"Au vue des progrès réalisés, le ministère public de la Confédération (parquet fédéral, ndlr) a demandé (...) la prolongation de trois mois de la détention provisoire. Cette demande a été acceptée", a indiqué à l'AFP une porte-parole du procureur général, Linda Studer. Cette prolongation permettra notamment d'"interroger de nouveaux témoins, d'examiner les plaintes pénales" et "d'analyser les documents et les données saisis", a-t-elle précisé.
Enquête pour soupçons de crimes contre l'humanité
Ousman Sonko a été ministre de l'Intérieur de Gambie pendant dix ans avant d'être limogé en septembre 2016. Il s'est ensuite enfui en Suède, avant de demander l'asile, en novembre 2016, en Suisse. Il a été interpellé en janvier près de Berne, après l'ouverture d'une enquête pour soupçons de crimes contre l'humanité, la Suisse ayant la possibilité de juger comme crime contre l'humanité des faits s'étant déroulés à l'étranger après le 1er janvier 2011. A condition toutefois que leur auteur
se trouve en Suisse et ne puisse pas être extradé ni remis à un tribunal pénal international.
L'interpellation de M. Sonko faisait suite à une "dénonciation pénale" déposée par l'organisation non gouvernementale Trial International, basée à Genève et luttant contre l'impunité dans le monde.
Depuis son arrestation, deux victimes soutenues par Trial International ont déposé des plaintes pénales contre Ousman Sonko. "Toutes deux ont été torturées par les autorités gambiennes alors que le suspect était en charge des services sécuritaires, en tant qu'Inspecteur général de la Police puis en tant que ministre de l'Intérieur. Ousman Sonko est accusé d'avoir lui-même participé à ces actes de tortures", a expliqué Trial dans un communiqué.
Avant de diriger le ministère de l'Intérieur, Ousman Sonko occupait le poste d'inspecteur général de la police gambienne. Et avant ça, il était commandant du premier bataillon d'infanterie de l'armée gambienne.
Une élection présidentielle mouvementée
La Gambie, petit pays anglophone totalement enclavé dans le Sénégal, à l'exception d'une étroite façade côtière prisée des touristes, a été dirigée d'une main de fer pendant 22 ans par Yahya Jammeh, un ancien militaire.
Lors de l'élection présidentielle du 1er décembre 2016, Yahya Jammeh a été battu par Adama Barrow, mais il a refusé de reconnaître sa défaite. Il est finalement parti en exil en Guinée équatoriale en janvier, à la suite d'une intervention militaire de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et d'une ultime médiation guinéo-mauritanienne pour le forcer à céder le pouvoir.
(Source AFP)