Le chef de l’Etat a réuni mardi matin un Conseil de défense sanitaire pour trancher sur le sujet le plus urgent: comment pousser les Français éligibles à une 3e dose – plus de 65 ans, soignants, obèses, victimes de comorbidités – à franchir le pas. Politiquement, cette allocution permet au chef de l’Etat de reprendre l’initiative à cinq mois du premier tour de la présidentielle. ALLACUTION
Dose de rappel pour les plus de 65 ans et Pass sanitaire
A partir du 15 décembre, a-t-il annoncé, les plus de 65 ans devront avoir une dose de rappel pour garder leur pass sanitaire. De plus, la campagne de rappel sera ouverte aux 50-64 ans dès le début décembre.
"La hausse de 40 % en une semaine du taux d'incidence est un signal d'alerte", a insisté le chef de l'Etat, en lançant aussi un appel aux non-vaccinés à se faire injecter le sérum. "C'est grâce au rappel que nous pourrons continuer de vivre", a-t-il ajouté, alors que des études montrent une baisse de l'efficacité vaccinale au bout de quelques mois.
Message semble-t-il entendu: 100.000 prises de rendez-vous ont été enregistrées sur le site Doctolib en une heure après son allocution, contre 80.000 au total la veille.
Actuellement, plus de 80 % des patients hospitalisés en soins critiques ont plus de 50 ans mais seules 3,4 millions des 7,7 millions de personnes éligibles (plus de 65 ans, victimes de comorbidités, soignants...) ont été revaccinées. Il a aussi indiqué que le port du masque à l'école serait pour l'instant maintenu.
La dose de rappel vise à compenser la perte d’efficacité constatée pour tous les vaccins anti-Covid au cours du temps.
Possibilité d'une 3e dose pour les 50-64 ans à partir du 1er décembre
Les Français âgés de 50 à 64 ans pourront recevoir une dose de rappel de vaccin contre le Covid-19 à partir de début décembre. "Plus de 80 % des personnes en réanimation ont plus de 50 ans, c’est pourquoi une campagne de rappel sera lancée à partir du début du mois de décembre pour nos compatriotes, âgés de 50 à 64 ans" a-t-il annoncé même si les autorités de santé n’ont pourtant pas encore approuvé cette extension de la dose de rappel. Emmanuel Macron a indiqué qu’elles avaient été saisies.
Masque obligatoire à l'école dans toute la France
Dans la soirée, le ministère de l'Education a précisé que le masque serait de nouveau obligatoire à l'école élémentaire dans toute la France à partir de lundi, alors qu'il l'est actuellement dans 61 départements.
Réforme des retraites repoussée à 2022
Passant aux mesures économiques et sociales, il a déclaré que "les conditions ne sont pas réunies" pour relancer le chantier de la réforme des retraites, qu'il a repoussé à 2022, autrement dit vraisemblablement à un autre quinquennat. Il a cité à ce titre "la situation sanitaire qui est en train de se dégrader partout en Europe, le souhait unanime exprimé par les organisations syndicales et professionnelles de concentrer les efforts sur la reprise et le besoin de concorde en ce moment que vit notre nation".
Mais il s'est dit toujours attaché au principe d'une telle réforme, en souhaitant en particulier une hausse de l'âge de départ et la suppression des régimes spéciaux, qui devront faire selon lui l'objet de débats, une allusion sans la citer à la future campagne présidentielle.
"Dès 2022, il faudra pour préserver les pensions de nos retraités et la solidarité entre nos générations, prendre des décisions claires" qui sont selon lui "repousser l'âge légal", "supprimer les régimes spéciaux en harmonisant les règles entre public et privé et en faisant en sorte qu'au terme d'une carrière complète, aucune pension ne puisse être inférieure à 1.000 euros". Mais aussi en "encourageant le travail au-delà de l'âge légal".
"Viser le plein emploi"
Autre sujet, les emplois non pourvus, l'un de ses chevaux de bataille. "Il faut viser le plein emploi", a-t-il dit après s'être félicité de la baisse du chômage tout en martelant que "les demandeurs d'emplois qui ne démontrent pas de recherche active verront leurs allocations suspendues".
Construction de nouveaux réacteurs
Sur l'énergie, il a annoncé la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, deux semaines après le rapport du gestionnaire du réseau électrique RTE qui recommande la construction de réacteurs type EPR.
"Nous allons, pour la première fois depuis des décennies, relancer la construction de réacteurs nucléaires dans notre pays et continuer de développer les énergies renouvelables", a-t-il dit sans autre détail, estimant que le nucléaire mais aussi le développement des énergies renouvelables seront indispensables pour atteindre la neutralité carbone en 2050.
"N'ayons pas peur, croyons en nous !", a-t-il conclu, en appelant les Français à "résister" aux "obscurantismes" et au "retour du nationalisme" à cinq mois de la présidentielle.
Les réactions après l'allocution présidentielle
"Emmanuel Macron est décidément l'homme des lobbies. Quoi qu'il en coûte pour le climat, il s'allie avec la Pologne du charbon. Quoi qu'il en coûte pour les Françaises et les Français, il est l'agent du nucléaire, une électricité deux fois plus chère que celle des" énérgies renouvelables, a cinglé le candidat écolo Yannick Jadot.
Autre candidate Marine Le Pen (RN), a jugé que "la troisième dose n'aura donc été qu'une excuse pour faire un discours de campagne dont presque toutes les déclarations sont éminemment contestables. Chômage, insécurité, pouvoir d'achat ? Le monde parallèle d'E. Macron est loin des réalités que vivent les Français !", a-t-elle tweeté.
"Emmanuel Macron parle d'angoisse et dit qu'il faut avoir confiance en nous-mêmes mais c'est lui qui accroît les angoisses en s'en prenant aux droits des chômeurs et en disant qu'il va falloir travailler plus longtemps", a dénoncé Jean-Luc Mélenchon (LFI). Tandis que pour Olivier Faure (PS), "il manquait juste la dernière phrase: c'est la raison pour laquelle je suis à nouveau candidat à la présidence de la République".
(Avec AFP)