Né en 1728, le Grand Orient fête ses 240 ans de formation. Aujourd'hui, il compte plus de 51.500 membres (1.500 femmes depuis la féminisation de l'obédience il y a 3 ans) rassemblés dans plus de 1.220 loges très différentes mais aux valeurs communes comme la tolérance mutuelle et la liberté absolue de conscience.
Daniel Keller constate qu'au bout de 240 ans, "le Grand Orient de France existe toujours contrairement à certaines loges maçonniques qui ont une existence plus mouvementée. Le GOF a traversé l'histoire, il s'est construit au fil de l'histoire et aujourd'hui, il est l'accumulation de l'ambition qui l'ont structuré au fil des siècles".
"L'Homme au centre de nos préoccupations"
L'objectif est de "travailler à l'amélioration matérielle et morale de l'humanité" explique Daniel Keller, "un vaste objectif, un objectif grandiose j'ai envie de dire, sachant que la franc-maçonnerie y travaille selon une perspective qui lui est propre : ce n'est pas une idéologie, ce n'est pas l'espérance du grand soir, ce n'est pas un parti politique donc cette ambition, à caractère humaniste, ne se décline pas dans un programme" indique-t-il. "Cette ambition fait de sorte que L'Homme est au centre de nos préoccupations, l'Homme dans toutes ses dimensions".
Une volonté qui s'inscrirait d'autant plus dans une société telle qu'on l'a connaît ces derniers temps avec des tensions qui n'existaient pas il y a 50 ans : mariage homosexuel, "manif pour tous", remise en question de l'intervention volontaire de grossesse etc. C'est pourquoi le président du GOF affirme que le travail des francs-maçons "n'a pas de fin. L'amélioration de la société est une tâche qui a un début mais pas de terminus".
Les francs-maçons et la politique
D'après Daniel Keller, les relations entre francs-maçons et politiques ne sont plus ce qu'elles étaient il y a un siècle. "Si on était en 1905, on vous aurait apporté une réponse différente. A un moment où les partis politiques n'existaient pas comme aujourd'hui, on va dire que le GOF a été une sorte de gigantesque cabinet de réflexion où se sont préparer les grandes lois de la république" comme la loi de séparation des Eglises et de l'Etat, la laïcité à l'école ou encore le droit du travail qui ont été érigés par des francs-maçons.
A l'époque, la société semblait plus "C'était une période pendant laquelle la franc-maçonnerie est véritablement le cabinet de réflexion du politique parce que la société était comme elle était avec une superposition entre francs-maçons et hommes politiques, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. La place du Grand Orient n'est plus celle qu'il avait en 1900". Daniel Keller ajoute que "nous ne sommes un groupe d'experts qui rédigeons les projets de loi et la texture du travail législatif a considérablement changé depuis un siècle. Aujourd'hui, la franc-maçonnerie a pour vocation d'animer le débat public, d'assurer l'existence d'une conscience citoyenne dans notre société à un moment où le débat public a tendance à ce tarir et où les politiques sont moins porteurs d'idées et où on cherche des bouc-émissaires".