Carburants : les pénuries continuent, le gouvernement réquisitionne le personnel gréviste

Publié le 12/10/2022 - 16:19
Mis à jour le 12/10/2022 - 15:47

Ce mercredi 12 octobre, le gouvernement a lancé une première réquisition de salariés grévistes chez Esso-ExxonMobil pour débloquer des stocks de carburants et ravitailler les stations-services à sec, mais la grève se poursuivait, y compris chez TotalEnergies, faute d'avancées sur les négociations salariales.

 © Alexane Alfaro
© Alexane Alfaro

Comme annoncé par la Première ministre mardi 11 octobre, le ministère de la transition énergétique a lancé la réquisition des personnels indispensables au fonctionnement du dépôt de carburants de la raffinerie ExxonMobil de Port-Jérome (Gravenchon) en Seine-Maritime.

La réquisition ne concerne pas les opérations de la raffinerie et donc la production de carburant. Les grévistes du dépôt de Flandres de TotalEnergies, près de Dunkerque, seront les prochains, a confirmé le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran.

"Galère"

Les salariés indispensables devraient donc se voir contraints de venir rouvrir les vannes afin que des camions puissent se charger, sous peine de sanctions pénales, comme lors du précédent de 2010, quand les gendarmes avaient débloqué l'accès d'une raffinerie pour que des salariés réquisitionnés puissent relancer le site.

Six des sept raffineries de France sont en grève ce mercredi : les quatre de TotalEnergies et les deux d'Esso-ExxonMobil ; seule celle de Lavéra (groupe Petroineos) n'est pas bloquée. S'y ajoute le dépôt de Flandres.

Malgré la menace des réquisitions, que les syndicats entendent contester en référé, les grévistes des deux groupes pétroliers ont voté sur plusieurs sites mercredi, au moment des changements de quarts, pour reconduire leur mouvement, notamment à Donges en Loire-Atlantique (TotalEnergies), et à Gravenchon (Esso), seul centre visé par les réquisitions pour l'instant.

Et FO, quatrième syndicat parmi les salariés du raffinage chez TotalEnergies, a rejoint mercredi la grève. De quoi prolonger les pénuries, malgré la promesse d'amélioration du gouvernement depuis la fin de semaine dernière, et réitérée mercredi.

31,3 % des stations-service manquent de carburant

Mardi à 18 heures, 31,3 % des stations-service manquaient d'un ou plusieurs carburants, selon le ministère. La proportion était pire dans dans les Hauts-de-France (44,8 %) et en Ile-de-France où les pénuries se sont nettement aggravées cette semaine (44 %).

Partout les automobilistes racontent leur "galère" en quête d'essence ou de diesel, désormais à l'aide d'applications qui ne permettent pas toujours de faire le plein : "Ça fait la troisième station-service", désespère Esther Berrebi, assistante de vie à Paris. "Depuis 7 heures du matin, je suis dans la rue."

Au-delà des déplacements de tous les jours, le travail des artisans, ambulanciers, livreurs et autres professionnels est perturbé, au point que le patronat s'est inquiété cette semaine des conséquences sur la vie économique du pays.

La cause du conflit : les salaires. La CGT, qui a lancé la grève le 27 septembre chez TotalEnergies, revendique 10 % d'augmentation pour 2022, contre les 3,5 % obtenus en début d'année, afin de compenser l'inflation et de profiter des bénéfices exceptionnels du groupe.

Critiques politiques

Mais ces négociations n'ont pas commencé chez TotalEnergies. Pour la première fois, la direction a toutefois accepté de recevoir la CGT mercredi ; jusqu'à présent, elle exigeait comme préalable la levée des blocages pour voir le deuxième syndicat du groupe. Mais seulement pour des concertations et échanges, toute vraie négociation devant se faire avec les quatre syndicats représentatifs - ce que la société refuse tant que ses sites sont bloqués. "On va discuter du besoin d'ouvrir très rapidement des négociations", martèle Thierry Defresne, qui représente la CGT à ces discussions.

Chez Esso, un accord a été signé avec deux syndicats majoritaires dont la CFDT, mais pas avec la CGT. La grève continuait dans ses deux raffineries. A Fos-sur-Mer, aucun carburant n'est sorti depuis le 21 septembre.

Chez TotalEnergies, la grève dure depuis le 27 septembre et prend de l'ampleur. Elle concerne la raffinerie de Normandie (Gravenchon), près du Havre, le dépôt de Flandres, près de Dunkerque, la "bio-raffinerie" de La Mède (Bouches-du-Rhône), la raffinerie de Feyzin (Rhône), et celle de Donges.

