées" au début du quatrième trimestre, notamment la désaffection pour ses hypermarchés. "L'inflexion est en cours mais est plus longue que prévue", assure le groupe.
Casino, qui a baissé ses prix début 2023 après les avoir laissé filer l'année précédente, indique également que ses marges souffrent, dans un contexte d'inflation, de l'impact des "investissements" mis en place dans le cadre de son redressement.
Ces effets devraient être durables puisque Casino a également sabré mercredi dans ses prévisions 2024, anticipant un Ebitda de 222 millions d'euros, contre 401 millions précédemment anticipés en septembre. Pour 2025, la baisse est plus contenue, la prévision passant de 582 à 509 millions.
Casino précise toutefois qu'il n'anticipe pas "de problème de liquidité d'ici à la date de réalisation de la restructuration financière qui devrait intervenir d'ici la fin du 1er trimestre 2024", notamment grâce aux produits des cessions entamées en Amérique latine.
Une soixantaine de magasins au groupement Les Mousquetaires/ Intermarché
Casino a en outre cédé début octobre une soixantaine de magasins au groupement d'indépendants Les Mousquetaires/Intermarché, dans le cadre d'un accord prévoyant au total une cession de 119 magasins (pour lesquels travaillent environ 4.000 personnes) en deux vagues, avec une troisième optionnelle d'une soixantaine de magasins. La deuxième vague doit avoir lieu "à horizon maximum de trois ans".