Après deux ans de hausse quasi continue, l'inflation a commencé à montrer des signes d'apaisement au printemps dernier et ce mouvement devrait se poursuivre jusqu'en fin d'année malgré un sursaut cet été en raison des prix de l'énergie.
"Le renchérissement du pétrole ne remet a priori pas en cause le mouvement de reflux de l'inflation engagé depuis plusieurs mois dans la plupart des pays occidentaux", a souligné, mi-octobre 2023, l'Institut national de la statistique dans sa dernière note de conjoncture. Il pointe notamment le repli amorcé dans l'alimentation ou les produits manufacturés.
Les prix du pétrole sont remontés au cours de l'été, mais font depuis plusieurs semaines preuve d'une grande volatilité, fluctuant à la hausse ou à la baisse au gré des inquiétudes sur l'offre, l'Arabie saoudite et la Russie ayant décidé de réduire leur production, et des craintes sur la demande, dans un contexte de taux d'intérêt élevés et de commerce mondial à la peine.
S'y ajoutent de vives tensions géopolitiques. Les investisseurs surveillent ainsi de près le risque d'escalade au Moyen-Orient, après l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien suivie du pilonnage de la bande de Gaza mené en représailles par Israël, un conflit qui a déjà fait des milliers de morts.
"A ce stade (...), il n'y a pas de nouvelle flambée" des prix du pétrole, a indiqué Julien Pouget, chef du département de la conjoncture. "On n'est pas à ce stade dans une situation analogue à la guerre du Kippour qui avait provoqué le premier choc pétrolier il y a 50 ans, mais néanmoins c'est un sujet de vigilance pour nos économies", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.
Mardi 10 octobre, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, avait estimé qu'il n'y avait "pas de raison" de modifier la prévision d'inflation de la Banque centrale européenne de ramener l'inflation vers 2% en 2025.
Le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, a toutefois prévenu jeudi 12 octobre que le risque économique majeur était désormais "géopolitique" et qu'une extension du conflit entre le Hamas et Israël aurait des conséquences "lourdes" sur la croissance et les prix de l'énergie dans le monde.
Rebond de la consommation
Concernant les prix de l'énergie, alimentés aussi par la hausse des tarifs réglementés de l'électricité, l'Insee prévoit une accélération à 9,9% sur un an en décembre (6,4% en moyenne annuelle), contre 4,4% pour l'inflation dans son ensemble.
Ce renchérissement serait contrebalancé par un ralentissement de la hausse des prix des produits alimentaires, qui étaient devenus ces derniers mois le principal moteur de l'inflation. Leur hausse atteindrait 6,9% en décembre (11,8% en moyenne annuelle), après un pic à presque 16% sur un an en mars.
Pour l'ensemble de l'année 2023, l'Institut national de la Statistique a maintenu sa prévision d'une décrue de l'inflation à 5% en moyenne annuelle (contre 5,2% en 2022).
Cet assagissement sur le front des prix, combiné à une hausse du pouvoir d'achat à la faveur de hausses salariales, permettrait à la consommation des ménages de rebondir aux troisième (+0,4%) et quatrième (+0,2%) trimestres, même si le taux s'épargne demeurerait élevé. De quoi soutenir la croissance, avec une légère hausse de 0,1% du produit intérieur brut (PIB) attendue au troisième trimestre, après un deuxième trimestre marqué par un rebond surprise (+0,5%) du fait d'exportations dynamiques. Le PIB croîtrait ensuite de 0,2% au quatrième trimestre.
”Le gaz est revenu à son prix d’avant crise en Ukraine et l’alimentaire va baisser”, affirme Jean-Luc Mesure, directeur général de la Banque de France à Besançon, ”mais attention, les effets seront différents dans les entreprises et chez les particuliers. Pour autant, il ne faut pas s’attendre à une baisse des prix, la baguette de pain ne pas redescendre pas à 1€, les salaires vont augmenter, mais un peu moins vite, les gens devraient gagner en pouvoir d’achat l’année prochaine".
Selon l'Insee, les taux d'intérêt élevés décidés par la BCE pour refroidir l'inflation devraient toutefois peser sur l'activité au second semestre, pénalisant les investissements des ménages (dans la construction notamment) et des entreprises. Il dévoilera le 31 octobre le taux de croissance effectivement atteint au troisième trimestre.
Sur l'ensemble de l'année, il table sur une croissance de 0,9% du PIB, contre 1% pour le gouvernement et après 2,5% en 2022. Dans ce contexte de ralentissement économique, le taux de chômage devrait remonter légèrement à 7,3% en fin d'année. Le ministère de l'Economie et des Finances a jugé ces prévisions "rassurantes" pour l'économie française.
(Avec AFP)