"Un pays ami, un pays allié avec lequel nous avons tant de liens, vient de décider de se séparer de notre union, l'Union européenne, qu'on croyait indestructible, indissoluble", a constaté le président de la République lors de la cérémonie d'inauguration du mémorial de Dun-les-Places (Nièvre), village martyr où 27 hommes avaient été fusillés en juin 1944.
"Il est de la responsabilité de la France et de l'Allemagne de prendre l'initiative, parce que nous avons montré que du malheur, de l'horreur et de la guerre, nous avons été capables de construire une amitié forte et c'est en définitive le symbole de Dun-les-Places", a-t-il ajouté. "Séparés, nous prenons le risque d'être désunis, en discorde et en querelle (...) Ensemble, nous pouvons gagner pas simplement la paix, mais l'estime des hommes et des femmes de cette belle union qui s'appelle l'Europe", a-t-il conclu.
Du 26 au 28 juin 1944, 3.000 soldats nazis assiégèrent Dun-les-Places et fusillèrent 27 hommes, âgés de 20 à 68 ans, dont le maire, le curé, des instituteurs et des agriculteurs du village. Ils pillèrent et brûlèrent ensuite des maisons du bourg. Un mémorial a récemment ouvert ses portes en souvenir du drame.
François Hollande a fait à plusieurs reprises références à son prédécesseur François Mitterrand, élu de la région qui se rendait chaque année à Dun-les-Places pour commémorer cet événement, et à son "combat européen". "Dans un discours à Strasbourg, François Mitterrand avait exhorté les parlementaires européens à se souvenir et à comprendre, comme le mémorial", a dit le Président. Le fils cadet de François Mitterrand, Gilbert, était présent dimanche à la cérémonie, mais n'a pas pris la parole.
La sénatrice socialiste de la Nièvre et petite-fille de l'un des fusillés de Dun-les-Places, Anne Emery-Dumas, a pour sa part fait un parallèle entre les événements survenus dans ce village 72 ans plus tôt et l'attaque du 13 novembre 2015 à Paris. "Comment passe-t-on, brusquement en un soir, de la normalité d'un village paisible au déchaînement de haine qui conduit au massacre ? Comment passe-t-on d'une soirée entre amis à la terrasse d'un café à l'horreur absolue d'un carnage ?", s'est interrogée la parlementaire.
(AFP)