Le point complet
Les principales organisations syndicales nationales de producteurs agricoles, FNSEA, FNPL et JA, ont annoncé dans un communiqué le lancement lundi d'"un mot d'ordre national pour aboutir à un accord avec Lactalis" sur le prix du lait. Un producteur sur cinq en France travaille pour Lactalis, soit 20% de la collecte française, ou 5 milliards de litres de lait collectés sur un total de 25 milliards produits annuellement en France.
- Lactalis achète actuellement la tonne de lait à 256,90 euros la tonne, soit bien en dessous du prix payé par d'autres transformateurs comme Laïta et la société Silav (290 euros la tonne) ou la laiterie Saint-Père, filiale d'Intermarché (300 euros les 1.000 litres).
La nature des actions qui seront menées n'a pour le moment pas été précisée. Une réunion téléphonique doit se tenir "ce soir (dimanche) à 21 heures", a simplement indiqué à l'AFP Christiane Lambert, numéro deux de la FNSEA. Selon le JDD, les agriculteurs en colère pourraient notamment "s'inviter sur les sites de fabrication de Lactalis, et dans les grandes surfaces pour stigmatiser les marques Président, Lactel, Bridel" appartenant au groupe. "Nous sommes très déçus du comportement de Lactalis, qui se dit prêt à participer aux négociations, mais qui à côté de ça ne propose que des prix dérisoires" au regard des moyens dont il dispose, explique Mme Lambert.
"Lactalis devra plier ou alors ça lui coûtera très cher"
Les agriculteurs "se sont sentis humiliés par tant d’arrogance" et "meurtris par cette incapacité du groupe Lactalis à sortir d’une relation moyenâgeuse entre un seigneur et ses serfs", ajoute le communiqué des syndicats agricoles. "Lactalis devra plier ou alors ça lui coûtera très cher", a pour sa part averti M. Jéhan, annonçant d'ores et déjà que plusieurs fédérations départementales de producteurs envisageaient des actions. "Je n'ai pas les horaires ni les dates exactes, ça pourrait être dès ce soir dans certains départements", a-t-il précisé.
Lactalis silencieux depuis vendredi
En relançant les actions à l'échelon régional tout en promettant de porter le combat au niveau national, les producteurs de lait cherchent à augmenter la pression sur Lactalis, resté silencieux depuis vendredi. Le groupe laitier avait alors proposé une augmentation de 15 euros la tonne de lait à compter du 1er septembre, soit environ 271 euros. Cette proposition avait été perçue comme un véritable camouflet par les agriculteurs, qui estiment leur coût de production à 300 euros la tonne.
Vendredi, "la négociation a achoppé à partir de 23H, et (...) nous avons discuté, y compris appelé nos instances nationales, Xavier Beulin, Jérémy Decerle (ndlr: président des Jeunes Agriculteurs), pour décider d'éventuellement faire une action d'envergure nationale et c'est ce qui a été acté hier" samedi, a-t-il déclaré.
Samedi, une réunion téléphonique entre la FNSEA, les organisations de producteurs de lait et les Jeunes Agriculteurs s'est tenue pour décider d'une stratégie à suivre. "Les échanges entre la FNSEA, les organisations de producteurs de lait et les Jeunes Agriculteurs vont se poursuivre tout au long du week-end", a promis le président de la FNSEA Xavier Beulin. "Nous souhaitons prendre le temps de faire un tour de France auprès de tous les producteurs", a-t-il déclaré à l'AFP, ajoutant toutefois qu'il n'est "pas possible de rester dans cette forme de mépris de la part de Lactalis". Samedi matin, une quinzaine de syndicalistes de la FDSEA ont retiré des rayons des produits Lactalis dans un supermarché Auchan à Louvroil (Nord), pour réclamer la revalorisation du prix d'achat du lait aux producteurs.
Pendant toute la journée de samedi, les producteurs de lait ont cherché à mettre en place une stratégie pour relancer le mouvement, après l'échec des deux rounds de négociations menés avec Lactalis la semaine dernière. Contre toute attente, vendredi soir, la FDSEA 53 avait appelé les manifestants à cesser leur occupation, entamée lundi dernier, d'un rond-point près d'un site industriel du groupe laitier, à Laval. "Nous souhaitons prendre le temps de faire un tour de France auprès de tous les producteurs", avait déclaré samedi à l'AFP Xavier Beulin, président de la FNSEA, ajoutant qu'il n'est "pas possible de rester dans cette forme de mépris de la part de Lactalis".
Info +
- Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll était lui aussi monté au créneau, estimant que Lactalis, numéro un mondial des produits laitiers ne pouvait "pas payer le prix le plus bas en France". Il a dans le même temps admis que le gouvernement ne disposait d'aucun moyen pour forcer ce dernier à remonter ses prix et que son champ d'action se limitait à inciter les gens à négocier.