Bornes rue Battant à Besançon : vers un compromis mairie-commerçants ?

Le compromis semble compliqué. D’un côté, plusieurs commerçants notent une perte sèche de leur chiffre d’affaires depuis l’installation en avril dernier des bornes dans le quartier Battant à Besançon et de l’autre, la maire qui ne semble pas vouloir déroger à ces dernières même si elle affirme rester ouverte à la discussion. On fait le point ce mois de juin 2024…

© Hélène Loget

Le constat est mitigé chez les commerçants de la rue de la Madeleine à Besançon. Toutefois, tous ont vu une chute brutale du nombre de voitures. S’ils ne sont pas contre la réduction des "go fast"* dans la rue, ils déplorent toutefois une trop nette rupture avec le reste de la ville. Quand certains s’arrêtaient juste quelques minutes en voiture pour aller faire une course, il n’est désormais plus possible d’envisager les choses de la sorte.

Alors, faut-il changer ses habitudes ? S’il y a du "pour" et du "contre", les habitants déplorent (tout comme les commerçants) l’accès à une seule borne…

Du côté des commerçants, ils espèrent un compromis. Les revendications diffèrent selon les enseignes : laisser les bornes baissées le jour et remontées la nuit, avoir plus de communication visuelle à l’entrée du quartier, avoir des terrasses…

* voitures roulant à toute vitesse

Quartier Battant avec les différentes bornes © Hélène Loget

Avoir accès à toutes les bornes

Parmi les commerçants, tout le monde semble s’accorder sur l’importance d’avoir un accès à toutes les bornes. A l’heure actuelle, un commerçant situé rue de la Madeleine ne peut entrer dans le quartier que par la borne située rue d’Arène. S’il effectue une livraison et qu’il vient de Thise où Chalezeule, il devra faire tout le tour de la ville et donc "boucher davantage la place Leclerc", nous précise-t-on. Et cela, afin d’accéder à la borne rue d’arène alors qu’il aurait pu entrer par celle située dès le haut de Battant…

Témoignages de quatre commerçants de la rue de la Madeleine à Besançon

T2M world Airsolft

Pour Yanick Beguelin, gérant de T2M world Airsolft, l’heure est grave. "J’ai perdu 45 % de mon chiffre d’affaires au mois de mai", nous précise-t-il en déplorant une "ghettoïsation" du quartier avec l’installation des six bornes. Il explique que "415 places" sont ainsi perdues dans l’enceinte du quartier, car elles se situent entre les bornes… Et ne sont donc plus accessibles. Le tout avec des "parkings trop éloignés" surtout avec le poids des articles qu’il vend.

Il rappelle également qu’une pétition avait été lancée et avait recueilli pas moins de 1.200 signatures et dénonce une contre-offensive de la mairie avec un sondage participatif qui "n’impliquait pas les gens du quartier".

Enfin, Yanick lance un appel et demande aux personnes intéressées de le contacter afin de créer un collectif avec un délégué par quartier.

Infos + : T2M world Airsolft, situé 26 rue de la Madeleine à Besançon. Ouvert du mardi au vendredi de 14h00 à 19h00 et le samedi de 10h00 à 18h00.

Boucherie TVB

© Hélène Loget

Installé depuis 10 ans rue de la Madeleine, le gérant travaille depuis 20 ans dans le milieu de la boucherie. Il nous confie avoir été "étonné" le lendemain de l’installation des premières bornes par le peu de visites qu’il a reçues. "C’était un dimanche ensoleillé, tout était en place pour que nous fassions une bonne journée. La rue était déserte… La borne était levée", nous précise-t-il en précisant avoir une perte de 20 à 30 % de son chiffre d’affaires.

Et d’ajouter : "On nous a mis des bornes à cause qui bruit, de la sécurité… Mais ce sont des problèmes que la police doit régler et il ne fallait pas mettre sous cloche tout un quartier".

Infos + : Boucherie TVB, 6 rue de la Madeleine à Besançon. Ouvert du mardi au jeudi de 8h00 à 19h00, le vendredi de 8h00 à 13h45 et de 15h00 à 19h00, le samedi de 8h00 à 19h00 et le dimanche de 8h00 à 13h00.

Bar Le Bodega

© Hélène Loget

Le bar est un commerce particulier. Il ne s’agit pas de s’arrêter en quelques minutes pour aller chercher un morceau de viande ou un colis. On vient pour y passer un moment. Peut-il être impacté ? "J’ai vu une sérieuse baisse de la fréquentation en dehors des soirées à thème", note Miloud Hakkar, le gérant de l’établissement qui s’explique "avant, on faisait des tours de manège pour trouver une place. Maintenant, les gens sont un peu perdus, ils ne savent plus trop où se garer. Nous avions proposé d’installer des ralentisseurs", rappelle-t-il.

Il explique toutefois : "espérer la mise en place d’une terrasse" et en avoir fait "la demande à la mairie".

Infos + : Bar Le Bodega, 13 rue de la Madeleine à Besançon

Les Zinzins du vin

© Hélène Loget

"On nous a imposé quelque chose sans contrepartie", explique Vincent Guiseppi, gérant des Zinzins du vin qui attend une "communication visuelle à l’entrée du quartier" pour inciter les clients à "traverser le pont".

Infos + : Les Zinzins du vin, 14 rue de la Madeleine à Besançon. Ouvert mercredi de 11h00 à 19h00, jeudi de 11h00 à 22h00, vendredi de 11h00 à 22h00 et le samedi de 11h00 à 21h30.

Réponse d'Anne Vignot, la maire de Besançon

Concernant l’idée d’un compromis sur le fait de fermer les bornes le jour, Anne Vignot se veut intransigeante : "La mise en danger par les véhicules qui roulent à 90 km/h est la même le jour comme la nuit. Donc, non, il n’est pas question d’envisager ce genre de chose" (NDLR : abaissement des bornes le jour).

La maire souhaite toutefois travailler sur la "transformation de l’animation commerciale" du quartier : "c’est un quartier qui est beau, qui doit se révéler aux touristes et jusqu’à présent, ce n’était même pas la peine, vous risquiez en permanence de vous faire renverser".

Pour ce qui est de l’accès à une seule borne, Anne Vignot répond : "Ce sont des choses qui doivent être analysées. Si c’est pour revenir au même résultat qu’avant, ce n’est pas la peine (…) il n’y a aucune raison que la répartition qui a été faite rive gauche ne puisse pas se mettre en place rive droite".

Et d’ajouter : "Si les commerçants ont des bonnes raisons et viennent nous demander un certain nombre d’améliorations, nous regarderons, car nous ne restons jamais fermés à la discussion (…) Un commerçant de la rue Battant, n’a pas intérêt à vivre comme un drive, mais à vivre pour un quartier".

Quitter la version mobile