Les départements de l'Aube, de la Nièvre et du Rhône vont s'ajouter aux seize soumis depuis samedi à des mesures de freinage renforcées pour affronter la nouvelle poussée de l'épidémie de Covid-19, en attendant une accélération de la vaccination.
Les nouvelles restrictions sanitaires, dont la fermeture de commerces et l'interdiction de se déplacer au-delà de 10 km sans dérogation, ont été étendues à trois départements supplémentaires, le Rhône, l'Aube et la Nièvre, a annoncé jeudi le ministre de la Santé Olivier Véran.
"Après concertation" avec les élus et les préfets, "il est apparu indispensable d'amplifier les mesures de protection" pour ces trois départements, qui s'ajoutent aux 16 déjà placés depuis ce week-end sous ces
mesures de "freinage renforcé", a ajouté le ministre lors d'un point de presse. Il a précisé que ce nouveau régime sanitaire commence pour les trois départements à compter de vendredi minuit et pour quatre semaines.
Parmi les mesures, figurent aussi l'interdiction des déplacements interrégionaux et la mise en place de jauges divisant par deux le nombre d'élèves par classe en lycée.
Tout en affirmant que la "tendance n'est pas bonne", le ministre de la Santé a de nouveau justifié le choix de ne pas imposer un confinement strict, affirmant que les contraintes devaient être ajustées selon les territoires et mettant en avant "l'acceptabilité" pour les Français, "épuisés de lutter sans relâche depuis un an".
Il a aussi fait valoir qu'il était "trop tôt" pour mesurer l'efficacité des mesures en vigueur depuis le week-end dernier. "Si la situation devait s'aggraver", "nous serions amenés à nous demander s'il faut aller plus loin", a-t-il ajouté.
Le taux d'incidence dans le Rhône, et notamment à Lyon, approche la barre des 400, à 383 pour 100.000 habitants, et atteint 329 dans la Nièvre et 445 dans l'Aube, selon Santé Publique France. "La situation épidémique est mauvaise et il nous faut agir", a souligné le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal mercredi à l'issue du Conseil des ministres, tenu dans la foulée d'un nouveau Conseil de défense sanitaire.
EN DIRECT | Compte rendu du Conseil des ministres du 24 mars 2021 par @GabrielAttal, porte-parole du Gouvernement.https://t.co/Onul7GOylQ
— Élysée (@Elysee) March 24, 2021
Le gouvernement, critiqué par l'opposition et des scientifiques sur l'ampleur et la lenteur de ses mesures, reste fidèle à sa stratégie de territorialisation et de riposte graduée à l'épidémie. Ce nouveau tour de vis était attendu, Emmanuel Macron ayant souligné mardi que "si d’autres territoires" connaissaient la même dégradation de leurs indicateurs, il faudrait "sans doute l'entendre".
"Trier les malades"
Face à la saturation des services hospitaliers, une partie du monde médical gronde. Des épidémiologistes et médecins réclament un confinement strict dans les zones où l'épidémie flambe, comme en Ile-de-France.
Les mesures prises "n'auront probablement aucun impact sur la situation actuelle", juge Karine Lacombe, cheffe du service des maladies infectieuses de l’hôpital parisien Saint-Antoine, dans Le Parisien. "Nous serons obligés, rapidement et si rien n'est fait, de trier les malades, ce que nous n'avons pas fait au printemps dernier", avertit-elle.
La présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse a proposé mercredi d'avancer de deux semaines les vacances de printemps pour enrayer la progression du Covid-19, quand la maire de Paris Anne Hidalgo préfère comme "alternative" l'accélération de la vaccination des enseignants.
Selon un sondage Elabe pour BFMTV, une "majorité de Français" considère que les mesures annoncées par le gouvernement jeudi ne sont "pas cohérentes" (74% des personnes interrogées) et "pas efficaces pour lutter contre l'épidémie" (73%). Le nombre de malades du Covid soignés en réanimation augmente régulièrement ces derniers jours, de 4.400 dimanche à 4.651 mercredi, pour se rapprocher du pic de la 2e vague de l'automne (4.900 le 16 novembre). En Martinique, où l'épidémie repart, la préfecture a annoncé un couvre-feu à compter de vendredi de 22H00 à 06H00, pour trois semaines.
Comme ailleurs en Europe, l'exécutif compte sur la vaccination qu'Emmanuel Macron a promis mardi d'accélérer et d'élargir aux 70-75 ans sans comorbidités dès samedi et à partir de mi ou fin avril aux enseignants.
Gérald Darmanin a annoncé mercredi l'ouverture de 38 vaccinodromes gérés par 25.000 sapeurs-pompiers formés à la vaccination et 2.500 en charge de la logistique. Selon le dernier bilan du ministère de la Santé, près de 9,4 millions de personnes ont reçu une première dose, dont 2,6 millions ont été vaccinées avec deux.
(Avec AFP)