La distillerie Armand Guy de Pontarlier (Doubs), capitale française de l'absinthe, a décidé de céder "au prix d'achat" 3.000 litres de son stock d'alcool à 96 degrés à des fabricants de gel hydroalcoolique et à des pharmaciens, avec l'accord des douanes, a indiqué à l'AFP le patron de l'entreprise, François Guy.
"Si nous sommes livrés la semaine prochaine, nous pourrons donner plus de cet alcool" d'ordinaire utilisé pour la fabrication d'absinthe et d'apéritifs, a-t-il ajouté. "Mon grand-père me racontait que pendant la Libération, il y avait beaucoup de blessés, aussi bien français qu'allemands, et l'hôpital manquait d'alcool pour désinfecter. Il avait alors donné ses derniers stocks d'alcool à l'hôpital", raconte le distillateur qui fera don de 400 litres de gel hydroalcoolique, produit avec son alcool, à l'hôpital de Pontarlier.
L'activité de la distillerie est quasiment à l'arrêt, les 14 employés sont à leur domicile. "Les bars sont fermés et, heureusement, rares sont les gens qui boivent seuls: nos ventes se sont écroulées, donc ça aurait été égoïste de garder nos stocks", note François Guy.
A Fougerolles-Saint-Valbert (Haute-Saône), la distillerie d'eaux-de-vie et d'absinthe Paul Devoille a fourni de son côté depuis la fin de semaine dernière "à prix coûtant" 500 litres d'alcool à 96 degrés aux pharmacies. Les officines les transforment en gel ou en solution hydroalcoolique après avoir ramené la teneur en alcool "entre 70 et 75 degrés", a expliqué à l'AFP Hugues de Miscault, le dirigeant de la société.
Ce "dépannage" pourrait déboucher sur un soutien de plus grande envergure, selon le dirigeant de la société de 19 salariés, qui a pris contact avec l'Agence régionale de santé (ARS). Dans la même commune surnommée la capitale de la cerise, la distillerie Peureux, qui emploie 80 personnes, va fabriquer elle-même des solutions hydroalcooliques à partir de mercredi prochain, en lui dédiant son atelier principal de production.
Cette ligne "aura la capacité de produire de 10.000 à 15.000 litres par semaine" dans un premier temps, pour le centre hospitalier de Vesoul, les pharmacies locales et le personnel soignant de proximité, a précisé à Bernard Baud, président des Grandes Distilleries Peureux-Massenez.