Les annonces de Jean Castex lundi 27 décembre, contraintes par une décision du Conseil constitutionnel protégeant les activités politiques, syndicales et cultuelles des restrictions sanitaires afin de garantir le débat démocratique, n’est pas comprise de tous.
Pour limiter les contaminations liées au variant Omicron, très contagieux, le gouvernement a annoncé qu'à partir de lundi 3 janvier et pour trois semaines :
- les grands rassemblements seront limités à une jauge de 2000 personnes maximum en intérieur, et 5000 en extérieur, y compris dans les enceintes sportives ;
- les concerts debout seront interdits ;
- la consommation de boissons et d'aliments dans les cinémas, les théâtres, les équipements sportifs et les transports collectifs, "y compris longue distance" sera interdite ;
- la consommation dans les cafés et bars devra se faire de manière assise.
Une baisse de la fréquentation de 15 à 20%
Pour Manou Comby, ces annonces "ne surprennent qu'à moitié" et pense à la rentrée du 3 janvier qui sera "complexe" puisque depuis près de deux semaines, l'équipe de La Rodia est en vacances et devra rapidement s'organiser, reporter, réfléchir, sur le maintien ou pas du programme de ces prochaines semaines.
"Ce qui me trouble c'est cette incertitude dans la tête du public puisque déjà depuis quelques mois, une part du public ne veut plus venir, soit 15 à 20% y compris sur des dates importantes comme Paul Personne ou Gaëtan Roussel", constate le directeur de la smac.
Le plus grave pour lui, "c'est pour les jeunes artistes, les moins connus, ce n'est déjà pas facile de faire venir du monde pour eux, mais là c'est pire, il y a une réelle hésitation à venir dans les salles."
Quid de l'ouverture des bars dans les salles de concert : "on ne peut pas asseoir 1000 personnes au bar" affirme Manou Comby. C'est dit.
"Un meeting avec tous les candidats suivi d'un concert de Napalm Death"
Aucune jauge limitée ni aucune interdiction ne vise les meetings politiques qui devraient se succéder ce début d'année pour la campagne de l'élection présidentielle.
"Pour le gouvernement, on est des gueux, on ne vaut pas le coup d'être défendus", s'insurge le directeur de La Rodia, "s'il y a des mesures, soit elles sont valables pour tout le monde soit pour personne, ce n'est pas charitable, ça me trouble, c'est pitoyable, méprisant pour le public et les artistes."
Pour l'heure, le concert prévu le 8 janvier dans le cadre des Inouïs du Printemps de Bourges est maintenu, mais assis. Celui de Feu Chatterton ! qui affiche complet le 12 janvier est en cours de réflexion avec la production du groupe. "On ne va pas se laisser abattre", souligne Manou Comby, d'autres projets musicaux portent La Rodia tels que L'ouverture de Toussaint avec Napoléon Maddox qui devrait se produire à Paris le 23 février à Paris en partenariat avec Le Moloco ou encore la création de Bigger et Larry Mullins avec le conservatoire de Besançon.
Le directeur nous confie par ailleurs que La Rodia réfléchit, non sans une pointe d'ironie, à "égayer nos concerts de quelques meetings politiques" ou à programmer "un meeting avec tous les candidats ou partis à l'élection présidentielle pour un débat public, debout, sur la question de la place des arts vivants, le tout suivi d'un concert de Napalm Death", groupe de grindcore britannique au programme de La Rodia le 16 février.
"On ne veut pas d'un monde à la Matrix"
Avec l'organisation plus massive et plus régulière d'évènements publics comme privés à distance depuis le premier confinement en mars 2020, Manou Comby craint une désertion des lieux de culture encore plus importante. "Le spectacle vivant fait le lien entre les artistes et le public, mais notre monde glisse vers d'autres façons de vivre… sauf qu'on ne veut pas d'un monde à la Matrix", insiste-t-il.
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Des discussions entre syndicats sont en cours pour revenir à des jauges pleines, comme en Belgique où les syndicats des musiques actuelles et du spectacle vivant sont parvenus à retirer la limitation de jauges des textes.