"Le retour de l'inflation est une source de préoccupation et d'inquiétude, d'angoisse pour des millions de compatriotes", a souligné Bruno Le Maire, alors que la hausse des prix à la consommation a atteint 4,8 % sur un an en avril. S'adressant aux patrons, il a souhaité "que, tous ensemble, nous puissions apporter des réponses à cela", tout en rejetant "des augmentations générales, partout, décidées par l'administration", car "ce n'est pas comme ça que ça marche".
"La réponse à l'inflation doit être équitablement partagée […] Cela ne peut reposer uniquement sur l'État", a encore plaidé le ministre, renouvelé vendredi dans ses fonctions au sein du gouvernement d'Élisabeth Borne. Il a rappelé les mesures déjà prises lors du précédent quinquennat pour protéger le pouvoir d'achat des ménages, comme le bouclier énergétique, ainsi que les engagements du président Emmanuel Macron qui feront l'objet d'un projet de loi présenté en conseil des ministres avant les législatives des 12 et 19 juin 2022.
Méfiance des entreprises
Faisant écho, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), François Asselin, qui avait rejeté en matinée sur France Info toute "hausse de salaire uniforme", a souligné les marges de manœuvre réduites de nombreuses sociétés. "Une entreprise ne peut distribuer que ce qu'elle gagne […]. Le principe de réalité s'impose à elle", a-t-il dit.
"On a des entreprises qui sont fragilisées, donc il faut faire attention, ne pas handicaper l'avenir, qui est incertain", a abondé Dominique Métayer, président de l'Union des entreprises de proximité (U2P). Les représentants patronaux ont aussi fait valoir les efforts déjà consentis.
Face aux tensions de recrutement, "beaucoup d'entreprises ont fait des augmentations individuelles" de salaires, a assuré François Asselin. En outre, "environ 50 % des TPE/PME ont versé à leurs salariés la prime Macron" créée fin 2018, défiscalisée et dont le montant maximal devrait tripler au cours du quinquennat, selon une promesse de campagne du président Macron. Pour inciter davantage d'entreprises à franchir le pas, François Asselin a suggéré au gouvernement de les autoriser à verser la prime en plusieurs traites, de façon à contourner d'éventuelles difficultés passagères de trésorerie.
Baisse des impôts de production
Sur France Info, le président délégué du Medef, Patrick Martin, a plaidé pour les "dispositifs d'intéressement, de primes". Ils doivent "permettre de trouver une solution de compromis qui satisfasse tout le monde et ne mettent pas les entreprises en difficulté sur la durée". Pour redonner du pouvoir d'achat aux salariés, le coprésident du Mouvement des entreprises de taille intermédiaire (METI) Frédéric Coirier a, lui, dit miser sur la baisse annoncée des impôts de production.
"Il faut revenir à la moyenne [européenne], pour restaurer les marges de nos entreprises. À partir du moment où elles ont des marges, elles investissent, elles créent de l'emploi et elles peuvent augmenter les rémunérations des salariés", a-t-il expliqué. Un retour à la moyenne continentale qui équivaudrait, selon lui, à 35 milliards d'euros de baisse des impôts de production. Soit cinq fois plus que les 7 milliards d'impôts de production que l'exécutif s'est engagé à faire disparaître en supprimant la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises.
Les entreprises s'inquiètent en outre de l'augmentation de leurs coûts liés à d'autres facteurs que les salaires. "Nous voyons flamber nos prix d'approvisionnement en matières premières, l'énergie en premier. Et lorsqu'on ne peut pas répercuter sur les prix de vente, c'est compliqué", a expliqué le patron de la CPME.
(AFP)