Les baisses conjuguées du nombre de femmes en âge de procréer et du nombre moyen d’enfants par femme pèsent toujours fortement sur le nombre de naissances. En 2022, les décès augmentent de nouveau et restent élevés en raison d’une population vieillissante, mais aussi des épisodes de canicule et de grippe saisonnière.
Après des gains substantiels dans les années 2000, l’espérance de vie stagne. Dans la région, seul le Doubs poursuit sa croissance démographique grâce à un excédent des naissances sur les décès. La population de la Côte-d’Or est stable et celle des autres départements décline.
La population régionale baisse depuis 2015
Au 1er janvier 2023, la population de la région est estimée à 2 786 300 habitants, soit 4,2 % de la population métropolitaine. La Bourgogne-Franche-Comté se place au 11e rang des régions, devant le Centre-Val de Loire, mais derrière la Normandie. La baisse de la population amorcée en 2015 se poursuit (-0,2 % par an). C’est le plus fort déclin des régions métropolitaines devant la Normandie et les Hauts-de-France (-0,1 %).
En France métropolitaine, le nombre d’habitants augmente de 0,3 % en moyenne par an sur cette même période.
La décroissance de la population régionale résulte d’un déficit naturel qui se creuse. Avec 7 500 décès de plus que de naissances en 2022, il se rapproche de son niveau historique atteint en 2020 en raison de la Covid-19. Le solde migratoire apparent est, quant à lui, positif entre 2018 et 2020. En poursuivant cette tendance, il serait estimé à +2 800 habitants en 2022.
Le nombre de naissances atteint son plus bas niveau depuis 1946
Près de 24 900 enfants, dont la mère réside dans la région, sont nés en 2022, soit 530 de moins que l’année précédente (-2,1 %). Le nombre de naissances atteint un niveau historiquement bas. Après huit premiers mois proches de 2019, les naissances diminuent fortement en fin d’année.
Le contexte de crise sanitaire et de fortes incertitudes économiques a incité des couples à reporter leurs projets de parentalité.
En 2021, le rebond des naissances post-confinement observé au printemps n’avait cependant pas compensé la forte baisse du début de l’année, alors qu’il l’avait été au niveau national.
Avec une population en âge de procréer moins présente, le taux de natalité dans la région est l’un des plus faibles devant la Corse et la Nouvelle-Aquitaine.
En 2022, il atteint 8,9 pour 1 000 habitants (10,4 ‰ en 2015) contre 10,4 ‰ en France métropolitaine.
Le nombre d’enfants par femme continue de diminuer
Le nombre de naissances dépend à la fois du nombre de femmes en âge de procréer et de leur fécondité. Depuis plusieurs années, la population féminine âgée de 15 à 49 ans diminue chaque année (-0,8 % par an dans la région contre -0,2 % en France métropolitaine entre 2015 et 2022).
De plus, le nombre moyen d’enfants par femme baisse de façon continue depuis 2015. Il est passé de 1,90 à 1,73 dans la région. Les femmes les plus fécondes sont celles âgées de 25 à 34 ans. Elles ont en moyenne 1,16 enfant. Sept ans plus tôt, les femmes des mêmes âges en avaient 1,25. En revanche, le nombre d’enfants par femme reste stable pour celles âgées de plus de 35 ans.
En Bourgogne-Franche-Comté, les femmes ont en moyenne un peu plus de 30 ans lorsqu’elles donnent naissance à un enfant alors que les hommes sont âgés de 33 ans. Cet âge ne cesse d’augmenter pour les mères comme pour les pères depuis des dizaines d’années, mais l’écart entre les deux sexes reste stable : environ 3 ans. Le recul de l’âge à la maternité s’explique notamment par l’allongement de la durée des études et la progression du taux d’activité des femmes.
Les mariages en Bourgogne-Franche-Comté
En 2022, 8 900 mariages ont été célébrés, dont 300 entre personnes de même sexe, un niveau proche de 2017. Le nombre de mariages diminue depuis 2000 où il avoisinait 12 500. Après une année 2020 marquée par un recul historique (-34 % par rapport à 2019) en raison des contraintes sur l’organisation des noces pendant la pandémie, le nombre de mariages a rebondi en 2021 (+42 %) malgré la poursuite de certaines restrictions sanitaires. Les célébrations n’ont pas été interdites en 2021, contrairement au printemps 2020, mais certains couples ont reporté leur union en l’absence de visibilité sur l’évolution de la pandémie.
