Crise énergétique : une boulangère de Valdahon crie son désespoir sur les réseaux sociaux

Dans une vidéo publiée jeudi 17 novembre, où on la voit en pleurs et désespérée, Alexandra Faure, boulangère à Valdahon, explique durant plus de 10 minutes pourquoi l’augmentation de l’énergie menace toute la profession des artisans boulangers. Elle entend ainsi éveiller les consciences face à sa situation et celle de tous ses collègues, implorant l’État de leur venir en aide. Nous l’avons contacté.

© Capture d'écran Facebook

Entre les fours, les chambres froides et les pétrins, les boulangers sont de gros consommateurs d’énergie. Alexandra Faure de la boulangerie "À croquer " située à Valdahon s’en tire déjà avec une facture électrique d’environ 1.500€ par mois. Mais avec la hausse du prix de l’électricité, elle vient de recevoir un courrier d’EDF qui lui annonce que sa facture d’énergie passera désormais à 3.500€ par mois à compter du 1er janvier 2023. 

"Notre métier est menacé, il est même compromis"

Un coup dur pour la boulangère qui explique être "désespérée pour l’investissement que j’ai donné, pour ces 18h de travail quotidien que je donne et qui risque d’être réduit à néant, désespérée pour mes salariés parce que leur avenir est en jeu et pour mes 35.000 collègues artisans…". Alors elle a décidé de poster cette vidéo sur les réseaux sociaux où, face caméra, elle s’adresse aux internautes et fait part de son "cri de rage pour tous les artisans de France et plus particulièrement les boulangers car c’est sur ce sujet là où j’ai les cartes pour vous éclairer". 

"On a été informé hier (mardi 16 novembre), que notre facture d’électricité allait augmenter de 322%". Face à ce constat, son premier réflexe est d’aller consulter les aides auxquelles elle pourrait prétendre puisque "l’État, celui pour lequel je travaille, celui pour lequel je ramène de la TVA, pour lequel je paye des charges, beaucoup de charges, m’a dit qu’il allait m’aider". Et c’est là que tombe le coup de grâce. Malgré de nombreuses recherches, elle comprend qu’elle ne pourra bénéficier d’aucune aide.

La boulangerie ne consomme pas assez pour bénéficier de l’amortisseur d’électricité

Bien qu’elle soit soumise au tarif jaune, appliqué par EDF, la boulangerie ne consomme pas assez pour bénéficier de l’amortisseur d’électricité mis en place par l’État à compter du 1er janvier 2023. "Le seuil fixé est beaucoup trop haut" nous explique Alexandra, "il concerne uniquement ceux qui ont un prix de référencement du mégawattheure (MWh) à plus de 325€, or je suis moi, à 227€/MWh (255€ au 1er janvier)". Elle comprend alors qu’elle devra, faire face, seule, à cette hausse du coût de l’énergie. 

"On ne peut pas répercuter le prix de l’électricité sur une baguette"

Une augmentation que l’artisane dit ne pas pouvoir impacter sur ses prix : "c’est exclu. On ne peut pas répercuter le prix de l’électricité sur une baguette sinon on n’a plus personnes qui vient chez nous, les gens n’auront plus les moyens". D’autant qu’Alexandra rappelle que "l’on avait déjà été obligé d'augmenter nos tarifs puisque la farine a augmenté, le beurre a pris, le lait, les oeufs… ". Lorsqu’on lui demande si elle envisage des licenciements elle nous répond d’emblée "cela pourrait être une solution pour certains mais pour ma part j’étais déjà en manque de personnel". Quant à la possibilité de réduire la production, elle y songe et répond non sans sarcasme "on finira peut-être par ouvrir des cartons" comme dans les "structures industrielles" qu’elle refuse d’appeler boulangeries et qui ont pour elle uniquement "une spécialisation dans le cutter". 

"On ne survivra pas, surtout si l’État ne nous aide pas"

Mais Alexandra aime son métier d’artisan boulanger et espère surtout qu’un effort sera fait du côté de la législation pour qu’elle puisse prétendre aux aides, "je ne peux pas croire que notre gouvernement nous laisse comme ça" nous souffle-t-elle en fin d'interview. D’autant que selon elle, "les artisans boulangers ne seront pas les seuls impactés, si rien ne change, on va droit vers un drame humain". Elle songe par exemple aux bouchers, "je pense qu’ils sont dans la même situation parce qu’ils utilisent également du matériel énergivore".

"Je vous en supplie, soutenez vos artisans " implore-t-elle en fin de vidéo. Une manière de rappeler qu’il existe bien d’autres personnes qui sont dans le même état qu’Alexandra Faure en ce moment. Son cri de rage venu du coeur sera peut-être repris et entendu à plus grande échelle. En attendant, la vidéo totalise déjà plus de 26.000 vues…

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