"Un jour, vint un homme qui affirma : « Je ne veux pas peindre des anges, parce que je n’en ai jamais vu. » C’était Courbet. Il préférait représenter deux jeunes filles étendues sur les berges de la Seine. Il emmena ses modèles en plein air et les peignit. [...] Courbet a tourné une page et lancé la peinture vers cette nouvelle direction qu’elle suivit pendant des années."
Pablo Picasso cité dans Vivre avec Picasso de Françoise Gilot, Carton Lake, Paris, Calmann-Lévy, 1965, p. 278.
Dans ce témoignage à Françoise Gilot, sa compagne d’alors, Pablo Picasso attribue à Gustave Courbet la paternité de l’art moderne et du mouvement qui aurait radicalement bouleversé les codes de la représentation, de l’impressionnisme jusqu’au cubisme et ses suites. Cette place majeure interroge, tant Courbet reste une figure peu étudiée du Panthéon personnel de Picasso.
Pourtant, le jeune peintre catalan découvre tôt la peinture du maître d’Ornans, dès son arrivée à Paris en octobre 1900, à l’occasion de l’Exposition centennale de l’art français lors de l’Exposition universelle. Courbet s’immisce par la suite chez Picasso doublement à la fin des années 40, par la réinterprétation des Demoiselles des bords de la Seine, ainsi que par l’achat pour sa collection personnelle de l’étonnante Tête de chamois, bête à cornes rappelant le bestiaire picassien.
Les liens entre ces deux figures révolutionnaires de l’art apparaissent étroits et féconds. Courbet et Picasso se rejoignent, en particulier dans leur rapport au passé comme source de la modernité, dans leur sensibilité à leur temps et leur engagement politique, ou encore dans leur réflexion commune autour du nu féminin comme vecteur de leur révolution picturale.
Les deux versions des Demoiselles des bords de la Seine réunies !
Grâce au soutien majeur du Petit-Palais de Paris et du Kunstmuseum Basel, l’exposition réunira les deux versions des Demoiselles des bords de la Seine, l’originale de Courbet et la "réécriture" de Picasso, permettant de réinterroger ce dialogue de peintre à peintre. Cette rencontre inédite vise, au-delà de la filiation réelle entre ces deux créateurs, indépendants d’esprit, à mettre en lumière ce compagnonnage.
Une soixantaine d'oeuvres des deux artistes à voir
L’exposition Courbet -Picasso, révolutions !, dont le commissariat scientifique est assuré par l’historien de l’art Thierry Savatier, réunit plus d’une soixantaine d’œuvres des deux artistes (huile sur toile, arts graphiques, lithographies, gravures, ouvrages et moulages). Elle bénéficie du partenariat privilégié avec l’Etablissement public du Musée d’Orsay et de l’Orangerie, du soutien exceptionnel des musées de Paris et de Barcelone, ainsi que celui du Petit-Palais (Paris) et du Kunstmuseum Basel.
L’exposition sera accompagnée d’une publication richement illustrée, co-éditée avec les éditions Liénart, et bénéficiant des essais de Stéphane Guégan, conservateur du musée d’Orsay, Yves Sarfati, psychanalyste, Thierry Savatier, historien de l’art et commissaire scientifique de l’exposition et Thomas Schlesser, directeur de la Fondation Hartung-Bergman.
Liste des prêteurs institutionnels :
Musée national Picasso, Paris ; Museu Picasso, Barcelone ; Musée Picasso, Antibes ; Fondation Beyeler, Bâle ; Kunstmuseum, Bâle ; Musée d'Art Moderne, Belfort ; Musée des Beaux-Arts, Dole ; Palais des Beaux-Arts, Lille ; Museo nacional Thyssen-Bornemisza, Madrid ; Musée d'Orsay et de l’Orangerie, Paris ; Petit Palais, Paris ; Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon ; Musée municipal de Pontarlier ; Musée d'Art Moderne, Troyes.
Infos +
- Musée Gustave Courbet - 1 place Robert Fernier, 25290 Ornans
Horaires d’ouverture
- Juillet à septembre : ouvert tous les jours sauf le mardi de 10h à 18h
- Octobre à mai : ouvert le lundi de 14h à 17h et du mercredi au dimanche de 10h à 12h et de 14h à 17h
- Fermetures annuelles : 1er janvier, 1er mai, 1er novembre, 25 décembre