Des paniers garnis de belles morilles blondes et noires. Telles sont les images qui circulent sur les réseaux sociaux depuis plusieurs jours. Coup de chance ou vraie année à morilles ? Nous avons posé la question à Charles Grapinet, pharmacien et mycologue à la Société d'Histoire Naturelle du Doubs.
mC : 2023 est-elle une année exceptionnelle pour trouver des morilles ?
Charles Grapinet : "Ce n'est pas une année exceptionnelle, mais c'est une bonne année à morilles. Avec les réseaux sociaux, on peut avoir l'impression qu'il y en a davantage, mais la quantité est équivalente à l'année dernière.
Il faut savoir que depuis plusieurs années, une maladie s'est développée au niveau des frênes (la chalarose). Cela a eu pour conséquence d'éliminer de nombreux arbres et donc des morilles, liées directement aux racines de ces derniers. Désormais, il est donc difficile de trouver des morilles blondes.
Les morilles noires, elles, affectionnent les sols calcaires, notamment les sapinières, où elles poussent en abondance. On peut donc en voir sur le plateau jurassien".
mC : En avez-vous trouvé ?
Charles Grapinet : "Oui, j'en ai trouvé une soixantaine mercredi lors d'une balade de cinq heures. Il sera encore possible d'en ramasser pendant une quinzaine de jours. En général, on les trouve d'avril à mai.
Il est toujours compliqué de déterminer quand elles arrivent exactement. Elles aiment les chocs thermiques et la pluie si le sol est trop sec. Il ne faut pas non plus qu'il fasse trop froid ou qu'il y ait trop de vent.
Pour ce qui est du ramassage, les morilles peuvent être coupées à l'aide d'un couteau. Il est aussi possible de disséminer quelques spores (graines présentes sur le chapeau) afin de favoriser sa réapparition. Mais sans toutefois en être assuré... la morille est capricieuse.
mC : Peut-on confondre la morille avec un autre champignon ?
Charles Grapinet : "Oui, avec la gyromitre. Elle pousse également en altitude. Ce champignon est parfois consommé, mais il est avéré qu'il est lié à des cas mortels ou a été le déclencheur de la maladie de Charcot. Il possède des neurotoxines.
La morille est un champignon alvéolé, comme un nid d'abeilles. La gyromitre, elle, est en forme de cerveau.
Une précaution est à prendre lorsque l'on trouve une morille. Elle est toxique crue. Elle se consomme donc bien cuite (au moins une vingtaine de minutes)".
mC : Vers qui peut-on se tourner pour faire vérifier ses champignons ?
Charles Grapinet : "Il est possible de le faire auprès des sociétés mycologiques (présentes dans tous les départements) et de les faire vérifier auprès des pharmaciens (tous les praticiens ne sont pas mycologues.)"
Comme le magicien qui ne dévoile pas ses tours, le cueilleur ne dévoile pas ses coins... Nous n'en saurons donc pas plus ! Bonne chance à tous !
Infos +
En automne, des permanences sont mises place tous les lundis soirs à la Fabrikà sciences. Enfin, tout le monde peut adhérer à la Société d'Histoire Naturelle du Doubs. Elle n'est pas uniquement réservée aux mycologues. Chacun peut donc élargir ses connaissances et participer aux sorties.