Budget : le PS ne votera pas la censure, Bayrou dégaine deux 49.3

Publié le 03/02/2025 - 17:33
Mis à jour le 03/02/2025 - 17:16

Le PS a tranché, ses députés s’abstiendront de voter la censure du gouvernement de François Bayrou sur le budget de l’Etat, sur lequel le Premier ministre a dégainé lundi 3 février 2025 le premier article 49.3 de son mandat. Un deuxieme a suivi pour faire adopter la première partie du budget de la Sécurité sociale...

 © LCP Direct / capture
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Deux mois après la chute du gouvernement Barnier, François Bayrou semble donc assuré de rester à Matignon, même si le Rassemblement national décidait de voter la censure.

« Aucun pays ne peut vivre sans budget et la France moins que tout autre », a argué François Bayrou à la tribune de l’hémicycle, engageant la responsabilité de son gouvernement sur le projet de budget 2025, un texte de compromis dont a accouché vendredi une commission mixte paritaire (CMP) réunissant 14 députés et sénateurs

Les Insoumis ont répondu comme attendu par l’annonce d’une motion de censure, qui n’aura toutefois aucune chance d’aboutir sans les voix des députés du Parti socialiste. Le bureau national du parti à la rose a tranché: il ne votera pas pour faire chuter François Bayrou.

« Le projet de loi de finances pour 2025 demeure un budget de droite », a affirmé le groupe PS dans un communiqué, invoquant l’« esprit de responsabilité » et « l’intérêt du pays » pour « ne pas censurer le gouvernement au moment où la France attend de disposer d’un budget ».

Selon le groupe PS l’ensemble des 66 députés suivront la décision du Bureau national, et cette position vaudra pour le budget de l’Etat comme celui de la Sécurité sociale. Une décision importante puisque François Bayrou doit dégainer lundi après-midi un autre 49.3 sur le budget de la Sécu.

« Le vote de non-censure par le PS consomme son ralliement au gouvernement Bayrou », a tancé dans une note de blog le chef de file de LFI Jean-Luc Mélenchon, quand le président LFI de la commission des Finances Eric Coquerel a dénoncé un texte « encore plus austéritaire et plus nocif pour le pays que ce que projetait Michel Barnier ».

Si le PS a « arraché des concessions » sur le budget de l’Etat, elles « restent largement insuffisantes », avait reconnu dimanche le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud.

« Mais nous savons aussi que ce pays a besoin d’un budget et nous entendons les inquiétudes, les craintes des entreprises, des collectivités ou des associations », avait-il ajouté.

Deux lignes s’affrontaient au sein du parti, entre ceux qui ne veulent pas laisser le pays sans budget, comme le demande l’ancien Premier ministre Lionel Jospin, et ceux qui veulent censurer notamment au nom des valeurs depuis que M. Bayrou a utilisé le terme de « sentiment de submersion » migratoire, cher à l’extrême droite.

Le PS déposera d’ailleurs de sa propre initiative une motion de censure spontanée (article 49.2) en réaction à ces propos, mais qui semble n’avoir aucune chance de recueillir les voix du RN. « Ils savent bien que ce sera une balle à blanc », a réagi Eric Coquerel.

Le RN décidera mercredi

Lundi, ce sont plutôt les partisans d’une non-censure qui se faisaient entendre. « Ce n’est évidemment pas un budget (de la Sécurité sociale) de gauche mais il est assurément plus acceptable que le budget Barnier », a estimé dans Les Échos Jérôme Guedj.

L’exécutif a fermé la porte à de nouvelles concessions au budget de l’Etat. La porte-parole du gouvernement Sophie Primas a confirmé sur France 2 que le texte soumis au 49.3 sera celui issu de la CMP.

Quant à une hausse du Smic, celle-ci « n’est pas à l’ordre du jour », selon la ministre du Travail Catherine Vautrin, qui l’a renvoyée à « une conférence sociale plus large », après le conclave sur les retraites.

Le RN, dont les voix sont aussi nécessaires pour aboutir à une censure, devait trancher lundi, mais a reporté sa réunion à mercredi en début d’après-midi, selon un cadre du groupe présidé par Marine Le Pen.

Le député RN Jean-Philippe Tanguy a affirmé dimanche que le budget proposé était « pire que l’absence de budget », et que lui-même souhaitait la censure. Mais il appartiendra à Marine Le Pen et à Jordan Bardella de trancher.

(Avec AFP)

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