Un nombre de décès de plus en plus élevé
32 400 personnes sont décédées durant l’année 2022 en Bourgogne-Franche- Comté. C’est 2 200 de plus qu’en 2019. Au cours de l’année 2022, deux épidémies de grippe en avril et en fin d’année ainsi que trois périodes de canicule durant l’été ont entraîné des pics de mortalité maintenant les décès à un niveau élevé.
Désormais, un quart de la population régionale a 65 ans ou plus. Cette proportion augmente à un rythme plus soutenu depuis 2012 avec l’avancée en âge des générations nombreuses du baby-boom. De fait, la tendance à la hausse du nombre de décès devrait se poursuivre. Le vieillissement est plus marqué dans la région qu’en moyenne métropolitaine. En 2022, la part de personnes âgées de plus de 65 ans en Bourgogne-Franche-Comté est supérieure de 3,0 points à la France métropolitaine contre 2,2 points dix ans plus tôt. Cela induit un taux de mortalité plus élevé dans la région : 11,6 décès pour mille habitants en 2022, contre 9,9 ‰ en France métropolitaine.
Ainsi, la Bourgogne-Franche-Comté fait partie des régions où le taux de mortalité est le plus élevé, derrière la Nouvelle-Aquitaine, et très loin devant l’Île-de-France.
L’espérance de vie ne progresse plus
En 2022, l’espérance de vie à la naissance est de 85,0 ans pour les femmes en Bourgogne-Franche-Comté. Elle est de 78,8 ans pour les hommes, soit un écart de plus de 6 ans. De 2000 à 2022, les hommes et les femmes ont gagné en espérance de vie et ce quel que soit leur âge, 3,8 ans pour les hommes et 2,2 pour les femmes. Ces gains ont été importants au début des années 2000 liés aux progrès de la médecine. Cependant, des événements ponctuels cruciaux ont ralenti cette croissance. En 2003, la canicule, de courte durée mais très intense, avait déjà freiné sa progression. L’espérance de vie a fléchi en 2015, du fait d’un épisode grippal sévère et en 2020, à cause de la pandémie de la Covid-19. Elle est ensuite, systématiquement, repartie à la hausse une fois l’épisode conjoncturel passé. Cette reprise peut être due à l’effet « moisson ». Certaines personnes fragiles décèdent plus tôt en raison des conditions sanitaires ou climatiques exceptionnelles. Néanmoins, si l’espérance de vie est proche des niveaux de 2021, elle est encore légèrement inférieure à ceux de 2019.
Seul le Doubs a un solde naturel positif
En 2022, le Doubs est le seul département de la région à bénéficier d’un excédent naturel (+310). Cet excédent est deux fois moins important que l’année précédente, où les décès avaient fortement diminué. L’écart entre les naissances et les décès ne cesse de se réduire. Le Doubs est également le département le plus jeune de la région. Ainsi, la part des femmes en âge d’avoir des enfants dans la population féminine y est plus importante qu’en moyenne dans la région (respectivement 42 % contre 38 %). Par ailleurs, la population âgée de 65 ans ou plus ne représente que 21 % des habitants, soit la plus faible proportion de la région. Ainsi, le taux de natalité est le plus élevé de la région et le taux de mortalité le plus faible, même en deçà de la moyenne métropolitaine.
Le Doubs est un département relativement attractif, notamment pour les jeunes actifs du fait d’importantes opportunités professionnelles qu’offre le marché du travail en Suisse. À la fin des années 2010, le nombre d’arrivées y était supérieur à celui des départs. Si les tendances se confirment pour le début des années 2020, le département gagnerait 1 350 habitants en 2022. Ainsi, au 1er janvier 2023, le Doubs serait le seul département de la région à voir sa population augmenter, à un rythme identique à celui de la France métropolitaine (+0,3 %).
Dans le prolongement des tendances récentes, la population de la Côte-d’Or serait relativement stable au 1er janvier 2023. L’excédent migratoire compenserait le déficit naturel, amplifié par l’indicateur conjoncturel de fécondité le plus bas de la région avec 1,57 enfant par femme.
Entre 2022 et 2023, la population continuerait de diminuer dans tous les autres départements. La baisse serait proche de la moyenne régionale en Saône-et-Loire et dans le Jura (-0,2 %) mais serait supérieure dans les quatre autres départements. La Nièvre reste le département qui connaîtrait la baisse de population la plus prononcée. Elle cumule la plus faible part de femmes en âge de procréer de la région, et l’indice de vieillissement le plus élevé, avec plus de 166 personnes âgées de 65 ans ou plus pour 100 jeunes de moins de 20 ans (contre 111 dans la région).
- Source : Fabrice Loones, Marie-France Pialle (Insee)