Caricatures de Charlie Hebdo: un enseignant menacé de mort par une collégienne de Montbéliard

Mise à jour à 09h33 • Une adolescente de 13 ans a été placée en garde à vue pour avoir menacé de mort un enseignant qui avait montré des caricatures religieuses de Charlie Hebdo à ses élèves de collège, a indiqué mardi 21 janvier 2025 le procureur de Montbéliard. La collégienne, qui affirme avoir voulu "faire une blague", est convoquée en février devant le délégué du procureur qui lui notifiera un avertissement pénal probatoire.

Tribunal de Montbéliard © Google Street View

Le 8 janvier, au lendemain de l'hommage national rendu aux victimes des attentats de Charlie Hebdo, un enseignant d'histoire-géographie de l'agglomération de Montbéliard a présenté à ses élèves de 4e plusieurs caricatures du journal satirique, religieuses - un imam, un curé, un rabbin - et politiques, a indiqué à l'AFP le procureur Paul-Édouard Lallois.

Une élève de la classe n'a pas apprécié les caricatures, mais "le cours d'instruction civique s'est déroulé normalement", précise-t-il. Une semaine après, "la même jeune fille est venu trouver l'enseignant pour lui dire qu'un lycéen veut venir le tuer car il a montré les caricatures", poursuit le magistrat. Inquiet, le professeur a déposé plainte et l'établissement scolaire a également saisi la justice.

Une "mauvaise blague"

Le procureur de Montbéliard a ouvert une procédure pour "menace de mort sur un enseignant" et la collégienne a été entendue en garde à vue. "Elle a immédiatement reconnu avoir tenu ces propos, mais elle a assuré que c'était une mauvaise blague qu'elle regrettait amèrement", relève M. Lallois. "C'est une jeune fille totalement immature qui ne se rend pas compte de la portée de ses propos", selon lui.

La collégienne et sa famille "ne sont pas du tout radicalisées" et "sont inconnues de la justice", ajoute le magistrat, notant que "tous les services de l'État se sont vite mobilisés pour être sûrs qu'on ne passait pas à côté d'une affaire type Samuel Paty", un enseignant décapité en 2020 par un islamiste radical tchétchène après avoir présenté une caricature de Mahomet en cours.

Son avocate a estimé que les faits n'étaient pas caractérisés, mais pour le procureur, "même si elle n'avait pas la volonté de menacer avec ses propos, leur teneur exacte ne peut être que de nature à engendrer un sentiment de crainte par la personne qui les reçoit, notamment vu le contexte".

"L’État a le devoir absolu d’être à leurs côtés et de ne rien laisser passer"

Dans un communiqué du 22 janvier, le député Laurent Croizier apporte son ”total soutien” au professeur du pays de Montbéliard, menacé de mort par une élève pour avoir présenté des caricatures du journal Charlie Hebdo. ”Dans le cadre de son cours d’éducation civique sur le thème de la liberté d’expression et de la liberté de la presse, le professeur avait présenté des caricatures des trois principales religions monothéistes. 

En France, chacun est libre, libre de penser le monde, de s’exprimer, de croire ou de ne pas croire, de caricaturer. La liberté d’expression et la laïcité ne sont pas négociables. L’école est le garant et le vecteur de ces valeurs. Elle doit être ce sanctuaire où le harcèlement, l’exclusion, le racisme, le prosélytisme religieux n’y ont pas leur place. Enseignant de profession, je mesure la difficulté de cette mission. Je tiens à apporter mon soutien à ce professeur, ainsi qu’à l’ensemble des enseignants de notre pays, piliers de notre République. L’État a le devoir absolu d’être à leurs côtés et de ne rien laisser passer. Je salue la réaction ferme et rapide des services de l’Éducation nationale et de la Justice, démontrant que notre société a appris de ses tristes erreurs et prend désormais la mesure du problème”, écrit le député, qui est aussi enseignant. 

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