Cette suspension a été annoncée à l'issue d'un Conseil de défense sanitaire extraordinaire par visioconférence, présidé par Emmanuel Macron, lui-même à l'isolement dans la résidence de La Lanterne après avoir été testé positif au Covid-19.
Elle s'appliquera à partir de minuit et concernera tous les déplacements "y compris liés aux transports de marchandises, par voie routière, aérienne, maritime ou ferroviaire", a indiqué Matignon dans un communiqué. "Seul le fret non accompagné sera donc autorisé. Les flux de personnes ou de transports en direction du Royaume-Uni ne sont pas concernés", a précisé Matignon.
"Ce Noël, qui est vu parfois comme celui de tous les dangers, doit être celui de toutes les précautions", a expliqué le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal sur France 3.
La décision française intervient dans la foulée de mesures similaires prises par la Belgique, les Pays-Bas, l'Italie, l'Allemagne, le Luxembourg ou l'Irlande, alors qu'une variante du virus Sars-CoV-2 a été détectée outre-Manche.
Une souche plus contagieuse ?
Ce variant génétique "ne semble pas entraîner, à ce stade des connaissances, une gravité accrue ou une résistance au vaccin", précise Matignon, selon qui "le fait que cette souche soit plus contagieuse n'a pas été démontré à ce stade".
Le délai de 48 heures doit permettre d'"ouvrir un temps de coordination" entre pays de l'UE "afin de définir une doctrine" commune. Il s'agit aussi de "préparer une réouverture sécurisée des flux en provenance du Royaume-Uni" qui s'appuiera "sur un dispositif de test obligatoire au départ".
Cela concerne notamment l'importante communauté française qui réside en Grande-Bretagne et dont certains avaient prévu de revenir en France pour les fêtes.
"Solutions de retour"
A cet égard, le secrétaire d'Etat aux Transports Jean-Baptiste Djebbari a précisé sur LCI avoir demandé à "l'ensemble des opérateurs" (SNCF, Eurostar, compagnies aériennes et maritimes) "d'informer leurs clients" de manière à ce qu'ils sachent que "les billets sont évidemment échangeables et remboursables", et "que nous puissions bâtir dans les prochains jours les solutions de retour avec eux".
"On va s'adapter, comme on l'a toujours fait depuis le début de la crise (...) On sera du côté des clients et on remboursera", a confirmé sur BFMTV le patron de la SNCF, Jean-Pierre Farandou.
Le gouvernement britannique a annoncé samedi un reconfinement express de Londres et du sud-est de l'Angleterre pour tenter de juguler une envolée des contaminations attribuée à une nouvelle souche du virus qui pourrait être jusqu'à 70 % plus contagieuse que la précédente.
Elle est "hors de contrôle" au Royaume-Uni, a indiqué dimanche le ministre de la Santé britannique Matt Hancock et les épidémiologistes ne cachent pas leur préoccupation.
A quelques jours des fêtes de fin d'année, toute l'Europe s'est mobilisée face à la situation sanitaire au Royaume-Uni, en outre engagé dans la dernière ligne droite du Brexit.
La France et l'Allemagne ont d'abord cherché à se coordonner au niveau européen. Emmanuel Macron et Angela Merkel ont ainsi échangé dimanche avec la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen et le président du Conseil européen Charles Michel sur la réponse à apporter à ce nouveau développement de l'épidémie qui plonge la planète dans la crise depuis mars.
Souffrant de fatigue, toux et courbatures, M. Macron s'est isolé jeudi soir à la résidence officielle de La Lanterne, à Versailles, son épouse Brigitte restant à l'Elysée.
Le chef de l'Etat "traverse la Covid comme des millions de Français, avec de la toux, une fatigue, son état est stable" et "il continue à suivre heure par heure" les dossiers importants, a assuré M. Attal.
En France, l'inquiétude reste élevée à l'approche des fêtes de fin d'année. Dimanche soir le nombre de patients en services de réanimation était quasi stable par rapport à samedi, à 2.745, contre 2.718 samedi. Mais le nombre de personnes testées positives reste élevé, avec 12.799 nouveaux cas. La veille, le pays avait comptabilisé 17.565 nouveaux cas positifs, très loin de l'objectif que s'était fixé le gouvernement pour la mi-décembre.
"Le virus continue à circuler en France mais il y circule beaucoup moins vite qu'ailleurs", a cependant souligné M. Attal, insistant que "nos voisins sont en train de faire des choix en terme de fermeture (...) que nous avons fait il y a plusieurs semaines et qui ont été très critiqués à l'époque".
Le Conseil d'Etat, la plus haute juridiction administrative, doit se pencher lundi sur la fermeture des cinémas et théâtres, prolongée au moins jusqu'au 7 janvier pour lutter contre la pandémie mais contestée par les professionnels.
(Source AFP)