L'un des pires jours de la pénurie, le 17 octobre, le gouvernement déclarait que 28,1% des stations-service de France étaient en manque soit d'essence, soit de diesel, soit des deux. Mais la proportion réelle était ce jour-là de l'ordre de 40,6% selon une estimation de l'AFP à partir des données du site prix-carburants.gouv.fr portant sur environ 9.800 stations, et de 40,8%, selon une autre estimation publiée vendredi par Le Figaro. Franceinfo conclut de son côté que 50% des stations étaient en difficulté ce jour-là.
Il s'agit de moyennes nationales. Les stations fermées se concentraient en effet dans le nord, le centre et le sud-ouest, où les proportions étaient bien supérieures, tandis que le Grand Ouest a été moins touché.
Au pic de la grève, 49% des stations des Hauts-de-France et 47% de celles d'Ile-de-France étaient de facto fermées les 11 et 10 octobre, respectivement, selon l'AFP, c'est-à-dire qu'elles ont déclaré vendre ni essence, ni diesel. Des proportions en phase avec les témoignages recueillis auprès d'automobilistes en quête de plein.
Ces jours-là, le gouvernement affirmait qu'environ 44% des stations dans ces deux régions étaient en rupture totale ou partielle.
Pire : en Haute-Garonne, ce sont 72% des stations qui connaissaient des ruptures de carburants le 11 octobre, selon l'AFP.
Au pic de la grève donc, un peu moins de la moitié des stations de France ont manqué de carburant, dont un tiers étaient complètement à sec, selon plusieurs estimations de médias.
Carburants interchangeables
Le Figaro évoque des chiffres "beaucoup plus alarmants qu'annoncés". Franceinfo, "en appliquant la même méthodologie que celle de l'exécutif, à partir de la même source de données", estime les chiffres réels des stations en difficulté "supérieurs de 8 à 20 points de pourcentage à ceux du gouvernement".
La grève des raffineries a commencé le 27 septembre chez TotalEnergies. Une grève entamée quelques jours auparavant dans les deux raffineries d'Esso en France a également contribué à assécher le pays, puisqu'il ne restait au pire de la crise qu'une seule raffinerie en service, opérée par un autre groupe (Petroineos).
La France compte environ 9.900 stations-service actives, qui renseignent chaque jour leurs prix sur un portail du ministère de l'Economie, une obligation plus ou moins bien respectée et qui concerne celles qui vendent plus de 500 mètres cubes par an. Ces données sont téléchargeables sur prix-carburants.gouv.fr.
Pour ses calculs, l'AFP a considéré, comme le gouvernement, Le Figaro et Franceinfo, les trois types d'essence SP98, SP95 et SP95-E10 comme interchangeables.
Le ministère, interrogé par l'AFP, a expliqué qu'il ne comptait que les stations déclarant une "rupture", mais pas les stations cochant une autre case disant qu'un carburant est "non distribué" pour d'autres motifs, une catégorie qui n'est pas distinguée dans les données publiques. Il a refusé de fournir ses données complètes incluant cette catégorie.
Lent retour à la normale
Les horaires des remontées peuvent également influer à la marge sur le taux de rupture constaté; et ces chiffres dépendent de l'assiduité des stations pour le renseignement des données, alors que certains prix dans le fichier remontent à plusieurs jours.
Des écarts apparaissent notamment entre le fichier actualisé en temps réel plusieurs fois par jour, les données quotidiennes publiées une fois par jour et l'agrégat annuel.
La tendance reste néanmoins à l'amélioration cette semaine, à la faveur des réquisitions de salariés grévistes et des suspensions de grèves chez Esso-ExxonMobil et TotalEnergies, seuls deux sites du groupe pétrolier français étant encore en grève vendredi.
Une autre façon de visualiser la pénurie est de compter les stations qui déclaraient vendre à la fois de l'essence et du diesel: elles étaient 92% à le faire avant le grève, et seulement 53% lundi. Un taux revenu à 75% vendredi pour les premiers départs en vacances.
(AFP)