Marine Fay vient de région parisienne où elle a fait des études d’arts appliqués en design mode et textile. Mais à l’issue de son diplôme, la jeune fille décide finalement de réaliser son rêve de petite fille : faire des chaussures. "J’avais ce besoin de pratiquer la matière et ne pas être uniquement dans la création" nous confie Marine.
Alors elle met à profit son prix de perfectionnement aux métiers d’art qui lui octroie une bourse d’un an pour aller chez un bottier apprendre le métier. Elle passe ensuite son diplôme en candidate libre et rejoint après les compagnons du devoir pendant deux ans pour parfaire sa formation.
Ressentant le besoin de quitter Paris, la jeune bottière emménage durant l’été 2023 à Besançon. "C’est un peu tombé par hasard mais la région est à la fois proche de la montagne et pas très éloignée de Paris" ce qui lui permet de trouver un atelier de résidence à Hop hop hop et en même temps de poursuivre les allers-retours parisiens pour dispenser ses cours de formation. Un partage des savoirs auquel la jeune femme attache beaucoup d’importance, elle qui tient à transmettre le métier traditionnel de bottier.
Un métier qui se féminise
La formatrice intervient ainsi dans un centre de formation d’une association composée de femmes qui ont repris les gestes du dernier bottier de Belleville à Paris. Depuis, elles ont développé des ateliers et proposent désormais des formations diplomates mais aussi de loisir.
Si autrefois les maîtres bottiers étaient des hommes, aujourd’hui la profession se féminise selon Marine qui reconnaît qu’il s’agit d’un métier "très beau mais difficile". Aujourd’hui dans les formations et chez les compagnons du devoir, il y a environ autant de femmes que d’hommes.
Fabriquer sa propre paire de sandales
À Besançon, la bottière est spécialisée dans le montage et finition et effectue beaucoup de sous-traitance. "Dans ma pratique en général on est sur du sur-mesure" ce qui signifie qu’elle passe généralement 35 heures de travail sur une paire de chaussures. Alors pour se diversifier, Marine Fay propose également depuis le début d’année des ateliers "bichonnage" à raison d’un samedi par mois. "L’idée est que les gens viennent avec leurs paires de chaussures et fassent leur entretien avec moi".
Elle prodigue alors ses conseils en matière de produits et de routine beauté afin de "préserver le plus longtemps possible les chaussures". Car mise à part l’usure de la semelle, pour la jeune femme, "des chaussures en cuir bien entretenues on peut les garder toute une vie". Les ateliers sont ouverts à tous et durent environ 1h15 (20€). Marine accueille jusqu’à cinq personne par session afin de permettre un bon accompagnement dans une ambiance ludique et participative.
Si les ateliers ont du succès, Marine Fay envisage de proposer également dès le printemps un format similaire qui permettra d’apprendre à créer une paire de sandales. "C’est encore un projet pour l’instant car cela nécessite un investissement pour acheter la matière" nous explique la bottière. Mais si le projet venait à aboutir, elle proposerait alors un workshop d’environ trois jours où elle apprendrait à chacun à créer une paire de sandale de A à Z "en fonction de ses goûts et en respectant une technique traditionnelle".
Faire revenir le métier dans le commerce de proximité.
Pour Marine, l’intérêt de ces ateliers est également de transmettre son savoir et de tenter de "faire revenir le métier de bottier dans le commerce de proximité". Surtout dans une région qu’elle qualifie de "désert de la chaussure" ou même "les cordonniers ne sont pas très répandus ici. Il n’y a pas de culture de la maroquinerie autour de la chaussure" a observé la bottière.
À terme, la jeune femme aimerait donc développer son activité où les gens viendraient lui commander une paire de chaussures. "Avant il y en avait partout" selon Marine qui explique cependant qu’aujourd’hui "les matières coutent très chers" et qu’ "on ne peut pas proposer un travail entièrement fait main pour 300 €". Dans les maisons de luxe, les prix avoisinent les 3.500 € la paire pour femme et 5.000/6.000 € celle pour homme.
Un budget qui est donc loin d’être accessible à tout le monde, même si la jeune femme tendrait plutôt vers "un prêt- à-porter fait main en faisant un compromis dans les techniques". Cela demanderait encore toutefois une enveloppe de minimum 1.500 € pour une paire de chaussures. Or, "c’est beaucoup plus compliqué de faire acheter aux gens des chaussures de qualité qu’un sac à main par exemple". Mais la jeune femme ne désespère pas, "on est plusieurs bottiers à se pencher sur la question pour essayer de regagner notre indépendance et ne plus dépendre de la sous-traitance" conclut Marine Fay.
Infos +
- Page Instagram
- Inscription aux ateliers par mail : atelier@marofay.com
- À Hop hop hop / Le petit Labo - 5 place Saint-Jacques, 25000 Besançon