Face à la hausse de la circulation du Covid-19 et à la menace d’une forme plus contagieuse, le gouvernement se tient prêt à prendre de nouvelles restrictions sanitaires, même si un reconfinement national ne semble pas à l’ordre du jour dans l’immédiat.
Le chef du gouvernement, Jean Castex, a indiqué lundi lors d'une réunion avec les chefs de groupe parlementaires que "le couvre-feu suffit", semblant écarter un troisième reconfinement dans l'immédiat. Mardi, c'est au tour du Var et de la Drôme de voir le couvre-feu avancé à 18H00, ce qui porte à 25 le nombre de départements concernés par cette nouvelle mesure entrée en vigueur depuis le 2 janvier, principalement dans l'est de la France.
L'ajout de nouveaux territoires, voire une généralisation du couvre-feu à 18H00, fait partie des hypothèses à l'étude, selon plusieurs sources proches du gouvernement.
La semaine dernière, les bars, restaurants et lieux culturels avaient déjà vu leur réouverture repoussée, courant février dans le meilleur des cas. Les universités, où la situation mentale des étudiants inquiète, n'ont repris qu'au compte-gouttes à la rentrée.
"Pas si, mais quand"
Les indicateurs de l'épidémie penchent vers une circulation plus forte du virus. En Ile-de-France, le taux d'incidence, qui mesure le nombre de nouveaux cas pour 100.000 habitants sur une semaine, a bondi en un jour de 148 à 186, selon des chiffres arrêtés au 8 janvier, alors que l'exécutif à fixé à 200 le seuil à partir duquel le couvre-feu peut être avancé de 20H00 à 18H00.
La semaine dernière, plus de 111.000 tests positifs ont été comptabilisés sur seulement cinq jours, entre lundi et vendredi, selon les indicateurs de Santé publique France. Près de 97.000 cas avaient été répertoriés la semaine précédente sur sept jours, traduisant déjà une "nette augmentation", avait indiqué l'agence sanitaire.
Les hôpitaux ont accueilli lundi 24.812 patients atteints par le Covid-19, dont 2.666 en réanimation, un niveau toujours élevé, qui n'a pas sensiblement baissé depuis près d'un mois. Trois-cent-dix malades atteints par le virus sont décédés en 24 heures, portant le total des morts à plus de 68.000 depuis le début de l'épidémie.
- Au-delà de "l'effet Noël et Jour de l'an", qui fait craindre un rebond de l'épidémie, le gouvernement attend aussi de savoir à quel point le variant "VOC 202012/01", qui a provoqué une flambée épidémique au Royaume-Uni et submerge les hôpitaux, s'est installé en France ? Plusieurs clusters potentiels de ce variant, plus contagieux, ont déjà été repérés dans le pays et les résultats d'une étude nationale, sous l'égide de Santé publique France, sont attendus.
"Ce qui arrive à l'Angleterre risque de nous arriver. Le problème, c'est pas si ça va nous arriver, mais quand", a exposé sur RTL Anne-Claude Crémieux, professeure en maladies infectieuses à l'hôpital Saint-Louis à Paris.
Plus de temps ?
"Soit nous sommes encore avec 1 à 2 % de virus variant sur le territoire, on a un peu plus de temps (...) soit on est déjà à 10 à 20 % et il faut se préparer à vivre la situation anglaise dans les jours qui viennent", a-t-elle ajouté. "Peut-être a-t-on un peu plus de temps qu'eux. Et là, il faut utiliser ce temps pour s'organiser pour vacciner", a-t-elle insisté.
Passée la vive polémique sur le démarrage au compte-gouttes de la campagne vaccinale, le rythme s'est un peu accéléré.
Plus de 138.000 personnes avaient reçu leur première injection lundi soir, selon la Direction générale de la santé, alors que la France disposait la semaine dernière d'environ 1 million de doses du vaccin Pfizer/BioNTech et attend de recevoir un total de 2,6 millions de doses avant la fin janvier.
La ministre déléguée à l'Autonomie, Brigitte Bourguignon, a évoqué sur Public Sénat l'objectif d'atteindre 400.000 vaccinés à la fin de la semaine, alors que la campagne s'adresse pour l'instant aux Ehpad, aux professionnels de santé de plus de 50 ans ou à risques de formes graves du Covid-19, et doit s'étendre le 18 janvier aux plus de 75 ans.
Pour cette catégorie de la population, la ville de Nancy avait prévu de prendre les devants et de démarrer dès mercredi. Finalement, une faille dans le système de prise de rendez-vous Doctolib a permis à quelques patients d'en prendre un dès mardi pour se faire vacciner, a expliqué la mairie.
(Source AFP)