entretien
La réforme territoriale, c'est aussi celle des fusions de communes et de communautés de communes, de leur transformation possible en Communauté urbaine – ce à quoi peut prétendre Besançon (quand Dijon obtient son statut de Métropole). Ainsi le Département du Doubs verrait, au terme de la réforme, le nombre de Communautés de Communes divisé par deux. Adoptée et votée à une écrasante majorité par les Sénateurs et les Députés en commission mixte paritaire, elle fait consensus…enfin, elle semble avoir fait consensus, parce qu'elle suscite des critiques qui commencent à se faire entendre.
Pour Christophe Lime, élu au Grand Besançon et Président des élus communistes et républicains du Doubs, "cette réforme annonce la disparition des élus les plus proches des électeurs, le conseiller départemental (ancien conseiller général) et bien évidemment le plus prés du terrain et donc des citoyens, c'est-à-dire le maire de la commune. À la fin, il ne restera que l'État, le niveau régional et le niveau intercommunal".
"il ne restera personne d'identifiable localement"
Et il insiste "la ruralité va mal et cette réforme risque d'aggraver le mal en éloignant les centres de décision, en accentuant la désertification, puisque la ruralité sera ainsi vidée de son personnel politique de proximité, celui le plus connu des administrés". Il ajoute préparant son effet : "Avant, au village, il y avait le Maire, l'Instituteur et le Curé. Avec la disparition programmée du Maire des petites communes, il ne restera personne d'identifiable localement. Et il éclate de rire en ajoutant : "Et je me fais traiter de réactionnaire lorsque je tiens ces propos !" Puis plus sérieux "Pas certain du tout que les économies recherchées en mutualisant et rationalisant les moyens soient évidentes. L'exemple des surcoûts (notamment en déplacements) liés à la fusion des Régions doit nous alerter."
"Cette réforme va contribuer à renforcer le sentiment d'isolement et d'abandon des zones rurales"
"Le moment d'une telle réforme est bien mal choisi" selon l'élu communiste. "La preuve" dénonce Christophe Lime "les résultats des dernières élections avec la nette progression du FN en milieu rural" dit-il en marquant son propos de l'index pointé, accusateur. "Cette réforme va contribuer à renforcer le sentiment d'isolement et d'abandon que vivent les habitants de ces zones rurales" et surtout insiste-t-il "à force de transférer des compétences, la question de l'élection directe des Présidents de ces Communautés de Communes va se poser. Pour le moment elle n'est pas prévue par la loi. Et si les députés n'y changent rien, hé bien c'est le Conseil Constitutionnel qui le fera !" Et puis après un petit silence, un hochement de tête accompagné d'un haussement d'épaules :
"Et puis, ça communique pas beaucoup là dessus, hein. C'est que je crois "conclut-il malicieusement "qu'ils (les élus ndlr) n'ont pas les réponses aux questions qu'on risque de leur poser…!"
Propos recueillis par Albert Ziri