"L'initiative de François Hollande a rencontré le succès à l'Onu, il y a un consensus apparent, maintenant il faut passer aux travaux pratiques. Pour moi, l'essentiel n'est pas dans l'utilisation de la force militaire. Il faut savoir l'utiliser mais à bon escient. L'essentiel est toujours politique : pourquoi va-t-on l'utiliser ? Or ma thèse est qu'il faut restaurer l'Irak et la Syrie comme des Etats vivables pour leurs populations", a-t-il déclaré sur France Inter.
"Il faut pour cela que chacun agisse sur ses clients car cette guerre est une guerre par procuration, principalement entre l'Iran et les monarchies du Golfe, mais aussi la Turquie. Par conséquent il faut exercer toutes les pesées pour aller, un, vers un Irak fédéral, car c'est là qu'est né Daech, il ne faut pas l'oublier; et deux, vers un gouvernement syrien représentatif. Qu'on y aille par étapes me paraît inévitable", a poursuivi l'ancien ministre de François Mitterrand, puis de Lionel Jospin sous la présidence de Jacques Chirac.
La France, qui a "sous-estimé l'enracinement de Bachar al-Assad en 2012"
Pour M. Chevènement, "dans un premier temps, vouloir éliminer Bachar al-Assad, ça veut dire casser ce qui reste de l'Etat syrien qui est un Etat déplorable, nous le savons tous, mais qui a le mérite d'exister. Or quand on casse un Etat, comme en Irak, on dissout son administration, sa police, son armée, etc... on récolte Al-Qaida puis Daech. Quand on casse un Etat comme en Libye, on récolte finalement un Etat anarchique, le chaos".
La France, qui a "sous-estimé l'enracinement de Bachar al-Assad en 2012", a soutenu "des rebelles qui ne tenaient pas le terrain", a estimé celui qui, en septembre, plaidait pour des frappes coordonnées avec le régime de Damas. L'ancien ministre de l'Intérieur n'est "pas partisan de prolonger indéfiniment" l'état d'urgence. "Je pense qu'il faut d'abord assurer les bases constitutionnelles", a-t-il dit, se disant "favorable" à la réforme proposée par M. Hollande "parce qu'elle permettra de cadrer l'utilisation de ces pouvoirs spéciaux, qui pourraient donner lieu à des dérives". "Pour le reste, j'approuve les perquisitions administratives, un certain nombre de mesures qui ont été prises dans l'urgence. Mais un état d'urgence ne peut pas être un état permanent".