Entouré d’associations locales, le NFP, représenté entre autres par Séverine Véziès ce jeudi à Besançon, a cherché à montrer que, aussi bien les actifs que les retraités, étudiants ou encore étrangers demandant l’asile en France et même l’environnement, tous seront impactés d’une manière ou d’une autre par le projet budgétaire du gouvernement de Michel Barnier actuellement étudié par le Sénat.
Avec ses "40 milliards d’économie et 20 millards d’impôts supplémentaires" pour enrayer le déficit public (6% et une dette de 112% du PIB), le projet initial du gouvernement Barnier prévoit surtout, pour Philippe Marquis (À gauche citoyens), de mettre à contribution "la grande majorité des Français". Parmi l’augmentation de la taxe sur l’électricité ou encore l’indexation partielle des retraites, c’est également la réduction des moyens des services publics qui inquiètent les organisations.
Un budget avec "des répercussions importantes sur la vie des gens"
Au niveau local, plusieurs élus ont d’ailleurs déjà sonné la tirette d’alarme à ce sujet. C’est le cas notamment pour la Ville de Besançon, amputée à hauteur de 5,6 millions d’euros dans son budget mais également de Grand Besançon Métropole avec 7 millions d’euros en moins ou encore de la Région privée de 18 millions d’euros. Des coupes dans les dotations de l’État qui "auront des répercussions importantes sur la vie des gens" a insisté Philippe Marquis.
Les organisations présentes (Intersyndicale, Alternatiba, Attac, Unef, Confédération nationale du logement) ont dénoncé ce budget et annoncé soutenir les propositions faites par le NFP qui répondent selon eux, davantage à leurs revendications.
"Le budget Barnier est dramatique sur le plan social, irresponsable sur le plan écologique et il est catastrophique sur le plan économique" - Séverine Vézies
Présenté le 9 octobre dernier, le NFP a effectivement établi un contre-budget qui "n’est pas un budget de bureaucrate, ni de technicien, c’est un budget qui vient du terrain" a expliqué Séverine Vézies. Rappelant l’illégitimité "sur le plan politique et démocratique" de ce gouvernement, elle a insisté sur le "projet destructeur" de ce dernier qui n’est autre que "le bilan d’Emmanuel Macron et le bilan de l’ensemble des politiques libérales qui sont menées depuis plus de 30 ans".
Une dette "abyssale" due "aux cadeaux fiscaux"
Citant la Cour des comptes, Séverine Vézies a rappelé que "pour la seule année 2023, les baisses d’impôts pour les grandes entreprises et les ménages les plus riches ont conduit à une perte de recette publique de 62 milliards d’euros". La dette publique "abyssale" serait donc pour la politicienne due "aux cadeaux fiscaux" ayant généré "un manque de recette fiscale, délibérément distribué aux multinationales et aux plus riches de notre pays sans aucune contrepartie" mais non pas à "un excès de dépenses publiques".
Partant de ce constat, le NFP propose dans son contre-budget 10 mesures phares qui s’orientent autour de trois phases :
- Suppressions des niches et des dispositions inefficaces : fin des exonérations patronales au-dela de deux fois le SMIC, recentrage du crédit impôt recherche.
- Faire contribuer les ultra riches et les grands groupes à l'effort national : rétablir l'ISF et le volet climatique, plus la réforme de "l'exit tax". Suppression du prélèvement forfaitaire unique. Taxe sur les héritages dorés (au-delà de 200.000€ d'héritage). Taxe exceptionnelle sur les super profits et super dividendes. Taxe sur transitions financières.
- Faire peser l’effort de la transition sur les plus gros pollueurs et redonner les moyens aux collectivités : mettre fin aux privilèges de l'aérien. Redonner des marges de manoeuvre aux collectivités territoriales notamment avec la CVAE.
Des propositions qui, mises bout à bout, permettraient selon le NFP, de ramener la dette publique à 3% du PIB (contre 6,1 % actuellement) et démontrent "le sérieux que l’on apporte et le réalisme économique dans lequel on est" a insisté Séverine Vézies.
Taxer les plus riches
"On va aller chercher l’argent là où il est" chez "celles et ceux qui depuis des années se gavent sur le dos des Français" notamment en taxant à hauteur de 2% les patrimoines au-delà d’un milliard d’euros (taxe Zucman) a expliqué la politicienne. Cela correspond en France à "taxer 147 milliardaires" a-t-elle encore précisé.
Rappelant qu’ils continuent de "revendiquer le fait de gouverner le pays, fort de notre résultat aux élections législatives du 7 juillet". Ce contre-budget a également pour objectif de rappeler que le NFP a "une aptitude à gouverner avec un programme clair".
Pour l’heure, si, comme l’a rappelé Anthony Poulin, "rien n’est joué tant que le budget n’est pas voté", les élus du NFP disent poursuivre le travail parlementaire. Mais il ne fait aucun doute qu’en cas de 49.3 pour tenter de faire passer en force le projet budgétaire, ils n’hésiteront alors pas à déposer une motion de censure pour tenter de renverser "ce gouvernement illégitime".
De son côté, l’Intersyndicale a également rappelé que "le mois de décembre va être assez chaud du point de vue du mouvement social". Le rapport de force est donc toujours en cours.