Face aux files d'attente d'automobilistes exaspérés, interviewés en boucle sur les chaînes d'information, le gouvernement est de plus en plus critiqué par les oppositions. La députée écologiste Sandrine Rousseau a appelé mercredi à "la grève générale", quand Mathilde Panot (LFI) s'est rendue parmi les grévistes d'ExxonMobil à Gravenchon.

(AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Politique

Budget : à Besançon, le Nouveau Front Populaire local milite contre un projet budgétaire “destructeur”

Le NFP local, ainsi que des associations et syndicats locaux qui soutiennent le programme du Nouveau Front Populaire, ont décidé d'organiser conjointement une conférence de presse jeudi 21 novembre à Besançon afin de dénoncer le budget du gouvernement Barnier et affirmer que d’autres choix sont possibles. Celles-ci ont notamment été présentées à l’intérieur d’une proposition de "contre-budget"émanant du NFP.

Agriculture : Annie Genevard sur le terrain d’une filière mobilisée

La ministre de l'Agriculture effectue jeudi 21 novembre 2024 dans le Pas-de-Calais sa première visite sur le terrain depuis le retour des paysans dans la rue, la mobilisation semblant désormais surtout se circonscrire aux actions des bonnets jaunes de la Coordination rurale. A Besançon, elle a rappelé vendredi dernier son soutien à la filière.

Budget Sécu : le Sénat vote une nouvelle “contribution” de 7h de travail sans rémunération par an

Faire travailler tous les actifs sans rémunération pendant sept heures de plus par an pour renflouer la Sécurité sociale ? C'est la mesure choc adoptée mercredi 20 novembre 2024 par le Sénat, qui plaide pour cette "contribution de solidarité" censée rapporter 2,5 milliards d'euros chaque année au secteur de l'autonomie.

Agriculture, mobilité, tourisme… Plus de 134 millions d’aides régionales votées en commission permanente

La commission permanente du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté s’est tenue vendredi 15 novembre 2024. Les élu(e)s ont voté pour 134,2 millions d’euros d’aides en faveur du territoire. Focus sur quelques dossiers.

À Besançon, la ministre de l’Agriculture Annie Genevard annonce des mesures exceptionnelles

Annie Genevard, la ministre de l’Agriculture, s’est rendue à titre personnel à Micropolis Besançon à l’occasion de Vache de Salon vendredi 15 novembre 2024. Aux côtés de Marie-Guite Dufay, la présidente de la Région Bourgogne Franche-Comté, elle a annoncé que l’Etat et la Conseil régional allaient mettre oeuvre des mesures exceptionnelles face aux difficultés rencontrées dans la gestion des dossiers du FEADER.

Dominique Voynet en désaccord avec Annie Genevard sur la question des produits phytosanitaires

Annie Genevard, la ministre de l’Agriculture, a indiqué dans un post Facebook le 14 novembre 2024 la création "d’un comité des solutions". Dominique Voynet, la députée du Doubs, dénonce lesdites solutions trouvées sur l’utilisation des produits phytosanitaires et des dérogations accordées.

Anne Vignot porte plainte contre Alexandra Cordier et l’ancien maire de Besançon

Suite aux 94.000€ perçus par Alexandra Cordier, collaboratrice de Jean-Louis Fousseret, lors de son licenciement le 1er janvier 2020, l’actuelle maire de Besançon, Anne Vignot, a tenu à porter plainte au nom de la Ville. Pour rappel, la somme qu’a reçue A. Cordier a été révélée dans un rapport d’observations de la Chambre régionale des comptes qui a été rendu public lors du dernier Conseil municipal.

Licenciement d’Alexandra Cordier de la Ville de Besançon : une enquête préliminaire est ouverte pour ”détournement de fonds publics”

Dans son rapport d’observations définitives pour la commune de Besançon, la Chambre régionale des comptes, dont le rapport a été rendu public lors du dernier conseil municipal de Besançon, met en avant la somme de 94.000€ perçus par Alexandra Cordier lors de son licenciement, alors collaboratrice au cabinet du maire de l’époque, Jean-Louis Fousseret, en 2019.

L’Assemblée rejette le projet de budget 2025, le gouvernement se tourne vers le Sénat

Les efforts de la gauche n’y ont rien fait : la version « NFP compatible » du projet de budget 2025 a été rejetée mardi 12 novembre 2024 à l’Assemblée, notamment par les voix de la coalition gouvernementale et du Rassemblement national, l’exécutif pouvant désormais envoyer son texte vers un Sénat à la composition plus favorable.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 14.98
peu nuageux
le 25/11 à 06h00
Vent
7.29 m/s
Pression
1014 hPa
Humidité
56 %