Cette enquête de la cellule investigation de Radio France affirme que 8.500 des 10.000 appareils commandés par l'Etat ne sont pas adaptés à la réanimation de patients atteints par le Covid-19. Ces 8.500 appareils, des modèles Osiris, sont "des respirateurs destinés à gérer l'urgence", selon cette enquête. Ce respirateur est "un appareil qu'on utilise dans les ambulances, mais pas dans les salles de réanimation".
"Il est donc probable que les Osiris, du moins dans un premier temps, serviront à autre chose qu'à soigner des patients atteints du Covid-19", souligne l'enquête.
Le gouvernement a vivement contesté ces affirmations. "La commande passée à Air Liquide l'a été à un moment où le nombre de patients admis en réanimation continuait de croître très rapidement, et où il apparaissait absolument nécessaire de sécuriser la capacité à armer un nombre de lits de réanimation beaucoup plus important", expliquent dans un communiqué les cabinets de la secrétaire d'Etat à l'Economie Agnès Pannier-Runacher et du ministre de la Santé Olivier Véran.
Ils rappellent que la commande de 10.000 respirateurs comprend 1.500 appareils du modèle Monal T60, "largement utilisé dans les hôpitaux français et internationaux" pour les patients atteints de Covid-19.
Elle comprend aussi 8.500 respirateurs du type Osiris, "des respirateurs d'urgence et de transport" qui bénéficient "de toutes les certifications utiles par les agences sanitaires".
L'utilisation de machines Osiris "en cas d'indisponibilité de respirateurs plus lourds et en dernier recours avait été validée par les deux sociétés savantes françaises de réanimation", indique le communiqué ministériel. Le gouvernement y voit un "choix de prudence et de responsabilité".
Chez Air Liquide, chef de file du consortium de fabrication des respirateurs qui comprend aussi les groupes PSA, Valeo et Schneider Electric, on indique que l'Osiris est un modèle connu et utilisé depuis plus de 20 ans, vendu à plus de 12.000 exemplaires, et parfaitement adapté pour faire face au risque de débordement des capacités de soins.
"D'ici la fin du mois de juin, la France devrait disposer de 15.000 respirateurs de réanimation et de 15.000 autres respirateurs d'urgence et de transport, soit une quantité supérieure aux besoins exprimés et anticipés", ajoute le communiqué gouvernemental, selon qui "l'heure n'est pas à la polémique sur les prétendus excès de moyens engagés par le gouvernement pour protéger les Français".
Le Pr Xavier Capdevila, président de la Société française de réanimation (SFAR), confirme à l'AFP qu'aux environs de la mi-mars, "les deux sociétés savantes, la SFAR et la Société de réanimation de langue française (SRLF, ont validé l'utilisation des respirateurs de transport de type Osiris - uniquement en dernier recours et avec des conseils d'utilisation - de crainte de voir mourir des patients à la porte des réanimations".
"En dernier recours, le respirateur Osiris était le seul respirateur qui pouvait être fabriqué en quantité dans les temps impartis. Il fallait une bouée de secours", renchérit le professeur Eric Maury, président de la SRLF.
Mais ce ne sont pas les sociétés savantes qui ont choisi la production d'Osiris. Air Liquide et le gouvernement ont choisi la solution de ce type d'appareil, ajoute-t-il.
(source AFP)